Que se passe-t-il lorsque des musiciens se sentent trop à l’étroit au sein de leur propre formation et désirent expérimenter des sonorités qui ne siéent pas au groupe d’origine? Ils créent de nouvelles entités pour laisse un plus libre cours à leur imagination. Mais quand le contenu du flacon étiqueté inspiration commence à s’évaporer, ces projets parallèles se mettent parfois à marcher sur les plates-bandes du combo initial. Voilà exactement ce qu’il s’est passé avec INFECTIOUS GROOVES, né du besoin de Mike Muir et de Robert Trujillo de s’essayer à des rythmiques funk. Si les deux premiers essais possédaient leur identité propre et regorgeaient d’un humour décadent, Groove Family Cyco, sorti très peu de temps avant Suicidal For Life est plus rentre-dedans, pêchu et direct. Perdant quelque peu de son charme d’antan, INFECTIOUS GROOVES se met à damner le pion à son glorieux aîné qui prend, conséquence directe, un sérieux coup de vieux.

Avec dans les mains le brelan d’as How Will I Laugh Tomorrow…, Lights, Camera, Revolution, The Art Of Rebellion, les impatients s’attendaient à voir Cyco Miko et sa troupe piocher une nouvelle carte maître. Déception, un simple valet un peu écorné sera posé sur la table de jeu. Ce sixième véritable album (oublions l’inutile Still Cyco After All These Years) se contente de reprendre les ingrédients déjà utilisés sur les précédents opus, les idées en moins. Une partie de celles-ci ont déménagé dans la demeure voisine d’INFECTIOUS GROOVE, les autres se sont perdues dans les toilettes et la femme de chambre a malencontreusement tiré la chasse d’eau.

Mais à l’instar des plus puissantes locomotives du metal, la machine, même tombée en panne d’imagination, continue à rouler à une allure assez vive. SUICIDAL TENDENCIES se repose sur des lauriers suffisamment glorieux pour ne pas (encore) tomber dans une platitude irrécupérable. L’album, loin de posséder la classe de ses prédécesseurs, est solide. Cet adjectif n’est pas des plus élogieux mais résume bien Suicidal For Life, disque décevant venant de la part d’un combo aussi prestigieux mais encore loin de la nullité absolue des efforts d’autres formations dont je tairai le nom.

Mais enfin, cela n’est pas une raison suffisante pour se montrer laxiste. Il est dommage que des musiciens aussi talentueux aient ainsi mis leur créativité de côté et ne développent qu’une hargne un peu artificielle (à quoi bon multiplier les fuck dans les titres de morceaux). Un avertissement doit leur être donné pour avoir autant cédé à la facilité.

Cette erreur sera d’ailleurs fatale au groupe qui passera plusieurs années en mode hibernation au côté du petit frère INFECTIOUS GROOVES avant de se réveiller avec un mal de dos dont il n’a jamais pu se débarrasser.