L'actualité nous joue trop souvent de sales tours…
Au moment de m'atteler à la discographie de WARBINGER (celui qui apporte la guerre, littéralement), Poutine lance une offensive sur l'Ukraine, ramenant l'Europe vers les plus sombres heures de son Histoire… Histoire qui est un perpétuel recommencement pour une espèce humaine à la mémoire décidément bien courte… "Malheur aux vaincus" annonce donc le groupe au moment de revenir aux affaires en ce mois de mars 2017… Cinq ans plus tard, quasi jour pour jour, l'opus semble prémonitoire.

Toutefois, il ne faut pas faire une nouvelle fois l'économie de regarder dans le rétroviseur de l'histoire récente du groupe depuis la sortie du précédent excellent effort "IV: Empires Collapse". En effet, Carlos Cruz à la batterie et des deux guitaristes (!) dont John Laux membre fondateur du groupe, John Kevill se retrouve ainsi le dernier soldat en poste depuis la création de WARBRINGER en 2004. Ce dernier annonce donc un hiatus dans la vie du groupe et l'inquiétude est de rigueur même si quatre jours plus tard, l'annonce de la poursuite de l'aventure est proclamée… À l'été 2015, Carlos Cruz fait son retour, ayant retrouver l'appétit (!).
Ce n'est donc que trois années plus tard que les Californiens déboulent dans les bacs avec ce "Woe To The Vanquished".

Et c'est bien un groupe mûr et appliqué qui déboule.
Je n'en démords pas : WARBRINGER avance, réfléchit, modèle, fabrique sa musique selon une volonté claire et sans équivoque de maturité. Ne cherchez pas l'immobilisme ou la facilité, ce n'est vraiment pas ce qui habitent ces musiciens. Certes, les incessants changements de line-up (fatigant il faut bien l'avouer voire inquiétant à chaque fois) permettent de mesurer à quel point chaque artiste est en mesure de signer son interprétation et sa participation à l'œuvre du combo, mais il faut sans doute noter que le point commun John Kevill au chant consolide l'ensemble.

Le Thrash Metal proposé ici est adulte, dense et terriblement appliqué. Il gagne en profondeur un peu plus à chaque fois ici : moins explosif que jamais (entendez sans doute moins immédiat), il est puissant et fédérateur. Penchez-vous sur les deux singles "Silhouettes" et "Remain Violent" qui font l'objet d'un clip si vous voulez tester l'ensemble.

WARBRINGER est bien resté une machine de guerre, sans jeu de mots facile. Proche d'un EXODUS ("Descending Blade"), il est ici évident que l'on peut sentir que la bête s'est nourrie d'influences plus poussées comme DEATH ("Spectral Asylum", à tous les niveaux : riffing et soli inclus) et de façon générale le Death Mélodique ("Divinity Of Flesh"). Mais n'allez pas pour autant douter de la capacité de WARBRINGER à répondre à notre attente de base, bien primaire : du Thrash qui défouraille ("Silhouettes", "Woe To The Vanquished", "Shellfire"), teinté de Hardcore (ah, ces petits refrains beuglés à plusieurs !) avec l'excellente "Remain Violent" dont les paroles sont sans équivoque :
"Get on the ground, put your hands where I can see Lie face-down against the concrete I am the predator, you are the prey And you will respect my authority That's what they want For you to say To remain silent Now You have the right To remain To remain violent".

La plus grande surprise et satisfaction de ce "Woe To The Vanquished" est clairement "When The Guns Fell Silent" : premier véritable titre épique du groupe qui s'ouvre avec ce quasi hommage à IRON MAIDEN et son "The Number Of The Beast" avec cette voix d'outre tombe qui met une ambiance folle pour lancer ce riff mid-tempo dense et instantané. Kevill fait comme toujours preuve d'une sacrée capacité de variation avec un timbre gras et des hurlements de possédé. La basse est extrêmement audible, avec une ligne qui vient en totale adéquation des six-cordes (notamment la partie rythmique) avec en plus quelques touches d'acoustique. Onze minutes et onze secondes où se mêlent mélodicité, puissance, calme et envolées musicales. Une totale réussite.

"Woe To The Vanquished" poursuit donc avec classe et facilité la route ouverte et tracée par ses aînés. En 8 titres et 40 minutes comme de coutume, WARBRINGER signe une nouvelle fois un album véritablement réussi, difficilement attaquable et assez original pour convaincre, encore et encore. Prises de risque à chaque fois, victoires systématiques… Une machine de guerre, je vous dis !

Note réelle : un gros 4/5.

Top : "When The Gun Fell Silent", "Remain Violent", "Silhouettes", "Divinity Of Flesh", "Woe To The Vanquished".