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1971 Rory Gallagher
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1974 Irish Tour
1975 Against The Grain
1976 Calling Cards
1978 Photo Finish
1979 Top Priority
1980 Stage Struck
1982 Jinx
1987 Defender
1990 Fresh Evidence
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- Style : Led Zeppelin, Gary Moore, Tyler Bryant & The Shakedown, Uncut, Jeff Beck
- Membre : Michael Schenker

Rory GALLAGHER - Top Priority (1979)
Par DARK BEAGLE le 13 Juillet 2022          Consultée 1016 fois

Slowhand et Rory Gallagher ont certainement été les deux guitaristes qui m’auront le plus fait aimer cet instrument, au point où j’ai voulu apprendre à en jouer, mais contrairement à eux, j’ai vite abandonné, mais je crois que je vous l’ai déjà raconté. Quand j’étais assez focus sur eux deux, la mode était aux Guitar Heroes, ces artisans du shred qui ne m’enthousiasmaient pas plus que ça. Encore aujourd’hui, je reste à une certaine distance de ces virtuoses, qui ne m’apportent pas ce que je cherche quand je veux de la guitare : une puissance évocatrice, des lignes mélodiques qui ne reposent pas que sur la vitesse et des soli, que je peux à peu près comprendre vu que je ne suis pas musicien. En un peu plus d’un mot : que je trouve une émotion à l’écoute ou en l’écoutant. "Top Priority" a mon âge. Et un peu comme moi, il ne les fait pas (je peux vous l’assurer !).

Nous retrouvons Gallagher et sa bande dans un rythme plus habituel, celui d’un album par an. L’Irlandais ne perd pas de temps cette fois-ci à écarter les titres avant qu’ils aillent à la presse et on sent qu’il a trouvé le temps de peaufiner la formule qu’il avait mis au point sur "Photo Finish". "Photo Finish", c’est le disque sale du bonhomme, celui qui crache dans tous les sens et qui ouvre les deux battants de la porte du Hard Rock. Toujours très influencé par le Blues, certes, mais bien plus vrombissant que par le passé. Mais à comparer les deux albums, il apparaît rapidement que l’essai de 1978 est un brouillon, une œuvre un peu mal dégrossie, qui n’a pas ce petit surcroit de subtilité pour se hisser dans le haut du panier de l’artiste malgré de très bons titres. Mais "Top Priority" corrige tout cela avec beaucoup de classe.

L’album doit son titre au fait que Rory a négocié avec Chrysalis, sa maison de disques, qu’il soit sa priorité. En contrepartie, le guitariste s’est engagé à donner rapidement un successeur à "Photo Finish" qui s’était vendu plutôt convenablement. Je ne sais pas si vous avez fait gaffe, mais ce n’est pas Hipgnosis qui se charge des pochettes du groupe. Elles sont très autocentrées sur Rory (qui en live veillait à ce que les musiciens qui l’accompagnaient soient considérés comme son égal), c’est son nom après tout sur la jaquette. Mais surtout, elles ont quasiment été toutes modifiées quand elles sont passées au format CD, perdant souvent de leur force évocatrice. Si on se penche sur l’actuelle, avec le fond gris et le titre dans un cadre doré, on n’a pas la même puissance que celle du vinyle original où le guitariste ressortait sur fond blanc avec un coup de tampon rouge indiquant "Top Priority". Cela fait plus dossier brûlant, à traiter absolument. Bref, une curiosité éditoriale un peu vaine de jugement.

Si "Photo Finish" proposait un contenu très live, plein d’aspérités qui laissaient des échardes aux oreilles, "Top Priority" tend quant à lui à un son plus clean, bien plus travaillé, avec différentes strates de guitare, ce qui contribue à lui conférer un son très Hard Rock, très dur sans être abrasif pour autant et à cette période, certainement pas radio friendly. Je vous le disais sur une autre chronique, Gallagher n’était pas du genre à se greffer aux différentes modes, il avançait plus à l’instinct et à l’envie, avec comme point de mire la perspective de partager sa musique avec le public sur scène. Aussi, le Disco, le Punk et l’AOR lui sont passés par-dessus la tête et il a continué à faire ce qu’il voulait. Dans ce cas précis, neuf nouvelles compositions originales pour 37 petites minutes sur la version d’origine, ce qui en fait l’un de ses albums les plus courts.

Après, l’Irlandais ne ménage pas sa peine et délivre un disque très bien troussé et probablement l’un des plus Hard Rock de sa carrière. A l’instar de l’opus précédent, le Blues est toujours présent, mais il se veut agressif et très électrique, on ne retrouve pas la touche mélancolique du Rory tel qu’on le connaissait jusqu’à "Calling Card". Et surtout, il va proposer des morceaux extrêmement bien troussés qui vont faire mouche systématiquement. Ce qui me fait penser que je ne vous ai pas fait le couplet habituel ! Non, Rory Gallagher n’a pas sorti de mauvais disques, aussi bien en solo, qu’avec TASTE ou même posthume, son frère Donal veillant à ce que la mémoire du guitariste soit respectée et que rien ne vienne ternir une discographie où les plus mauvais skeuds feraient pâlir d’envie environ 99% de la scène Rock. S’il n’était pas toujours grandiose, sa sincérité mêlée à une technique ébouriffante faisait qu’il n’avait pas à rougir de son œuvre.

