Nous sommes en 1998 et je suis dégoûté. Oui, dégoûté de tout le tapage médiatique attribué au caca de Max, à son « envol de l’esprit » (aussi crédible et spirituel que moi qui serait expert en cantonnais). Pour SEPULTURA, c’est la glace sans le feu qui les attend. Cette formation devient le jouet du sadisme de tous ces apôtres du vide. Livrés à eux mêmes, ils entament progressivement la destruction d’un mythe. Mais l’heure n’est pas à la révolte, oh non, on ferme sa gueule et on encaisse les coups de surins. Et il va y en avoir une tripotée de coups vicieux, derrière le dos, comme seuls les traîtres et les lâches savent le faire.

"Against" est laminé, explosé, détruit, pulvérisé… et encore anéanti par la horde de fans déçus. Ben alors, ils sont déçus ? Et bien c’est tant mieux. Car un « Roots, chapitre 2 » non Merci ! Après avoir commis de grosses flatulences dans la jungle, gazer toute la faune et la flore amazonienne, le porc s’en va grogner dans d’autres régions plus fertiles et propices à son gazage nauséabond. Tant mieux.

Maintenant il faut réagir. Mais SEPULTURA s’en tire vraiment bien sur ce coup là. On oubliera au passage, le single en plastique « Choke » transparent dans toute sa splendeur, parce que justement ce n’est pas un single, mais s’est vendu « comme » un single. En fait l’intérêt de « Against » est autre. Il se manifeste par des compositions souvent habiles et quelque peu raccourcies pour une efficacité brute et un style plus compact. « Common Bonds », « Rumors » ou le puissant « Old Earth » sont des exemples dans ce procédé aux facettes multiples, remuant ciel et (surtout) terre. Un titre tel que « Boycott », calme direct : c’est net et sans bavure. Les six cordes d’Andreas Kisser, voguent vers une inspiration plus organique, entendez par là : réduite à plus simple expression, ou toute démonstration est bannie. Le ton plus agressif de son répertoire, engendre ainsi d’autres nuances sur la palette de cet artiste véritablement maudit par le sort. Mais la patience à ses limites, et un doux parfum de révolte se dégage de ce pur concentré de violence charnelle et charnue. De cet « Against » sans compromis, portant les stigmates (encore tous jeunes) de la revanche. Un nouveau visage apparaît, celui de Derrick Green, marchant à tâtons dans l’obscurité des mensonges scandés à la « plèbe », trouvant ainsi dans cette hostilité, ses propres repères. Un peu de patience, le temps de sa future gloire viendra… Un jour, un jour…