Putain que cet album est foutraque ! Rien qu'avec le titre, on devait pas s'attendre à du pop ou à du Black facile d'accès hein ? "Beyond The Within", non mais... Y'a un truc moins clair que ça dans la vie ? Et cette pochette ? Ça donne froid... et pas que dans le dos. Dès qu'on connaît le moindrement ENSLAVED, on peut être sûr que la facture sera à mi-chemin entre les steppes enneigées et l'asile. Un beau compromis qui rend sa musique assassine et si complexe, difficile à percer.

ENSLAVED est un édifice. Même si on se dit après les premières écoutes (c'est-à-dire 25), "Pfff, que du grattage de gros élitiste barbu que tout ça !", on ne peut que respecter l'édifice qu'il bâtit de son énorme talent. Qu'on aime ou pas ce foutoir de riffs infects, d'atmosphères glaciales, cette voix de Yéti possédé, ces compos aussi claires qu'une montagne en pleine tempête, on respecte. Et dès qu'on est capable d'ouvrir ses neurones à un tel spectacle, on passe un moment des plus formidables. Pas le plus réconfortant, car "Mardraum" est une sacrée aventure qui demande une capacité d'adaptation solide comme le roc, mais pour être unique dans le genre Black du Grand Nord qui rend fou, ça l'est. Dix fois plus qu'IMMORTAL, qui sonne mainstream à côté.

Contrairement à d'autres albums de leur disco, les pièces de "Mardraum" ne scorent pas individuellement, mais plutôt en un seul et même bloc compact. Un sordide et déboussolant détour vers la froideur intense de la folie, un délire psychédélique à muscles saillants.