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THRASH METAL  |  STUDIO

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1987 The Legacy
1988 The New Order
1989 Practice What You Pre...
1990 Souls Of Black
1992 The Ritual
1994 Low
1997 Demonic
1999 The Gathering
2012 Dark Roots Of Earth
2016 Brotherhood Of The Sn...
2020 Titans Of Creation
 

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TESTAMENT - Titans Of Creation (2020)
Par DARK BEAGLE le 4 Mai 2020          Consultée 6619 fois

TESTAMENT aura souvent été considéré comme un outsider dans les canaux de pensée les plus polis, sinon comme un second couteau de la scène Thrash, incapable de capitaliser sur le succès surprise de son premier album. C’était sans compter les années 90 qui ont vu le groupe proposer deux albums parmi les plus applaudis de leur carrière (et à juste titre !), "Low" et "The Gathering". TESTAMENT avait trouvé une bonne formule, plus vindicative, plus brutale, s’éloignant définitivement du modèle METALLICA, mais hélas ce bel élan a été brisé par le cancer du chanteur Chuck Billy. Mais il fallait plus qu’un cancer pour terrasser le Grand Chuck et les nostalgiques de la première période de la formation auront le plaisir de voir la formation originale (moins le batteur Louie Clemente) refouler les planches et enregistrer de nouveaux albums. Et forcément, si les Avengers ont un Hulk, TESTAMENT a un Skolnick et là, y a pas photo, le soliste reste un maître dans le domaine. Et la notoriété est revenue, mêlée à une certaine forme de respect. La bande à Peterson porte haut l’étendard d’une formule Thrash efficace et sincère, et regarde parfois par-dessus son épaule pour capter une aura ("Brotherhood Of The Snake"), une ambiance certes passéiste, mais qui lui correspond bien.

Aujourd’hui, TESTAMENT, c’est l’indéboulonnable Chuck Billy. Le Grand manitou, celui dont la voix est devenue une des marques de fabrique du groupe. Ici encore il en impose, il montre d’entrée de jeu qui est le patron. C’est également Eric Peterson. Riffeur de talent, qui s’acharne à respecter l’identité de son groupe album après album, en inscrivant le style TESTAMENT pour conserver une ligne directrice de disque en disque. Vous prenez au pif "Demonic", "The Ritual" et ce petit dernier, vous reconnaissez tout de suite le combo de la Bay Area. Ici, il va également s’immiscer derrière le micro pour donner un contrepoint intéressant face à Billy. C’est aussi Alex Skolnick, soliste de talent, qui illumine chaque morceau avec sa fougue et sa technique. Mais qui n’oublie pas le feeling. Ça tabasse, mais il garde un œil sur le morceau, il ne s’agit jamais de le dénaturer, mais d’en conserver sa logique. À la basse, nous avons Monsieur Steve DiGiorgio. Lui aussi est un bon technicien et le son de basse dont il dispose ici est énorme. Son jeu, aux doigts, est très appréciable tout du long. Et quand ses collègues se taisent, il en impose toujours (ah ! L’intro de "Ishtar’s Gate" !). Derrière les fûts, Gene Hoglan manie toujours les baguettes et il en met comme d’habitude plein les oreilles. Si ce line-up n’avait pas toujours convaincu sur "Brotherhood Of The Snake", il en impose sur ce "Titans Of Creation".

La présentation des musiciens était peut-être superflue, chacun a un CV qui parle pour lui. Cependant, chacun arrive à briller, à sa manière, sans tirer la couverture à lui. De ce point de vue, "Titans Of Creation" est exemplaire, il jouit d’un équilibre vertigineux. Billy et Peterson ont produit l’album en compagnie de Juan Urteaga (qui aura produit entre autres VILE, HEATHEN, ainsi que "The Formation Of Damnation"), Andy Sneap a mixé le tout et le résultat est terrible au niveau du son. Même si le groupe est dans l’agression, il reste clair tout du long et ce n’était pas gagné d’avance. Bref, même si nous sommes face à une formation de vieux (bah, des quinquas… De la part d’un quadra, c’est tirer sur l’ambulance…), il ne faut absolument pas la sous-estimer. Ici, TESTAMENT, c’est un tank. Un tank complètement consacré à la puissance primaire du Thrash et ce n’est pas un hasard si cet album sonne souvent de façon old school. Nous retrouvons des traceurs disséminés par TESTAMENT depuis les débuts. D’ailleurs nous retrouvons quelques relents à la "The Legacy", premier opus et première bombe d’une formation qui en veut toujours.

