Marillion n'est plus vraiment un groupe de progressif, mais alors plus du tout. Le virage pop n'est pas nouveau en soit puisqu'il a été amorçé depuis Afraid Of Sunlight (1995), voire Season's End (1989) pour les puristes. Simplement, le groupe nous pond là une oeuvre cohérente et aboutie. Fini les errances entre les longues pièces progressives et les titres popisants. Marillion sait maintenant où il va et n'a plus le cul entre 2 chaises.

Musicalement, le groupe prouve qu'il est encore capable d'innover, après 18 ans de carrière discographique déja bien remplie (12 albums). En ce sens, Anoraknophobia rappelle l'album Radiation (l'un des albums les plus contestés du groupe) pour la démarche; Marillion s'aventurant là où on ne l'attendait pas forcément. La guitare de Steve Rothery est saturée quasiment tout au long de l'album, il ne la fait plus pleurer de la même façon c'est-à-dire avec les fameux arpèges si caractéristique du groupe.
Le style peut sembler bêtement "brit-pop" au départ, mais chaque écoute est enrichissante et on se rend compte à quel point cette évolution est bénéfique pour Marillion, surtout après 2 albums (Marillion.com et Radiation) en demi-teinte. Les morçeaux atteignent souvent les 9 minutes afin de faire durer ce bain de jouvence un maximum pour l'auditeur. Nul besoin de changements de rythmes incessants pour rendre une chanson intéressante, ce qui est quasiment un exploit pour un groupe toujours considéré par certains comme un clône de Genesis.

Les mélodies sont magnifiques, la maturité du groupe impressionnante; chaque musicien contribue à magnifier cette oeuvre sur chaque note interprétée. Des plages comme Quartz, When I meet God et This is the 21st century sont d'une beauté incroyable, des pures joyaux de "pop sophistiquée".
Et au diable les détracteurs de l'album qui ne voit là que du "Radiohead alternatif", ils ne savent pas ce qu'ils ratent !