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- Membre : Machine Head, Bpmd, Acid King

VIO-LENCE - Eternal Nightmare (1988)
Par SHUB-NIGGURATH le 28 Mai 2008          Consultée 7536 fois

On a beau dire, il n’était pas difficile de suivre la course thrash qui faisait rage à la fin des années 80. Les grosses cylindrées devant, car parties les premières, poursuivies par une foule de plus petites congestionnant derrière, dont les plus téméraires qui parvenaient à s’extraire en empiétant sur le bas côté explosaient leur moteur sitôt rejoint la tête du mouvement. Parmi elles, VIO-LENCE, ou l’archétype du groupe météore de cette période. L'un des rares qui mérite qu’on lui prête encore attention aujourd’hui.

Un premier album, « Eternal Nightmare », qui atteint toutes les cibles obligées tant il visite, essore, et expurge pied au plancher, en sept titres et trente cinq minutes chrono ce qui constituait alors l’essentiel du genre pour en recracher le parfait concentré. Ce qu’il faut, comme il faut, quand il faut. Le thrash tout en un. Une perle, pourtant trop souvent écartée au profit des productions plus fades de formations de seconde zone, à la carrière certes moins éphémère, dès qu’il s’agit de dresser l’inventaire des pièces marquantes de l’histoire du thrash metal. Un oubli malencontreux qu’il convient de réparer. Tâche relativement aisée, au demeurant, puisque les lecteurs de NIME ont eu la bonne idée d’élire comme meilleur album de l’année 2007 la dernière livraison de MACHINE HEAD. Ainsi, il suffirait presque de mentionner les noms de Robb Flynn et Phil Demmel dans le line-up de VIO-LENCE pour réhabiliter prestement cet exercice de jeunesse. « Eternal Nightmare » vient simplement démontrer qu’en 1988, ces deux-là avaient déjà du poil aux pattes.

A cette date, bien évidemment, les deux guitaristes ne bénéficiaient pas encore d’une telle aura. Afin d’être sujette à une bienveillante curiosité, leur formation devait par conséquent pouvoir être raccrochée à une locomotive reconnue et délestée, de préférence, de trop nombreux wagons afin de garantir une certaine originalité. En l’espèce, ce sera TESTAMENT. Passons rapidement le côté anecdotique, le frère de Chuck Billy ayant officié à la basse sur la seule démo précédant la sortie de « Eternal Nightmare ». Comme quoi, le thrash a toujours été une petite famille.

A vouloir établir un véritable lien de parenté avec TESTAMENT, on s’intéressera avant tout aux compositions (toutes signées Phil Demmel, chapeau bas !) dont la structure complexe et l’explosivité ne sont pas sans rappeler celles de « The Legacy », auxquelles VIO-LENCE appose néanmoins une grosse couche de vernis à l’éclat très singulier. Les riffs, qui ne confinent pas encore à la puissance de MACHINE HEAD, font preuve d’une aigreur réjouissante et d’une variété remarquable, se livrant avec alacrité à la pratique d’exercices que l’on jurerait tout droit sortis du manuel pour le parfait thrasher. A l’aune de ce constat, les soli, courts et nombreux, judicieusement placés et bien amenés, apportent ça et là le piquant nécessaire pour relever à point l’ensemble. Flynn et Demmel témoignent d’une efficacité virevoltante, rejetant délibérément toute descente de manche excessive et torture du vibrato au-delà du supportable. Un premier essai qui s’apparente à un coup de maître. La production, à l’économie, est très propre et n’étouffe pas la section rythmique qui fournit humblement le travail demandé. Les agréables roucoulements de la basse (sans médiator, ce qui fait du bien) et les incessants changements de rythme portés par la batterie qui s’égaye dans de furieux mouvements thrashcore forment l’assise nécessaire à l’inventivité des riffs.

« Eternal Nightmare » s’amuse ainsi à polir toutes les facettes d’un thrash d’école au point de le rendre éblouissant. Introductions soignées, alternance permanente d’allures soutenues et de passages plus lourds, reliés par des breaks ou ponts astucieux, conclusions fading ou queue de poisson, les idées fusent dans toutes les directions et s’emboîtent les unes aux autres avec une facilité et une fluidité déconcertantes, nourrissant des titres de près de cinq minutes d’énergie pure. Entame crescendo modèle du titre éponyme, mid tempo carré et accélération agressive façon METALLICA sur « Phobophobia », riffs corrosifs et tournoyants à la MEGADETH sur la bombe « T.D.S. (Take It as You Will) », le petit côté fun et EXODUS de « Bodies on Bodies » voire de « Kill on Command » dont les variations finales arriveraient même à titiller les plus blasés. Décrire les innombrables flashes de ce vertigineux kaléidoscope tourne vite au remplissage inutile, surtout lorsque le bref et speed « Serial Killer » a pris soin de rappeler que lorsqu’il n’y a qu’une idée force à exploiter, autant attaquer l’os directement.

Et puis, cerise sur le gâteau, outre les chœurs hargneux et emblématiques d’un thrash qui allume sévère, la voix acide et rebelle de Sean Killian, déstabilisante dès la première écoute. Située, en visant large, entre celles de Paul Baloff et de Joey Belladona (en passant par celle de Adrian pour les rares qui se souviendraient encore de GRINDER), elle dévoile progressivement toute sa subtilité et colle parfaitement aux lignes aigrelettes de la musique de VIO-LENCE. Depuis, question originalité, on n’a pas fait mieux.

Finalement, pourquoi, après un tel panégyrique, ne pas donner la note maximale ? D’abord, en toute subjectivité, parce que « Calling the Coroner » me paraît un poil moins saisissant que les autres titres. Ensuite, surtout, parce que originalité et inventivité ne riment pas ici avec nouveauté. VIO-LENCE violente (eh ! oui, il était temps) et envoie grave, c’est certain. Un seul album pour faire le tour complet du propriétaire en moins d’une demi-heure et en montrer du même coup toutes les limites. Voilà, le thrash, ce n’est que ça. On s'est bien amusé mais il est temps maintenant de passer à autre chose. On voudra bien vous offrir un second tour de manège en 1990, mais vous verrez que les sensations ne seront déjà plus les mêmes, et que le chant du cygne du mouvement ne tardera pas à se faire entendre.

Plutôt vexant, non ?
Pour la peine : 4 / 5. Et à posséder absolument.

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   SHUB-NIGGURATH

 
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- Sean Killian (chant)
- Robb Flynn (guitare)
- Phil Demmel (guitare)
- Deen Dell (basse)
- Perry Strickland (batterie)


1. Eternal Nightmare
2. Serial Killer
3. Phobophobia
4. Calling The Coroner
5. T.d.s. (take It As You Will)
6. Bodies On Bodies
7. Kill On Command



             



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