Nous vous passons le flambeau, à vous de le tenir bien haut ! Telle est la devise des Canadiens de Montréal, équipe de hockey la plus populaire au Canada, et bientôt peut-être, celle de TORCHBEARER. En tout cas, si on se prend d'autres skeuds comme "Death Meditations" dans la tronche !

L'album est basé sur la philosophie d'un livre ancien intitulé « Hagakure », traitant des idées et pensées des samouraïs. Nulle trace de chinoiseries ici dans la musique, on ressentira simplement, si on s'ouvre l'esprit, la profondeur dans les mélodies de ce qu'« Hagakure » peut contenir comme enseignement. Les Suédois ont utilisé l'image de l'étoile ninja sur la pochette, mais là s'arrêtent les clichés, car "Death Meditations", comme son titre l'indique, est un album planant et appelant au recueillement… Les salves puissantes d'un Black/Death mélo nourri à la grosse production en sus !

"Death Meditations" offre un bon équilibre, une suite de morceaux inspirés, drapés d'atmosphères diverses, mais surtout obscures et épiques. C'est cette facture, au-delà de l'efficacité des mélodies à la base du succès du groupe, qui ressort comme carte de visite. Inutile de dire que les samples et synthés ont été très exploités ici, bien que le groupe n'ait pas choisi encore de coller un musicien officiel à cette facette. Chaque chose en son temps, le bassiste Tomas Johansson et le batteur Rolf Pilve viennent de joindre l'armada, alors qui sait… Je verrais bien TORCHBEARER torcher à six, la qualité de sa musique pourrait faire oublier les sextettes célèbres de Black ne produisant guère plus de perles…

Car il ne sert à rien de le nier : TORCHBEARER a le potentiel pour devenir un de ces groupes hollywoodiens à l'approche impériale. Dictatoriale je dirais même, parce que dès que l'intro instrumentale s'efface pour laisser la place à l'épique et lascive "The Momentum", on sait qu'on est en face d'une bande de ratoureux avides de conquêtes. Le leader du combo, Christian Älvestam (ex-frontman de SCAR SYMMETRY), a traîné avec lui deux de ses comparses de THE FEW AGAINST MANY (Death chroniqué ici-même) pour en mettre plein la vue. Ça sent l'influence Death mélo, mais aussi Black mélo et sympho, ça sent le Christian Älvestam stimulé par cet autre side-project, qui grâce à ce "Death Meditations", n'en est plus un…

La raison en est simple, TORCHBEARER n'est pas un groupe compliqué : si on enjambe cette grosse production (Älvestam aime le gros son, c'est connu), toutes les compos de l'album ont quelque chose de brillant. Je ne parle même pas du concept ou des paysages que votre imagination pourrait réveiller en surfant sur ces airs martiaux et archi mélodiques, mais de la structure nette des titres. Ils sont taillés dans le roc, prêts pour la guerre contre la réticence du public, endurcis pour les pires conditions et les affres du temps. Je parle d'un album qui doit être respecté pour son contenu, non son contenant.

TORCHBEARER, c'est du stainless steel : solide, sans tache, attirant, une valeur sûre à long terme. Curieux que le groupe ait choisi la couleur argent pour sa pochette, car c'est cette étincelante teinte que l'on retrouve partout, que le groupe essaie de toucher les étoiles avec virtuosité – pas dans le sens Beethoven du terme, hein, dans le sens riff qui te tranche la tête ! – avec "The Momentum", "Death Meditations" et "Penumbra", défonce les murs avec hargne et vélocité ("Coffin-Shaped Heart", "Severings", "The Aphotic Depths" – à la finale pompeuse et surprenante) ou nous amène dans des univers parallèles planants aux sonorités axées sur le synthé ("At Takao River", "In The Shadow Of Leaves", "Dying Codex"). Excellent mélange, bon équilibre, juste assez d'effronterie et de maîtrise pour rendre ce "Death Meditations" incontournable et magnifier son avenir.

Les Suédois, surtout Christian Älvestam, ont trouvé une formule parfaite avec TORCHBEARER. Après avoir bourlingué en fou durant assez longtemps, il est l'heure pour ces types de bâtir un fort dans lequel ils pourront créer sans douter. "Death Meditations" pourrait leur servir de matériau et ultimement, de muraille.

Un gros 4 tirant vers le haut.