"Top Priority" va aligner les bons titres à la vitesse de l’éclair. "Follow Me" est une ouverture plus qu’idéale tant elle concentre l’ADN de cet album dans les riffs qui la façonnent. On remarque tout de suite que Ted McKenna (que l’on retrouvera plus tard au sein de MSG) est moins chien fou que sur l’essai précédent, qu’il canalise mieux sa frappe, ce qui sert forcément les morceaux. Gerry McAvoy est toujours impérial derrière sa basse mais c’est bien sûr sur Rory que sont dirigées toutes les oreilles. Le bougre donne l’impression d’avoir fait des progrès au chant (là encore, souvent il a tendance à se laisser guider par son instinct) mais il reste intouchable sur son instrument. Ses soli sont toujours un plaisir à entendre, il donne beaucoup, il se laisse une petite marge pour improviser sur scène cas échéant et ça dérouille sec. Et ce n’est pas le titre le plus hargneux de l’ensemble, loin de là.

S’il se laisse à suivre ses passions pour les films noirs et les faits d’espionnage sur l’excellent "Philby" (au « refrain » absolument inutile mais qui vient faire le sel de ce titre), il va en revanche tarder à s’adonner pleinement au Blues. Il faudra attendre "Key Chain" pour que ça devienne le thème principal, mais ce n’est pas sa plus grande réussite dans le genre. A ce titre, "Off The Handle" lui vole totalement la vedette. C’est lourd, mais cela passe tout seul, on se laisse facilement charmer par cette rythmique chaloupée, ce riff un peu traînant, cette voix qui est à l’unisson… Nous retrouvons également l’Irlandais sur du Folk, qu’il triture tellement que cela en devient un Hard Rock racé, mais avec toujours des marqueurs bien dessinés, comme sur le très bon "Wayward Child" ou encore sur l’indispensable "Bad Penny" destiné à devenir un incontournable des concerts.

Mais là où Gallagher va se montrer le plus étonnant, c’est au travers d'une composition comme "Just Hit Town", où on le voit se frotter à un registre qui ne semble a priori pas être le sien. Pour tout dire, avec quelques arrangements différents (niveau batterie et chant principalement), ce morceau n’aurait franchement pas dépareillé sur "Stained Class" ou "Killing Machine" de JUDAS PRIEST. Ici, Rory sonne quasiment Heavy Metal, le titre est émaillé de petits soli rapides et sournois qui font mouche et l’urgence si présente sur "Photo Finish" fait là son grand retour. Pourtant, loin d’être déplacé, ce titre a parfaitement sa place dans l’ensemble, il s’y fond bien et s’il étonne dans un premier temps, difficile de ne pas se laisser prendre au jeu pour autant. Tout est dans la subtilité, dans l’art de l’incorporer au milieu du reste en toute innocence, en ayant même le culot de ne pas le mettre en ouverture de la face B du vinyle. Un moment de pur machiavélisme de la part de Gallagher qui sort des sentiers battus et qui brise son image pour mieux la brandir dès le morceau suivant, provoquant forcément une espèce d’électrochoc pour l’auditeur.

Bien entendu, nous pouvons reprocher à Rory de s’enfermer dans une espèce de bulle et de ne plus se renouveler ou tout simplement de ne plus proposer des morceaux plus variés. Qu'il ne cherche pas, en tout cas, à plus marquer les différences d'ambiance. Bien que j’adore cet album, c’est exactement ce que je lui reproche et qui lui fait rater le Graal de la cinquième étoile pour ce qui pourrait être considéré au final comme un point de détail. Mais en grattant un peu, on constate que l’artiste maîtrise vraiment bien son sujet et qu’il adapte son jeu à ce qu’il veut exprimer au travers de ces neuf chansons lesquelles se complètent pour offrir un album solide en cette fin de décennie, comme une réponse à VAN HALEN dont le premier album avait secoué la planète Hard Rock l’année précédente.

Bien entendu, je signe une nouvelle fois une chronique absolument subjective de Rory GALLAGHER, sans le moindre passage à l’objectivité la plus saine. Et vous savez quoi ? Je m’en contente très bien. Ce disque tourne depuis des années, il a survécu à plusieurs platines différentes, il a même survécu au format cassette quand le baladeur avait avalé la bande et que je n’ai pu la récupérer qu’en la coupant et la scotchant avec le plus grand soin… pour finalement la laisser reposer sur une étagère, étant passé peu de temps après au discman. Une autre époque. Et je l’ai même téléchargé pour l’avoir dans mon téléphone, au cas où… Bref, voilà la conclusion, débrouillez-vous avec cela.

Note réelle : 4,5/5.

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- Rory Gallagher (chant, guitare, sitar électrique, harmonica)
- Gerry Mcavoy (basse)
- Ted Mckenna (batterie)


1. Follow Me
2. Philby
3. Wayward Child
4. Key Chain
5. At The Depot
6. Bad Penny
7. Just Hit Town
8. Off The Handle
9. Public Enemy No. 1



             



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