Parce que mine de rien, depuis "Low", TESTAMENT avance en levant fièrement la tête, fort d’une belle constance quand il n’arrive pas à s’imposer avec des coups de génie. Aujourd’hui, c’est un album tous les quatre ans et si les délais ne sont pas toujours compréhensibles ("Brotherhood Of The Snake" ne tenait pas toutes ses promesses, mais les relations en interne n’étaient pas au beau fixe). Ici, la formation reprend sa marche en avant et le prouve d’entrée de jeu avec ce "Children Of The Next Level" musclé, mené par une rythmique qui arrache bien comme il faut. La succession de soli furieux donnent un atout supplémentaire à ce morceau assez long, sur lequel Billy s’amuse comme un petit fou. Dans les registres plus speed, plus violents, "WW III" fait office de boucherie charcuterie, avec un Billy qui donne des coups de massue sans discontinuer, mais il ne faut pas non plus négliger "Night Of The Witch" ou "Curse Of Osiris", autres missiles lâchés par le groupe, sur lesquels Peterson vient taquiner le micro, avec des relents Black pas dégueux pour un sou. Histoire de nous rappeler que le guitariste est également l’éminence grise de DRAGONLORD. Sa dualité avec le Grand Chuck fonctionne bien et les fessées continuent, encore et encore.

Mais TESTAMENT, ce n’est pas que de la violence primaire. Souvent le groupe a su s’exprimer autrement qu’à travers les morceaux directs et sans fioritures, au point de s’imposer sans rougir avec des power ballades somptueuses, dans l’idée d’un METALLICA peut-être, mais avec une certaine fluidité dans les enchaînements qui fait toute la différence (souvenez-vous de "Trial Of Tears"). Ici, point de ballades. Cela casserait de façon un peu trop radicale la dynamique de l’album. TESTAMENT va jouer sur la nuance (si, si) avec "Dream Deceiver" et son refrain plus aérien, qui n’est pas sans rappeler le Hard Rock des années 70, sur lequel Chuck Billy retrouve des intonations qu’il avait sur "Souls Of Black" ou "The Ritual", la voix toujours intacte. À l’inverse, "City Of Angels" joue sur des couplets posés, qui propulsent les refrains sur d’autres niveaux de violence. Mais dans le domaine des « exceptions », l’instrumental final, "Catacombs", ne sert à rien dans une telle position, il aurait peut-être été plus convaincant en ouverture. Comme les musiciens l’utilisaient pour commencer leurs concerts sur la tournée précédente. Là, en outro, il n’apporte rien et perd tout son sens.

Ce qui peut être déstabilisant, c’est ce mélange entre deux époques. Certains morceaux lorgnent vers les premiers opus avec des textures dans les riffs typiquement Thrash, sans trop de surprises dans le renouvellement, mais avec un savoir-faire certain qui empêche le groupe de taper dans la vulgaire redite stérile (pourtant, ce sont de sacrés Krogans les mecs (*). D’autres, en revanche, rappellent les moments de brutalité de "The Gathering", surtout quand Chuck Billy se laisse aller à prendre sa grosse voix Death. Et forcément, nous sommes balancés à droite, à gauche, continuellement bousculés par le groupe qui ne cherche plus à faire de la marche en avant, mais qui veut simplement proposer le meilleur album possible, en évitant le piège de toujours répéter le même morceau, inlassablement. Les musiciens continuent à proposer des titres de qualité, ayant chacun leur personnalité, à l’image de "Ishtar’s Gate" et son canevas orientalisant, ou encore un "False Prophet" qui ne laisse pas beaucoup de chances à l’auditeur. Le tout, pour ce genre d’album, c’est de trouver des compositions qui se complètent, plutôt que de travailler une trame unique. Et à ce titre, "Titans Of Creation" est une belle réussite.

Il n’y a pas grand-chose à redire de cet album, qui est peut-être bien le TESTAMENT le plus définitif depuis le retour de Skolnick aux affaires. C’est un disque qui se dévoile au fil des écoutes, petit à petit. La première peut laisser une impression mitigée, où il est difficile de savoir exactement ce que le groupe essaye de faire. Puis, petit à petit, il se révèle et sa brutalité, son agressivité, deux éléments très plaisants dès le début, se fondent à travers d’autres petits éléments qui explosent çà et là et qui vont faire la personnalité de ce "Titans Of Creation". Encore une fois, TESTAMENT fait preuve d’une belle régularité et poursuit son petit bonhomme de chemin, mine de rien. Avec OVERKILL, TESTAMENT prend à chaque fois un peu plus le leadership d’une formule Thrash US aux teintes classiques, mais agrémenté de la modernité qu’il faut pour ne pas devenir insignifiant. Et finalement, l’outsider se révèle au grand jour et avec beaucoup de malice, le second couteau s’avère être une lame d'acier de Tolède. "Titans Of Creation" est un disque qui va se révéler encore plus sur scène, qui reste un des terrains de jeu favoris du Grand Chuck et de sa bande. Allez, rendez-vous dans quatre ans pour un chef d’œuvre ultime ?

(*) Blague de gamer, désolé.

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   DARK BEAGLE

 
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   (2 chroniques)



- Chuck Billy (chant)
- Eric Peterson (guitare, chant)
- Alex Skolnick (guitare)
- Steve Di Giorgio (basse)
- Gene Hoglan (batterie)


1. Children Of The Next Level
2. Ww Iii
3. Dream Deceiver
4. Night Of The Witch
5. City Of Angels
6. Ishtar's Gate
7. Symptoms
8. False Prophet
9. The Healers
10. Code Of Hammurabi
11. Curse Of Osiris
12. Catacombs



             



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