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HARD ROCK  |  LIVE

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1971 Rory Gallagher
  Deuce
1973 Blueprint
  Tattoo
1974 Irish Tour
1975 Against The Grain
1976 Calling Cards
1978 Photo Finish
1979 Top Priority
1980 Stage Struck
1982 Jinx
1987 Defender
1990 Fresh Evidence
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- Style : Led Zeppelin, Gary Moore, Tyler Bryant & The Shakedown, Uncut, Jeff Beck
- Membre : Michael Schenker

Rory GALLAGHER - Irish Tour '74 (1974)
Par DARK BEAGLE le 27 Février 2021          Consultée 2140 fois

Début 1974 : Rory Gallagher et ses camarades tournent en Irlande. 1973 aura été une année faste avec pas moins de deux albums publiés, "Blueprint" et "Tattoo" et la réaction des fans est très bonne. Le jeune guitariste est sur une pente ascendante depuis le split de TASTE et rien ne semble pouvoir interrompre cette marche en avant, pas même les dissensions entre le Nord et le Sud. Gallagher avait déjà tourné à Belfast à l’époque de TASTE, sans le moindre accident, puisqu’il était flanqué de deux protestants. Le public oubliait alors ses conflits et se laissait prendre au jeu, où plutôt à celui du groupe, qui était tout simplement enivrant.

"Irish Tour ’74" vient rendre hommage à cette tournée, en piochant des extraits sur différentes soirées pour offrir quelque chose qui se tient, qui s’écoute d’une traite. Un double LP tout de même, pour près de quatre-vingt minutes de musique, mais pas que. Ce Live, c’est également une ambiance particulière, qui se répercute sur l’humeur de l’auditeur. On en reparlera plus tard. Il convient juste de se rendre compte d’une chose : derrière cette pochette relativement anonyme dans le genre se cache l’un des plus grands albums live de l’histoire du Rock.

Nous n’allons même pas parler d’apogée. Rory Gallagher n’était pas encore au sommet de son art à ce moment-là. Le jeune homme – vingt-six ans, une broutille ! – se donnait juste entièrement à son public. "Irish Tour ’74" n’est qu’un aperçu de ce dont est capable le groupe sur scène, le "Live In Europe" une simple mise en bouche. D’ailleurs le découpage du "Irish Tour" semble parfaitement logique : il évite soigneusement tout doublon avec son grand frère, il ne propose que des morceaux qui ne figurent pas sur son prédécesseur. Il suffit de se pencher sur l’édition des quarante ans pour avoir encore plus la bave aux lèvres.

« Hello ladies and gentlemen, Rory Gallagher! ». Après cette courte annonce, le show commence sur les chapeaux de roue avec un "Cradle Rock" jouissif à souhait. Le clavier de Lou Martin est bien présent, il donne la réplique sans la moindre anicroche à la guitare de Gallagher qui semble complètement habité par ce qui joue, ce qu’il chante. Derrière, la section rythmique est parfaitement en place. Elle n’en fait pas trop, mais elle remplit parfaitement l’espace sonore qui lui est alloué. Mais surtout, elle suit parfaitement le chef d’orchestre quand il part en improvisation, quand il joue différemment une partie.

Il y a de l’électricité dans l’air. Le public applaudit à tout rompre. Gallagher en profite pour présenter les musiciens qui l’entourent avant d’enchaîner sur une première reprise. Du Muddy WATERS, Rory étant un grand fan du bonhomme. Ce type de Blues lent gagne en intensité sur scène, sa sensualité explose jusqu’à devenir pleinement sexuelle. C’est chaud, c’est brûlant. Et c’est joué avec une simplicité déconcertante. Il y a cet ingrédient secret, qui ne quittera jamais l’artiste, ce feeling qui émane de lui, de son doigté, de son interprétation et qui le rend tout simplement brillant. Et le public ne s’y trompe pas, encore une fois.

Gallagher excelle dans tout ce qu’il approche. Il ne faut pas oublier que le gaillard a appris le saxo alto en un an, en jouant… dans un placard car il vivait dans un vieil immeuble où le bruit était prohibé. Dans le cadre de ce Live, on le sent particulièrement à l’aise dans tous les genres abordés. Le Hard Rock est de la partie, bien entendu. "Cradle Rock" aura été une mise en bouche fracassante, "Tattoo’d Lady" une sucrerie dont on ne se lasse pas, tandis que "Walk On Hot Coals" est une baffe littérale. Le guitariste y livre une prestation ébouriffante, peut-être bien la meilleure qu’il m’ait été donné d’entendre pour ce titre. Tout y est : le feeling, donc, peut-être bien l’essentiel pour un bon morceau de Rory, le toucher ensuite, fluide et précis et surtout, cette capacité à rebondir de solo en solo.

