Terminer sa carrière sur un machin aussi bancal que "Predator", ce n'était pas possible! Wolfie se reconvertissant en photographe portraitiste professionnel? Nan mais faut pas déconner! L'histoire d'ACCEPT ne pouvait pas s’achever ainsi, et à une époque où le Heavy teuton semble avoir pris du plomb dans l’aile quoi de mieux qu'un retour des leaders des 80's pour refaire couler le sang ?

Cette reformation ne pouvait donc pas tomber à un meilleur moment. Chauffés à blanc, les maîtres de la métallurgie allemande sont bien décidés à rappeler ce que doit être le bon Heavy Metal. On recrute au passage un chanteur de la même génération qui s’était contenté de brailler dans un groupe de seconde zone durant les mighty 80’s, et dans la foulée on produit un clip d’excellente facture pour un morceau conquérant ("Teutonic Terror") faisant taire tout débat quant à l’opportunité de cette reformation. La messe est dite, ça va saigner : ACCEPT est de retour et ce n’est pas pour rigoler.

"Beat The Bastards" ouvre les hostilités et met tout le monde d’accord. Le title track "Blood Of The Nations" propose non seulement un riff catchy mais aussi et surtout un refrain en béton armé avec des chœurs que seuls Wolf et Baltes sont capables de produire : de quoi mettre à genoux toute la scène metal allemande, condamnée à approcher les maîtres sans jamais les égaler.

Oui mais voilà, l’album est long, trop long, et l’intérêt s’étiole plus on avance dans le disque. Ça cartonne au début, puis ça s’affaiblit petit à petit. On se demande comment des titres aussi pète-couille et auto-caricaturaux que "Pandemic" ou "No Shelter" puissent encore squatter la set-list live du groupe.
Oui mais voilà, avec les années le son s’est aseptisé, Wolf a opté pour des micros EMG comme tout le monde, et Sneap aux manettes fait du Sneap : à quand un retour de Dieter Dierks ?
Oui mais voilà, en voulant à tout prix montrer qu’ils sont des maîtres du Heavy, les gars d’ACCEPT en oublient tout leur héritage Rock’n’Roll qui n’était pas pour rien dans la qualité de leurs chefs d’œuvre d’antan. Mais c’est bien connu, la jeune génération veut du Heavy surcompressé avec rien qui ne dépasse, le Hard Rock ? C’est pour les vieux ! Corollaire de cet état de fait : Tornillo semble presque tout le temps à fond, limite à forcer sa voix, et l’on regrette les passages bluesy qui fleurissaient régulièrement à l’époque d’Udo.

"Blood Of The Nations" n’en constitue pas moins un bon retour très convainquant, mais ses titres plus faibles, sa longueur, son manque évident de variété (malgré la présence d’une faible ballade et de l’alternance entre les tempos) font qu’il squatte le bas de ma pile d’albums d’ACCEPT, au-dessus des misérables "Predator" et "Death Row", mais en dessous de tout le reste.