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THRASH METAL  |  STUDIO

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 Overkill Wreckingcrew (1622)

OVERKILL - The Killing Kind (1996)
Par SHUB-NIGGURATH le 26 Décembre 2007          Consultée 11013 fois

Evoluer dans les eaux troubles du thrash du début des années 90 n’était pas une sinécure. Aussi, il convenait de se montrer prudent et de naviguer à vue afin d’éviter tout écueil. OVERKILL l’avait bien compris, quitte à perdre quelques fans dans les nombreux méandres de ce parcours sinueux. Après le monumental « Horroscope », l’ambiance sombre et le calme, très relatif, de « I Hear Black » en décontenanceront plus d’un. Nouveau virage sur l’aile avec « W.F.O. » pour retourner au thrash direct et sévère des 80’s, malgré une production qui, a se vouloir moins roots, bavait trop la saturation. Heureusement, le live « Wrecking your Neck » arrivera à point nommé pour réconcilier tout le monde en rappelant que OVERKILL, ça fait toujours mal. Et même très mal, parce qu’à peine le temps de reprendre ses esprits qu’un deuxième taquet, venu de nulle part, nous assomme pour de bon.

Mine de rien, « The Killing Kind » est déjà le 8ème album studio du groupe en dix ans. Blitz et Verni carburent à l’adrénaline et ne sont toujours pas décidés à ralentir leur cadence infernale. Qu’importe si celle-ci a fini de lessiver les deux guitaristes présents depuis « Horrorscope ». Ils seront remplacés, contre toute attente, par deux Canadiens pleins d’envie et aux antécédents prometteurs : Joe Comeau, ex chanteur et guitariste de LIEGE LORD (et futur hurleur de ANNIHILATOR), qui favorisera d’ailleurs l’arrivée de Sebastian Marino, ex ANVIL, avec lequel il avait eu l’occasion de travailler. Bien plus, finalement, qu’un banal changement de line-up puisque les deux nouveaux venus s’entendront à merveille avec la rythmique Verni/Mallare, et marqueront très nettement de leur influence la tonalité générale du présent album.

En ce sens, « The Killing Kind » ne déroge pas à la règle et diffère radicalement de son prédécesseur studio. Nouveau virage, donc, pour OVERKILL, mais sans doute l’un des plus importants à négocier, à savoir le délicat tournant du milieu des 90’s qui en a envoyé plus d’un dans le décor. En, effet, un peu à l’image du passage vers la maturité opéré sur « The Years of Decay », le groupe tente de se lancer à son tour dans une aventure « post-thrash », au moyen d’un style qu’il cherchait jusque-là à tâtons, sans vouloir perdre son identité ni répondre à la surenchère pachydermique de PANTERA ou MACHINE HEAD.

Le premier titre, emblématique de l’album, démontre immédiatement que l’exercice est réussi, en nous plongeant eu cœur d’une « Battle » toujours aussi sanglante mais résolument moderne. Inutile de s’appesantir sur l’emploi des samples (si cela vous intéresse, les voix sont celles de Michelle Pfeiffer et de Christopher Walken), et autres gadgets technologiques, au demeurant sympathiques, comme ces petits « yeah ! » nasillards et agaçants. Anecdotiques, ces bidouillages ludiques ne se retrouveront pas sur les autres morceaux.

L’impression de modernité qui se dégage dès les premières mesures doit entièrement être portée au crédit de la production. Terrifiante de puissance et d’efficacité, elle exhale les étranges relents de rouille et d’ozone d’une atmosphère indus très fin de siècle. Une saleté entièrement voulue et maîtrisée divergeant, pour notre plus grand bonheur auditif, de la propreté aseptisée qui tend à devenir la norme. Les guitares crachent d’emblée des riffs à l’étrange résonance corrosive, avant que ne déboule la basse, cinglante, énorme, et le matraquage tout en technique de la batterie. Sans doute la meilleure production de toute la discographie d’OVERKILL, qui a vraiment trouvé là le son adéquat, sinon parfait. Conscients d’avoir bien merdouillé sur « W.F.O. », Blitz et Verni ont en effet eu l’intelligence d’admettre que s’ils voulaient continuer d’autoproduire leur travail, il fallait qu’un pro leur tienne la main. Et pas n’importe lequel, cela s’entend, puisque le mixage est assuré par Chris Tsangarides, responsable, entre autres, du carnage « Painkiller ».

