En signant chez Nuclear Blast, NIGHTWISH avait réalisé un très joli coup, peut-être aussi important que le recrutement de Marco pour l’opus précédent. En quittant Spinefarm pour la grosse écurie allemande, le groupe s’assurait plus de moyens, une diffusion plus large et une exposition comme jamais il n’en a eu. Et pourtant, le premier contact avec ce nouvel album via le single "Nemo" n’a rien de bien encourageant. Certes, il y a les orchestrations, assurées par le London Studio Orchestra, mais la base du morceau est tellement inoffensive que c’en est abrutissant. Heureusement pour ce titre, il passe bien mieux dans le cours de l’album et n’est pas franchement représentatif de "Once".

"Once" marque un mieux par rapport à "Century Child". Les meilleurs morceaux sont très bien construits, l’apport de l’orchestre symphonique est bien plus impressionnant ici, mais cela n’empêche en rien "Once" d’être un album en dents de scie, qui va alterner le meilleur et des choses étrangement plates malgré la guitare Heavy d’Emppu. Avec NIGHTWISH, nous ne sommes pas à un paradoxe près, malheureusement. En revanche, la candeur qui rendait "Wishmaster" si particulier a définitivement disparu et la formation finlandaise est devenue une véritable machine de guerre, très calibrée, s’éloignant également de la fougue d’un "Oceanborn".

Le disque se veut plutôt varié, alternant les ambiances et les styles, Marco est toujours très utilisé et c’est tant mieux, il apporte un contraste intéressant au chant de Tarja, qui se veut de plus en plus posé, poursuivant ainsi le virage pris sur "Century Child". C’est ainsi que l’on se retrouve avec un titre comme "Wish I Had An Angel", histoire rigolote d’un type bourré qui croit voir un ange, sur fond Indus à la RAMMSTEIN, mais joué de façon plus organique. Marco, sur les refrains, en impose tandis que Tarja assure les couplets de bien jolie façon. D’ailleurs, la belle reprend toujours ce morceau sur scène aujourd’hui en solo.

Ceux qui cherchent du NIGHTWISH plus traditionnel se rassureront avec "Dark Chest Of Wonders", ouverture pertinente et gentiment bling bling et avec "Planet Hell", qui est le titre Heavy Symphonique à ne pas rater, tout en puissance et subtilité. "The Siren" et son ambiance orientale est également un des morceaux-phares de cet album, bien nuancé. Il va également marquer la frontière avec une seconde partie de cet opus plus délicat à appréhender. En effet, "Dead Gardens" et "Romanticide" sont très puissantes, lourdes, agressives, mais elles ne dégagent absolument rien. Le groupe essaye vaguement de reprendre la formule de "Slaying The Dreamer" qui était l’un des moments forts de "Century Child", mais l’effet de surprise s’est envolé depuis longtemps et la démonstration est plutôt stérile.

Côté longs morceaux, deux écoles s’affrontent et si c’est bien souvent "Ghost Love Score" qui remporte les suffrages, j’avoue avoir une nette préférence pour "Creek's Mary Blood", pour sa profondeur émotionnelle quand "Ghost Love Score" ne me touche absolument pas. "Creek’s Mary Blood" évoque le génocide amérindien et pour cela, le groupe fait appel à John Two Hawks pour donner au titre une intensité forte, enivrant alors qu’il monte en puissance, là où "Ghost Love Score" est une démonstration, à l’émotion artificielle, gonflée par un orchestre qui pour le coup devient presque envahissant. Et là, pour le coup, je préfère m’écouter du THERION de la même époque, plus intense et épique.

Quant aux deux ballades finales, là encore je reste dubitatif. C’est mignon tout plein, mais cela manque toutefois d’un peu de consistance. Certes, il y a un morceau interprété en finnois, ça fait couleur locale. Ok, "Higher Than Hope" a un final plutôt intéressant, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’ils sont soit en trop, soit mal placés sur l’album. Soit que je décroche complètement à partir de "Dead Gardens", ne conservant en tête que les six premiers morceaux, ce qui est quand même dommage pour un disque qui en contient onze. Bref, j’ai le même sentiment en écoutant "Once" que pour "Century Child" : le disque échoue dans sa cohérence. Notez que j’utilise volontairement la première personne du singulier pour bien préciser que c’est mon avis, très tranché sur la question et en aucun cas une pensée commune autour de cet album, souvent très apprécié.

"Once" aurait mérité mieux. La première partie est superbe, gâchée par une seconde entre le prout prout et le prétentieux. C’est dommage. Il n’empêche que sur scène, les morceaux ont un excellent rendu et que NIGHTWISH reste une machine bien huilée. Mais pour le dernier opus avec Tarja (même si on ne le savait pas encore), on pouvait espérer bien mieux.


Note réelle : 2,5/5.