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Rory GALLAGHER - Jinx (1982)
Par DARK BEAGLE le 2 Août 2022          Consultée 825 fois

Certains disques sont sujets à débats dans les cercles de fans. Il y a ceux qui les défendent, qui y trouvent leur bonheur et qui parviennent à produire des arguments valables et ceux qui se montrent plus circonspects envers ces mêmes albums et qui trouvent le moyen de répondre de façon avisée aux autres. Dans le cas de Rory Gallagher, "Jinx" provoque ce genre de discussions. Le guitariste pouvant donner des concerts en Irlande sans que chrétiens et protestants ne s’écharpent, le discours reste somme toute très courtois, mais voilà : cet opus séduit autant qu’il n’apporte pas toutes les satisfactions que l’on est en droit d’attendre de la part de l’artiste. Ça, quand on prend l’habitude de placer la barre à des hauteurs inconsidérées, on finit un jour par se prendre un retour de manivelle (et ici, ça reste modéré).

"Jinx" ne ressemble pas à ses deux prédécesseurs directs et ne semble pas rebondir sur la furia de "Stage Struck". La folie Hard Rock semble être passée chez Rory Gallagher qui ne s’en écarte pas tout à fait, mais qui revient à des choses plus variées. La pochette originale, ce fond bleu avec ces quelques photos de l’Irlandais accompagné de sa meilleure amie, sa guitare, n’est pas terrible. Celle des remasters et éditions CD ne sont pas des plus convaincantes également. Mais pire, le tracklisting original n’est plus respecté sur certains pressages et cela ne donne pas du tout le même résultat d’écoute. Cela fait deux expériences différentes, mais j’aurais toujours un faible pour l’originale, celle du vinyle de 1982.

Le son est très propre, l’album a encore une fois été enregistré aux Dierks Studios, près de Cologne, mais cette fois-ci, l’expérience s’avéra plus pénible pour le guitariste, qui n'appréciait plus forcément de rester enfermé et d'enregistrer, face à de nouvelles technologies qui ne l'emballaient pas plus que cela et qu'il ne comprenait pas forcément puisque pour lui, l'intérêt de sa musique était d'être jouée live afin d'en extraire toute son essence. Ajoutez à cela que le disque mettra une bonne année à sortir après avoir été enregistré et vous comprendrez aisément que Gallagher décidera de quitter Chrysalis et de s’autoproduire par la suite, privilégiant clairement le live (après "Jinx", Rory ne publiera plus que deux albums studio, "Defenders" en 1987 et "Fresh Evidence" en 1990).

Il n’est pas étonnant que Gallagher ouvre les hostilités avec un morceau plutôt appuyé, très Hard Rock dans l’esprit. "Signals" nous permet de découvrir le jeu de Brendan O’Neill, le nouveau batteur, qui remplace un Ted McKenna parti rejoindre le MSG. Ce dernier a un jeu plus simple, très en adéquation avec son époque finalement, qui ne va pas chambouler grandement le style Gallagher, se montrant suffisamment présent pour former une section rythmique solide avec le fidèle Gerry McAvoy à la basse. Ici, ses patterns seront toutefois assez communs, il n’apposera pas sa patte comme ses prédécesseurs ont pu le faire avant lui. Cela n’empêche pas le duo de se montrer solide, ni à "Signals" de fleurer bon l’Irlande puisque la mélodie n’est pas sans rappeler ce que proposait Phil Lynott avec THIN LIZZY. Le titre n’est pas un bombardier, Gallagher y glisse de la finesse, ce qui ne l’empêche pas de placer des soli appuyés.

