En 1994, la situation du Thrash n’était pas très enviable. Dépassé en termes de brutalité par le Death, devant faire le dos rond face à l’un de ses dérivés qui prenait de plus en plus d’espace, le Groove Metal, mené par un certain PANTERA, ayant vu une bonne partie de ses groupes-phares se tourner vers le Heavy Metal avec la déferlante "Black Album", il ne restait plus grand monde de vaillant pour perpétuer la tradition aux USA. Mais au loin, un mec brandissait un majeur vers tous ceux qui se sont détournés du droit chemin. Kerry King is back et il compte bien faire du bruit.

Cependant, pour SLAYER, la situation n’est pas rose non plus. Dave Lombardo a claqué la porte et le line-up fissuré tente de colmater les brèches avec l’arrivée de Paul Bostaph, un transfuge de FORBIDDEN. Et ce dernier va faire un bon travail, parce qu’il ne cherchera pas à imiter le jeu particulier de Lombardo, considéré par beaucoup comme étant la référence des cogneurs de Thrash. Mais là où le bât blesse, c’est que niveau compositions, SLAYER va marquer le pas.

Après avoir dominé les années 80 de leur aura noire, les musiciens paraissent aujourd’hui fatigués et les héros de hier sont devenus un simple groupe qui fait ce qu’il sait faire. Servi par une production pour le moins chaotique, "Divine Intervention" ne décolle pas comme il le mériterait, malgré les idées, malgré un savoir-faire et malgré une volonté de tout écraser sur son passage. "Dittohead", suivi par le title track, représente le moment le plus fort du disque, quand l’esprit le plus Punk du groupe se frotte à son aspect le plus Heavy. "Serenity In Murder" est l’autre très bonne surprise de ce disque.

Le reste n’est pas forcément mauvais. Mais il faut bien se rendre compte d’une chose : SLAYER a tué le game dans les années 80 tant il l’a représenté, voire sur-représenté, chaque album apportant quelque chose de neuf et de fort (oui, même "Reign In Blood" que je n’apprécie que très modérément). Et l’âge d’or est derrière lui. Ce n’est pas injuste, c’est comme ça. Et pendant que Dave Lombardo se retrouvait une nouvelle jeunesse avec le Thrash éclairé de GRIP INC, SLAYER, lui, devait se succéder à lui-même et quatre ans après "Seasons In The Abyss", la tâche s’avère très ardue.

"Divine Intervention" n’est pas un mauvais disque. Il est bon. Pas trop non plus d’ailleurs. Il allait de toute façon connaître un accueil très tiédasse, l’absence de Dave Lombardo, le « mec cool » du groupe n’allait pas être pardonnée aussi facilement. Paul Bostaph avait vraiment les épaules solides pour supporter pareille pression. Bravo à lui, son travail au sein de SLAYER ne déméritait pas, loin de là.