Gerry McAvoy, qui accompagnera sur les routes Gallagher pendant près de vingt ans, dira souvent qu’il suffisait que leurs regards se croisent pour que chacun sache où l’autre voulait aller, aussi ils ne perdaient jamais le fil et parvenaient à improviser sans problème. Lou Martin se montre également particulièrement complice au niveau de ses claviers, il suit les envolées de son patron sans sourciller et cela fonctionne tellement bien que même nous, auditeur lambda sans l’image, on se laisse prendre par l’œil de ce cyclone irlandais. Difficile de ne pas taper du pied ou de battre la mesure avec les doigts tellement c’est contagieux.

Mais revenons à nos moutons (irlandais). On a vu que Gallagher était très à l’aise avec son répertoire le plus Rock ; le Blues ne lui pose aucun problème également. Son amour pour le genre transpire à chaque fois qu’il en interprète un, qu’il soit rigolo ("Too Much Alcohol") ou comme cela a été mentionné plus tôt, plus langoureux ("I Wonder Who"). Sa ballade "A Million Miles Away" prend là aussi une nouvelle dimension, elle se veut toujours plus poignante, à mesure que le groupe l’égrène, que Rory nourrit son solo d’une émotion presque palpable. On ferme les yeux, on sent presque la petite larme couler quand on entre pleinement en communion avec la musique que l’on écoute. C’est beau, on en redemande.

Comme ce public qui se fait entendre de bien belle façon. Oubliez un peu les Japonais. Oh, ils sont très bien, ils donnent vie à n’importe quel concert enregistré là-bas. Mais les Irlandais, ils ont la musique chevillée à l’âme. Là-bas, quand vous vous faites racketter dans une ruelle sordide, il y aura toujours un de vos agresseurs qui sortira un violon pour faire passer la pilule (1). Les Irlandais vivent ce concert et lui donnent une aura particulière. Les entendre chanter en chœur comme ils le font là est quelque chose de marquant. Avoir su le capter et le rendre comme c’est fait ici est juste fort, éblouissant.

Cette proximité, on l’a ressenti tout du long du Live. Il faut aussi se rendre compte que pour certains titres, Gallagher jouait à domicile, à Cork, devant un parterre de fans qui lui était complètement dévoué (si le Rory Gallagher Corner a été inauguré à Dublin par The Edge de U2, plusieurs plaques commémoratives peuvent être croisées à Cork. Allez donc faire des recherches à la Bibliothèque Rory Gallagher de la ville). Le guitariste donne beaucoup au public, mais celui-ci le lui rend bien, il suffit d’entendre l’ambiance de folie qu’il y a au moment où Gallagher passe à l’acoustique sur "As The Crow Files". Magnifique chanson, joliment adaptée par l’Irlandais.

On pourrait continuer comme cela pendant des heures, à décortiquer ce Live magistral, mais le plus simple, c’est de l’écouter. Je vous disais plus haut, l’ambiance de ce disque se répercute sur son auditeur. Difficile de ne pas être de très bonne humeur après l’avoir écouté tant il dégage quelque chose de fort, de puissant et surtout, de très convivial. L’édition de base suffira à tout amateur lambda de Blues. C’est presque l’idéal pour découvrir Gallagher. Mais les fans les plus chevronnés se seront tous jetés sur l’édition des quarante ans, travaillée avec amour par Donal, le frère qui aura toujours été dans l’ombre mais indispensable. Six CD pour reprendre trois soirées complètes (avec des morceaux qui changent et des ordres de passage différents), une autre qui tient sur un seul disque, ainsi qu’un DVD pour terminer d’achever le fan. Monstrueux mais absolument essentiel pour tous les fans.

"Irish Tour ’74", c’est un peu la quintessence de l’album live. Oui, rien que ça. On y croise des musiciens qui sont heureux d’être là et un public qui l’est peut-être encore plus. Il y a de l’improvisation sans que ce ne soit long et chiant, il y a de l’interaction, ainsi que du culot, celui d’en imposer autant avec un répertoire qui n’est pas que le sien, Gallagher empruntant les morceaux qu’il aime pour les offrir à son tour aux fans, pour partager sa passion, tout simplement. C’est beau et c’est fort. On ne peut pas écouter ce Live et l’oublier, c’est impossible. Il y a des artistes qui sont grands par leur simplicité et leur générosité. Gallagher était de ceux-là.


Note réelle : ce n'est pas notable en vrai, c'est une telle question de passion et de feeling qu'aucune note ne rendrait justice au truc. Enfin, écouter ce Live et ne pas tomber amoureux de la musique du gars, c'est presque un non-sens total. Pour la blague, on a voulu mettre une sixième étoile, mais le site ne s'en relèverait pas alors...


(1) On va rester pote et éviter les insultes, ok ?

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- Rory Gallagher (chant, guitare)
- Gerry Mcavoy (basse)
- Rod De'ath (batterie)
- Lou Martin (claviers)


1. Cradle Rock
2. I Wonder Who
3. Tatto'd Lady
4. Too Much Alcohol
5. As The Crow Files
6. A Million Miles Away
7. Walk On Hot Coals
8. Who's That Coming ?
9. Back On My Stompin' Ground (after Hours)
10. Just A Little Bit



             



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