Aussi, très vite on se rend compte que Rory revient à un style plus proche de "Calling Card" que de celui de "Top Priority". Certains passages se verront même agrémentés de claviers point trop envahissants et qui balayent le terrain pour un retour de Lou Martin en tant que guest dès le disque suivant. La formule reste celle d’un power trio, mais Gallagher agrémente sa musique, place de l’harmonica par-ci, demande à des amis d’assurer des pistes de saxophone par là et par là, il cherche à lui donner de nouvelles couleurs, de retrouver plus de nuances que le noir – le Hard Rock – et le blanc – le Blues – des deux essais précédents. Il tourne la page et pour la première fois depuis un moment, le guitariste nous gratifie d’une reprise qu’il arrange à sa manière. Cette fois-ci, c’est le "Ride On Red, Ride On" de Louisiana Red qui est mise à l’honneur et la version de Gallagher est tout simplement enivrante ; on reconnaît parfaitement l’original, mais Rory y apporte une autre palette d’émotions, qui lui sont propres et qui fonctionnent parfaitement. Et quel harmonica entêtant !

Mais l’Irlandais est toujours prompt à dégainer des riffs qui décollent le papier peint des murs (grosse exagération pour dire qu’ils se veulent plus virulents). "Big Guns" ne fait pas dans la dentelle et n’est pas forcément le titre le plus intéressant de la galette même s’il se veut très efficace. "The Devil Made Me Do It" se veut plus épileptique et offre un contrepoids intéressant à "Signals" qui se voulait plus classique dans l’esprit. Mais c’est quand Rory revient à des standards de composition qu’il va se montrer absolument impérial. "Double Vision" est un Blues qui tire sur le Rock et flirte avec le Hard Rock et c’est également une des pépites de l’album, "Jinxed" est lent, langoureux et totalement désabusé, mais n’en demeure pas moins essentiel, "Easy Come, Easy Go", ballade bluesy par excellence, est incontournable et terminer par le plus chaloupé "Loose Talk" aux accents plus Soul n’est en rien déplaisant. Gallagher se fait encore une fois équilibriste et son disque tient très bien la route.

A dire vrai, les sorties de route sont quasiment inexistantes. Peut-être qu’au final "Bourbon" serait bien le seul titre anecdotique de l’album, dans un style que Rory n’aura que trop souvent exploré et que l’ensemble peut paraître un brin décousu après deux opus qui avaient une ligne directrice bien définie. Il n’en demeure pas moins qu’une fois encore le tout tient très bien la route et qu’il est très appréciable de retrouver un Gallagher qui joue plus sur l’émotion que sur l’efficacité brute, dans un style qui, au final, lui ressemble beaucoup plus et où ses sentiments s’épanouissent nettement mieux, même si "Photo Finish" et "Top Priority" restent de qualité et représentent une phase bien distincte dans la carrière de leur géniteur.

Si "Jinx" signifie plus ou moins « porter la poisse », il n’usurpe toutefois pas tout à fait son titre. La carrière de Gallagher va prendre une toute autre direction après cela et il se désintéressera presque totalement de la phase studio, préférant sillonner les routes sans s’arrêter, commençant sérieusement à ruiner sa santé à assurer plus de deux cents dates par an et en s’adonnant un peu plus à la boisson, puis plus tard des médicaments pour gérer son stress, provoquant des associations qui lui seront fatales. Mais de ce disque de 1982, il n’a pas à en rougir, même s’il a moins bien vendu, même si tout n’est pas parfait et même s’il convient de ne pas découvrir l’artiste par son biais. Il n’en demeure pas moins un bon cru dans une discographie qui va connaître un sérieux coup d’arrêt après lui.

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- Rory Gallagher (chant, guitare, harmonica)
- Garry Mcavoy (basse)
- Brendan O'neill (batterie)
- Bob Andrews (claviers - invité)
- Ray Beavis (saxophone - invité)
- Dick Parry (saxophone - invité)


1. Signals
2. The Devil Made Me Do It
3. Double Vision
4. Easy Come, Easy Go
5. Big Guns
6. Jinxed
7. Bourbon
8. Ride On Red, Ride On
9. Loose Talk



             



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