"Reign In Blood" m’ennuie.

Voilà c’est dit. Pendant des années j’ai eu ce disque sur une vieille cassette, et je ne l’écoutais pas. Je me vantais de l’avoir dans ma collection, je le faisais écouter à mes potes juste pour voir leur tête, je les regardais passer de l’effroi à la consternation (ou inversement). Un vrai plaisir. Par la suite, j’ai fait ça avec CANNIBAL CORPSE puis GODFLESH. Aujourd’hui je le fais avec IMAGINE DRAGONS. Sauf que pour le coup j’aime vraiment IMAGINE DRAGONS (et puis s’il y a dragon dans le nom du groupe, c’est sans doute du Metal). Bon, peu importe.

Je disais donc à qui voulais l’entendre que je possédais le disque de Thrash ultime. Avec, j’intimidais les garçons, je décourageais les filles (hélas). Et puis un jour, je me suis aperçu que je ne l’aimais pas. J’aimais simplement l’idée de l’aimer. Et l’image que ça donnait de moi. C’était un trophée, une posture. Alors j’ai fait mon coming out : "Reign In Blood" m’ennuie.

Je ne suis pas complètement idiot. Je sais bien pourquoi "Reign In Blood" plaît tant. C’est le truc radical, le coup de poing. L’album sans concession, hallucinant de violence. Moins d’une demi-heure de musique, des chansons courtes (c’est un peu le disque 60s de SLAYER, en fin de compte), un déferlement de rage, etc., etc. C’est le truc qui peut vous forger une identité de dur à cuire quand on a 15 ou 16 ans. Sauf que rien n’y fait : je n’entends qu’une seule longue chanson monotone et interminable. Je suis incapable de différencier les morceaux, de les mémoriser. Le même son, le même roulement de batterie. Une sorte de pâte indistincte d’où émerge ça et là le cri aigu d’une guitare solo. Je suis complètement à l’écart, je l’ai toujours été. Et c’est un fan de Grindcore (et des RAMONES, qui ont pourtant fait 50 fois le même disque avec 10 fois la même chanson dedans) qui vous parle.

Je ne comprends donc rien à ce disque. Ou presque. Parce qu’il ne faut pas non plus exagérer : "Raining Blood", à la fin, n’a pas d’équivalent dans tout l’univers connu. L’intro qui vous vrille la tête, la fureur, les riffs démentiels, le groove le plus puissant que Satan ait jamais conçu, le break qui justifie à lui tout seul que l’humanité soit apparue sur terre, le déchaînement final…

D’accord. Je veux bien partir en guerre pour cette chanson-là.