La gifle ! Les autres groupes thrashent, KREATOR tue ! "Violent Revolution" était déjà bandant, mais KREATOR a franchi un nouveau palier : il exécute ses fans en direct avec une précision chirurgicale en s’assurant de maintenir une attention de tous les instants ! "Enemy Of God" est LE monument du Thrash mélodique, celui dont tous les prophètes et défenseurs de la foi Thrash ont rêvé depuis l’avènement du Big 4.

KREATOR EST le Thrash. Par chacun de ses pores et jusqu’à la dernière rafale de grosse caisse. Sami Yli-Sirniö maltraite son vibrato et sa wah, Mille et Speesy bourrinent leurs cordes avec frénésie et Ventor vous donne une idée assez précise de comment forger l’acier sur enclume au fin fond de la Ruhr.

Et la production… Andy Sneap a sublimé le potentiel dévastateur de la musique de nos Allemands, que ce soit les ambiances malsaines de "World Anarchy" ou encore la gestion des changements au sein des vertigineux "Dying Race Apocalypse" (aux harmonies somptueuses) ou "Dystopia". Il a conservé cependant (et c’est un peu sa marque de fabrique) la puissance en toutes circonstances. En conséquent, "Enemy Of God" vous laissera sur les rotules mais vous l’aurez écouté jusqu’à la dernière note tant la gestion de chaque temps fort a été optimisée.

Nous tenons là l’album Thrash dans tout ce qu’il peut avoir d’ultime : des riffs démonte-nuque à profusion, des breakdowns bien gérés sur lesquels Mille Petrozza parvient à contenir son agressivité (il chante, plutôt bien même, sur quelques titres - "World Anarchy" - où il amène une bouffée d’air frais), rompant une ligne de chant qui pourrait dans le style s’avérer tout à fait monotone, et aligne des hymnes à la pelle, vous trépanant le crâne ("World Anarchy", "Impossible Brutality"). Non vraiment je ne vois pas ce qui me dissuaderait de placer "Enemy Of God" au firmament du Thrash, devant le référentiel "Coma Of Souls" de 1990.