Moins d'un an après la sortie du tonitruant "Hurricane Eyes", LOUDNESS est déjà de retour avec ce généreux EP de six titres. Mais attention, uniquement pour le marché japonais. Et oui, estimant avoir trop favorisé les terres occidentales au détriment de son public de base, LOUDNESS décide de faire plaisir à ses fans insulaires en leur offrant sur un plateau six titres, qui bien que ne révolutionnant absolument rien n'en restent pas moins de qualité. Alors que cet EP ne constituait sans doute à la base qu'une sortie mineure pour le groupe (étant donné qu'à l'époque ils espéraient toujours continuer de percer à l'international), il marque finalement un moment essentiel de l'histoire de LOUDNESS : il s'agit du dernier enregistrement avec son chanteur Minoru Niihara avant bien longtemps.

Pour ce qui est du contenu, on ne change pas une recette qui gagne. "Jealousy" s'inscrit donc dans la continuité directe de "Hurricane Eyes" et propose peu ou prou la même musique. À croire qu'il s'agit de chutes de studio de ce dernier. Tout au plus, on pourra lui trouver une direction légèrement plus mélodique du fait de son agencement, mais avec un clavier un peu plus en retrait (c'est Masanori Sasaji qui retrouve ici la place qui était la sienne sur "Lightning Strikes"). La production est également un peu moins monstrueuse, les moyens d'enregistrements étant plus faibles vu que l'album était destiné à un marché plus restreint. Les morceaux sont d'ailleurs en majorité chantés en japonais, même si assez souvent des lignes de chant en anglais viennent s'y mêler (pratique ultra répandue chez les groupes japonais). Seuls "Dreamer And Screamer" et "Heavier Than Hell" semblent entièrement chantés dans la langue de Shakespeare.
L'EP est scindé en deux parties distinctes : une première face constituée de titres légers et mélodiques, qui auraient largement pu trouver leur place sur les radios américaines de l'époque (notamment la tentative de hit avec "Long Distance Love") s'ils avaient été chantés en anglais, et une seconde face où LOUDNESS laisse libre court à sa facette Heavy et agressive.

Dans le rayon ultra costaud, place au vindicatif "Die Of Hunger" ; une preuve de plus que les Japonais ne sont pas prêt de baisser les armes. Sans s'imposer comme un classique du groupe, il témoigne du pouvoir de destruction intact dont savait faire preuve LOUDNESS à cette époque. "Dreamer And Screamer", se fait plus nuancé (logique vu son intitulé), tout en restant dans cette même lignée très punchy. Si l'on veut encore sa bonne grosse dose de Heavy virtuose et ravageur on est servi ! "Heavier Than Hell" laisse place, malgré son titre, à un groove Hard Rock ostensible et un refrain fun (mais pas des plus engageants !).

Mais l'album commence donc de façon plus légère, avec le ravissant title track, du bon Heavy mélodique un peu Glam, au refrain chantant. À noter que les chœurs ont une certaine ampleur, on pourra d'ailleurs y remarquer la présence de Paul Raymond d'UFO. Dans le même style, "Long Distance Love" est quant à lui incontestablement un des meilleurs moments du disque. J'ignore si le single qui en a été tiré a fonctionné ou pas, mais il y avait du potentiel pour cela c'est certain, un peu comme "Let It Go" deux ans plus tôt. La ballade "Good Things Going" ne convaincra pas autant, la faute à un aspect soupesque voire lénifiant avec ses « la la lala » finaux.

LOUDNESS fait donc un peu du surplace avec ce "Jealousy", peu importe, sa qualité est suffisante pour le rendre indispensable à tout fan du groupe. Les zicos de LOUDNESS sont donc fidèles à eux-mêmes. Niihara notamment, toujours aussi rocailleux quand il se la joue méchant, plus doux aussi parfois même si sa voix ne lui permet jamais d'être un modèle de chant sexy. En tout cas, si quand l'on pense à LOUDNESS on pense d'abord à son incroyable guitariste, Niihara n'était pas en reste dans ce qui a fait le succès du groupe. Dans un pays où nombre de chanteurs semblent interchangeables – c'est parfois un défi de distinguer le timbre d'un chanteur de Heavy jap' d'un autre – Niihara avait su se distinguer et s'imposer. Sa récompense pour tous ses bons services rendus ? La porte !