Pour autant, la construction de « Battle » rappelle que les bases n’ont pas changé. OVERKILL est toujours accro au mélange entre thrash brutal, comme le confirme l’accélération assassine de l’introduction, et gros heavy mid-tempo, dont les riffs hargneux soutiennent parfaitement un Blitz en très grande forme, qui modulera par la suite son chant à l’envi. Timbre plus grave et voix moins étouffée qu’à l’habitude, il se permet déjà une première facétie en plaçant quelques piques death bien senties. Ce qui est vraiment nouveau, en revanche, c’est la place prépondérante tenue par les backings, imputable aux qualités, voire velléités vocales de Joe Comeau. Très travaillés, ils donneront davantage de profondeur à chacun des morceaux et seront toujours utilisés à bon escient , en se substituant, par exemple, aux fameux « yeah ! » sur le dernier couplet.

Thrash brutal qui confine au hardcore sur les deux titres les plus extrêmes du disque. « God-Like » d’abord, aussi accrocheur et dévastateur qu’un « Elimination » (je me demande encore comme ce foutu pilier central de l’Arapaho a pu y résister), et « Certifiable » ensuite, où les guitares, façon meuleuse, abrasent les tympans avant un bridge très jouissif sur lequel Blitz gueule comme il faut pour annoncer un solo slayerien à décorner les bœufs.

Gros heavy qui étalera par la suite un éventail d’effets mystérieux et originaux, les compositions s’attachant davantage à provoquer des émotions qu’une seule sensation de force pure. Pour commencer, « Burn you Down/To Ashes » offre la surprenante association d’une ambiance narcotique, relayée par un chant bizarrement plaintif, au tempo doom metal de refrains plus énervés. Fusion, en quelque sorte, de « Shades of Grey » et de « Playing with Spiders/Skullcrusher », ce titre crée une atmosphère troublante dont nous tire sans ménagement l’emballement symbiotique des riffs et de la rythmique, afin de nous faire profiter du solo finalement coiffé d’une conclusion acoustique du plus bel effet. Que dire, sinon prosaïquement, que ce passage laisse sur le cul ? Même sensation avec « The Cleansing », sans conteste le titre le plus inspiré de l’album. Au-delà d’une belle intro, quoi qu’un peu pompeuse, et d’une surprenante conclusion en canon, le morceau fait apparaître des riffs aux ondulations soignées et un solo plein de feeling d’où embraye la géniale accélération d'un riff impulsé par la doublette Verni/Mallare au sommet de son art. Celle-ci est d’ailleurs la principale attraction de l’instrumental « Feeding Freenzy », le jeu puissant et linéaire des guitares contrastant volontairement avec l’emphase de la basse et le jeu carré de la batterie.

De façon quelque peu identique, « Let me Shut That for You » et « Bold Face Pagan Stomp » placent nettement en retrait les accroches mélodiques pour valoriser les hoquets agressifs des riffs, le tout magnifié par le chant nerveux et dynamique de Blitz et les backings très costauds qui lui répondent. Le premier titre sait toutefois dégager, au sein de ses rythmes thrash, un break tout en harmonie, tandis que le second laisse enfin s’échapper le groove qui suintait jusque-là, et qui deviendra l’une des principales caractéristiques d’OVERKILL lors de la décennie à venir. Une surprise qui appelle celle du très bon « Cold, Hard Fact », perclus de sonorités surprenantes mais dont la ligne tantôt chaotique, tantôt rapide et directe, est toujours remuante.

Plus discutable, c’est pourquoi je n’en parle qu’ici, la présence de la ballade « The Mourning After/Private Bleeding ». Petit jeu de mot qui n’évite pas de se demander pourquoi OVERKILL a cru nécessaire de céder aux sirènes de la ballade sirupeuse. Clavier, violons, c’est un festival de mièvrerie. Bizarrement, l’aisance de Blitz fait très bien passer la pilule.

Que voilà une chronique bien longue, pour un album que beaucoup considèrent encore comme secondaire ou insignifiant. Pourtant, à l’écoute, « The Killing Kind » demeure, par son ambiance à la fois sombre et violente, l’un des plus marquants. Un disque charnière, qui balisera les chemins qu’empruntera le groupe par la suite et lui permettront de survivre au nouveau siècle, sans avoir besoin de nier ni de cracher sur son passé. Il suffisait de savoir l’adapter.

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   SHUB-NIGGURATH

 
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- Bobby 'blitz' Ellsworth (chant)
- Joe Comeau (guitare)
- Sebastian Marino (guitare)
- D.d. Verni (basse)
- Tim Mallare (batterie)


1. Battle
2. God Like
3. Certifiable
4. Burn You Down/to Ashes
5. Let Me Shut That For You
6. Bold Face Pagan Stomp
7. Feeding Frenzy
8. The Cleansing
9. The Mourning After/private Bleeding
10. Cold, Hard Fact



             



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