Quand GHOST a débarqué, beaucoup se sont demandés ce qu’était ce truc. Parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres mots pour décrire cette chose étrange, mené par un certain Papa Emeritus, qui dirige ses Nameless Ghouls d’une poigne d’acier. L’imagerie est clairement à prendre du côté du Black Metal, une idée de maquillage qui aurait poussé le concept de l’antichristianisme à son paroxysme (et c’est étonnant que nous n’ayons pas eu droit à ce genre de délire auparavant dans ces contrées poétiques et barbares à la fois). Mais quand on met le disque sur la platine, il y a de quoi être un brin déboussolé.

On attend du Black Metal, c’est du Heavy qui arrive, porté par une basse épaisse qui donne corps à des compositions bien foutues, qui se rapprochent parfois d’un BLUE ÖYSTER CULT qui aurait poursuivi sur la voie tracée par "Cultösaurus Erectus" et "Fire Of Unknown Origin". Les mélodies ne sont bien sûr pas les mêmes, le son de GHOST est plus massif, mais le travail sur les compositions s’en rapproche avec cette manie de ne pas jouer de façon trop linéaire, à savoir proposer des breaks intéressants pour mieux repartir par la suite. Certains titres contiennent suffisamment d’idées pour alimenter deux autres chansons, au bas mot.

Puis il y a ce chant plutôt agréable, mélodieux, capable de devenir plus sombre par moments, mais pas forcément plus agressif. Personne ne le savait à l’époque, mais le chanteur était capable de choses beaucoup plus rentre-dedans, puisqu’il s’agit de Tobias Forge qui s’était déjà illustré au sein de REPUGNANT. Mais son anonymat faisait partie du concept et il faut dire que c’est bien pensé : créer un halo de mystère autour de la formation, réussir à tenir cela bien gardé malgré les miracles d’internet pendant quelques années, ne pas infirmer ni confirmer quelconque théorie… Cela reste un des plans de com' parmi les plus étonnants que l’on ait eu dans le genre.

Alors justement, GHOST est souvent résumé à cela : un truc commercial qui joue sur le buzz pour qu’on parle de lui et vendre. Même si ces allégations contiennent un fond de vérité, il y a tout de même la qualité des compositions qui vient faire la différence. Ce n’est pas spécialement violent, mais c’est dense, et surtout, cela créé une ambiance. Aux premières notes, nous avons l’impression d’être dans une église, mais que la messe à laquelle nous assistons n’est pas vraiment réglementaire. Et il y a un véritable sens du riff et de la mélodie qui se remarquent très rapidement.

En revanche, l’effet de surprise n’a fonctionné que sur cet album pour moi, qui reste un incontournable du genre alors que je trouve beaucoup plus de choses qui me plaisent moins sur les EP et LP suivants. GHOST aurait pu être le groupe de ce seul "Opus Eponymus", il n’en aurait pas moins été légendaire malgré tout.


Morceau préféré : "Elizabeth".