Le succès de "Nuclear Fire" a révélé une formule qui commence à se répéter. PRIMAL FEAR le sait et il doit gérer désormais cinq songwriters. Chacun profite de ce nouveau succès (à une époque où les disques se vendent encore bien) mais veut apporter sa pierre et sa vision à l'édifice, ce qui va entraîner le groupe sur la piste du concept-album, ce qui n'était pas prévu au départ. "Black Sun" est l'album le plus décrié de PRIMAL FEAR et on va tenter de comprendre pourquoi. Car à l'époque où j'ai découvert le groupe j'ai eu le choix entre deux albums, et j'ai choisi celui-ci, il doit bien y avoir des raisons autres que mon ignorance de l'époque.

Et bien cette trame textuelle sur l'exploration d'une nouvelle planète mystique, le soleil noir, dans un monde SF, ce qui explique les aigles dans un environnement plus spatial que d'ordinaire, est un creuset parfait pour recevoir un PRIMAL FEAR plus Power que jamais, qui parvient à surprendre quelque peu après un "Nuclear Fire" certes solide mais qui manquait sérieusement de surprise. Et c'est ce que "Black Sun" réussit selon moi, en misant sur ses mélodies ! Ralph Scheepers, qui avait commencé à opter pour une approche plus agressive l'année précédente, persiste dès l'ouverture puissante de "Black Sun" où ses harmonies vocales sont de jolis exemples de coinçages de couille. Il n'empêche que sans être le meilleur titre de la galette, il suffit pour nous faire accrocher à ce nouvel opus qui semble s'inscrire dans la droite lignée de son prédécesseur.

Il n'en est rien. Certes la recette a peu évolué, mais le traitement des vocaux, la production encore plus balaise, en particulier sur la batterie de Klaus Sperling, et ce jeu de guitare plus mélodique remarqué sur "Nuclear Fire" est beaucoup plus en avant, un apport décisif du jeune Henny Wolter sur des titres comme "Fear" ou "Magic Eye" qui mettent en avant ses atouts. On remarquera d'ailleurs assez nettement la différence avec le successeur de ce "Black Sun" qui contient en sus quelques riffs cochon plus modernes. Les vocaux oscillent certes entre mélodie travaillée ("Magic Eye"), hymnes puissants ("Light Years From Home") et agressivité mettant en scène la dualité Scheepers/Sinner ("Mind Machine") et les rythmiques, avec double grosse caisse de série, sont légion, même si les titres sont souvent enlevés sans être speed. Mais quand c'est le cas, le groupe est une nouvelle fois redoutable, à l'image de l'hymne "Nuclear Fire" du précédent album.

"Black Sun" est peut-être le disque le mieux équilibré jusqu'alors pour PRIMAL FEAR, un album qui ne trahit jamais son amour du Heavy Metal, qui alterne très bien les ambiances et individualise bien ses morceaux grâce à des mélodies fortes et efficaces, et le tout sans clavier, que le groupe avait toujours un peu plus utilisé sur ses précédents efforts. PRIMAL FEAR est à ce moment de sa carrière une formation au parcours sans bavure, et je suis soulagé de le voir éviter (pour l'instant) l'écueil de la redondance que je commençais à redouter avec "Nuclear Fire". "Black Sun" est plus mélodique, plus Heavy et plus équilibré que son estimé prédécesseur, je persiste et signe. Il n'en sera hélas pas de même pour "Devil's Ground".