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ARIA - Phoenix (2011)
Par JEFF KANJI le 2 Mai 2012          Consultée 4087 fois

Décidément le sort s’acharne sur ARIA. Après avoir géré le départ de leur chanteur emblématique et tout fait pour revenir aux sommets qu’ils avaient atteints à la fin des années 80, le groupe avait retrouvé crédibilité et inspiration avec Artur Berkut au chant, tant en live qu’en studio. Le groupe aura sous cette formation sorti deux très bons disques et deux DVD live. Mais Artur Berkut a décidé, comme Valery Kipelov en son temps, de quitter ARIA pour monter son propre projet…

La carrière des Russes semble devoir être un éternel recommencement.
Première tâche : trouver un chanteur compétent. Le jeune Mikhail Zhitnyakov (je sais c’est imprononçable) à l’âge christique (33 ans) a une voix puissante, disposant d’une tessiture très proche de celle de son prédécesseur, mais sachant faire preuve d’une pointe de lyrisme pouvant parfois évoquer Valery Kipelov. Un peu le meilleur des deux mondes pourrait-on penser. Son interprétation sur "Phoenix" ou "Requiem" donne un bon aperçu des facultés du monsieur. Toutefois, malgré ses facilités, son chant manque parfois d’implication, et "Attila" ou "Balance Of Powers" semblent plus exécutés que ressentis. Cela handicape pas mal ce disque qui aurait peut-être un peu mieux fonctionné à certains moments avec plus de verve.

Seconde tâche : composer un album scellant ce nouveau départ. Et Vladimir Holstinin et Vitaly Dubinin ont cette fois-ci laissé une partie de leur génie au placard. Ils n’ont donc pas fait un cadeau à leur nouvelle recrue qui récoltera sans nul doute la déception des fans d’ARIA sur ses épaules. Au premier abord, "Phoenix" rappelle un peu "Chimera" avec cette impression que vous pouvez retrouver dans ma chronique de cet opus, à savoir un diesel qui tourne pépère sans jamais trop s’emballer pour ne pas brusquer un moteur accusant déjà un fort kilométrage, avec une absence quasi-totale de prise de risque.

Déjà, l’entame de l’album, habituel point fort des Russes, est ratée. Au début, on y croit. Un petit sample électronique sur lequelle vient se poser une rythmique martiale ternaire ouvre "Black Square". Et patatras ! S’ensuit une cavalcade typiquement Maidenienne rappelant l’époque "Seventh Son Of A Seventh Son" mais sans la hargne et l'efficacité. C’est bien simple, on a l’impression qu’ARIA a voulu faire son "Moonchild". Le résultat se tient parfaitement mais est beaucoup moins bon que l’original. Au fil des écoutes j’en viendrais presque à l’apprécier mais la déception est grande. On est très loin des hymniques "Patriot" ou "What Have You Done To Your Dream?". Et "Balance Of Powers" n’arrange pas les choses avec sa structure et ses plans éculés. Mikhail Zhitnyakov sauve un peu le morceau du naufrage avec sa voix puissante, mais je n’arrive pas à me défaire de cette impression d’écouter "Shot In The Dark" d’OZZY OSBOURNE. Un double ratage d’entrée, mais qu’arrive-t-il à ARIA ?

Les arpèges de "Story Of A Murderer" parviennent enfin à installer une véritable ambiance. Les claviers sont d’un grand secours sur ce titre descriptif où la basse de Vitaly Dubinin marque les temps tels des battements de cœur. Le refrain très mid-tempo et assorti de chœurs est cette fois-ci réussi et parfaitement mémorisable. Et l’évolution du morceau, appuyée par une rythmique bien lourde, débouche sur un riff presque heavy/thrash qui dévoile un autre pan de cette composition à tiroirs. Le chanteur est ici encore impérial et la section solo n’est pas en reste. ARIA n’a pas complètement perdu la formule il semblerait.
Le plus funky "Black Legend" assorti de riffs à la Paul Gilbert démarre sous les meilleurs auspices avec ces petites touches de piano qui donnent une touche atmosphérique et épique aux couplets du morceau. Riche en changements de groove et d’ambiances, il demeure agréable à l’écoute malgré la faiblesse de certains passages (le pré-refrain et le refrain où le chant manque cruellement de conviction, le blues n’étant clairement pas le point fort du bonhomme). ARIA semble en meilleure forme que sur les premiers morceaux mais le malaise reste présent à l’image de ce "Fights Without Rules" qui plagierait presque "Torero".

Il faut atteindre la pièce-titre "Phoenix" pour retrouver ARIA en pleine possession de ses moyens. On découvre les graves suaves de Mikhail Zhitnyakov qui accentuent le caractère plus sombre du morceau, et si les lignes harmonisées évoquent une nouvelle fois la Vierge De Fer, la suite est plus réjouissante avec rythme dansant, bends hurleurs de guitare et refrain aux relents presque folk. Le développement plus progressif de cette pièce est aussi grandiose que "Play With Fire" et on y retrouve certains éléments par le choix de gammes utilisées par les guitaristes et le débit ternaire de la batterie. La plus grande réussite de l’album avec le titre final "Requiem", qui avec ses arrangements de claviers finit le disque sur une note positive. La mélodie du chant est cette fois-ci habitée et empreinte de mélancolie. La deuxième partie de l’album est clairement plus qualitative que la première. "Symphony Of Fire", assez inhabituelle pour du ARIA, avec son tempérament plus hard rock, marque quelques expérimentations de guitare à développer à l’avenir. Le morceau reste pour autant mollasson, la faute à certains breaks et transitions un peu bancales. "Attila" est en revanche l’autre morceau de bravoure de l’album avec "Phoenix" même si j’aurais là aussi aimé une implication plus franche au niveau du chant. L’architecture et les arrangements de ce morceau font taper du pied et nous tiennent en haleine. C’est sur ce morceau que Mikhail Zhitnyakov se rapproche le plus de Valery Kipelov même si l’âme slave y est moins exaltée. Encore un morceau pas mauvais mais banal ("Distant Light") pour arriver au dernier morceau "Requiem" au titre je l’espère pas prémonitoire.

Une vraie déception ! Le fan que je suis regrette l’abandon des atours plus power et trad qu’avaient assimilé le groupe sur ses deux précédents efforts et la qualité d’écriture des Russes, un peu émoussée ici. Le groupe est toujours capable de nous transporter comme en attestent "Phoenix", "Story Of A Murderer" ou "Requiem" regorgeant de bonnes idées. Mais le groupe n’évolue plus ici et trop de morceaux moyens viennent ternir ce "Phoenix" dont on pourrait dire qu’il renaît difficilement de ses cendres. ARIA a déjà prévu de réenregistrer certains de ses anciens morceaux avec la formation actuelle du groupe. Thérapie de groupe pour retrouver le feu sacré ? Qui sait ? On espère en tout cas revoir ARIA en meilleure forme sur le successeur de ce "Phoenix".

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   JEFF KANJI

 
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- Mikhail Zhitnyakov (chant)
- Vladimir Holstinin (guitare)
- Sergey Popov (guitare)
- Vitaly Dubinin (basse, chœurs, chant sur 6)
- Maxim Udalov (batterie)
- Igor Lobanov (textes sur 4,7,9)
- Margarita Pushkina (textes sur 1-3,5,6,8,10)


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