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CANNIBAL CORPSE - Kill (2006)
Par GORR le 24 Avril 2006          Consultée 24640 fois

Etre fan de CANNIBAL CORPSE, ce n'est pas donné à tout le monde. Heureusement pour l'heure, c'est justement mon cas, et l'annonce d'un nouvel album pour le gang floridiens a suscité nombre de réactions euphoriques de ma part. Mais je tiens à préciser que cette chronique sera tout de même complètement objective. Certes CANNIBAL CORPSE est devenu une sorte de mythe de nos jours, mais ce n'est pas une raison pour être indulgent avec eux. Pas de favoritisme, c'est comme ça et pas autrement !

Comme tout bon fan de death metal qui se respecte, la déclaration de CANNIBAL CORPSE il y a quelques mois comme quoi les bougres allaient revenir avec un nouvel album, avait occasionné en moi une sorte d'arrêt cardiaque. J'étais dans un premier temps ravi de retrouver mes Américains préférés et leur death metal de derrière les fagots. Une partie de moi ne pouvait pas oublier les chef d’œuvres tels « Tomb of Mutilated », « Eaten Back To Life », « The Bleeding » ou encore « Gallery of Suicide ». CANNIBAL CORPSE était un groupe que nous pouvions comparer avec une sorte de mythe du death metal du nouveau millénaire, ne s'arrêtant jamais devant rien et multipliant les sorties tous aussi géniales les unes que les autres. Mais une autre partie de moi avait en elle une grande frayeur de retrouver les floridiens. Après l'échec d'un « The Wretched Spawn » extrêmement mitigé, l'annonce de ce nouvel album allait peut-être laisser un mauvais présage dans l'air pour les américains.

Autant « Gore Obsessed » avait réussi à grappiller les quelques miettes d'un album excellent, autant « The Wretched Spawn » avait tout fait retomber en un bloc glacial. La recette s'épuisait pour CANNIBAL CORPSE, elle n'avait plus rien de bon, plus rien de vraiment original. C'était le temps des vaches maigres et des compositions pas terribles, déjà entendues et rabâchées sans cesse. CANNIBAL CORPSE montrait un certain essoufflement, et les fans ne mirent pas longtemps à s'en rendre compte. Le groupe commençait peu à peu à s'enfermer dans une succès trop routinier et nonchalant, ne se concentrant plus sur son travail de compositions, se laissant aller à la hâte en sortant un album totalement vidé d'émotions où seul le bourrinage intensif et linéaire dictait les ordres.

Le groupe devenait petit à petit trop technique et ses compositions n'avaient plus rien à voir avec leurs oeuvres antérieures. CANNIBAL CORPSE s'ouvrait une nouvelle voie, que peu avait appréciée. Les ambiances glauques de « Tomb of Mutilated », les tubes extrêmes de « Gore Obsessed » et la période old -school de « Eaten Back To Life », tout ça était passé à la trappe pour le groupe. Il n'avait presque plus rien d'intéressant, ne se démarquant même plus des autres formations death metal. CANNIBAL CORPSE n'avait pour ainsi dire plus rien de bon à offrir, et laissait l'image d'un groupe sans surprise, lessivé de toute hargne, sans grande vigueur, ne subsistant qu'un intérêt quelconque, même chez les plus puristes du combo.

Mais pendant que toutes ces désillusions ne faisaient que de se multiplier entre elles, la nouvelle du départ de Jack Owen vient bouleverser le monde du death metal, et celui de CANNIBAL CORPSE. Ce vieux briscard, guitariste de renom, à la patte sonore reconnaissable entre mille, laissait tomber la six cordes chez CANNIBAL CORPSE pour aller vaquer vainement du côté de DEICIDE pour quelques concerts. La nouvelle de ce départ n'allait pas arranger les choses pour CANNIBAL CORPSE, se répandant très vite dans les oreilles des fans. Mais que neni ! Les américains avaient plus d'un tour dans leur sac, et quelques mois plus tard nous découvrions le retour de Rob Barret (ex-MALEVOLENT CREATION) au sein du combo floridien! Ce fût pour moi une claque d'enfer, totalement inattendue mais infiniment réjouissante. Le guitariste de génie qui avait fait de « The Bleeding » la tuerie qu'il est aujourd'hui, était de retour, et pas content ! CANNIBAL CORPSE allait retrouver son inspiration, puisque cette renaissance était tout sauf attendue et elle allait redonner un second souffle pour un groupe qui en avait énormément besoin.

Ce fût donc sans surprise que la date du 27 mars allait être marquée d'une pierre blanche, puisque le nouvel opus de CANNIBAL CORPSE allait enfin sortir en France. D'une pierre (toujous blanche) de coup, je fis directement l'acquisition d'un album dont le présage devenait maintenant sûr : une tuerie incontestée. Et CANNIBAL CORPSE, comme à son habitude, n'a pas lésiné concernant le côté graphique de son album. Double digipack (avec une nouvelle formule très originale d'ouverture) présentant le nouvel album et un CD bonus d'un concert filmé à Strasbourg en 2004 (et ouais dans notre chère contrée). Concernant la pochette, elle est à la surprise de tous, plutôt soft dans le genre, plus du tout encombrée par quelques dessins gores, mais juste décorée du mot « KILL », l'insigne régnant sur la boucherie CANNIBAL CORPSE.

Garni de 13 nouveaux morceaux, ce nouvel opus intitulé softement « Kill », démarre sous de bonnes augures avec un morceau-intro, qui nous décoiffe déjà les oreilles. A peine le skeud enclenché que les cris de George Fisher résonnent déjà sous le terrible chaos des guitares électrifiées de Pat O'Brien et Rob Barret. Nous sommes déjà servis dès les premières secondes par un solo alambiqué et destructeur. "The Time To Kill Is Now" nous met déjà dans le bain et nous prévient qu'il va falloir s'accrocher aux branches pour de pas s'écrouler sous la déferlante incroyable de CANNIBAL CORPSE. Le groupe joue tout un attirail destructeur à travers sa musique, il détient les clefs de l'inhumanité et détruit le moindre partiel de tympans nous restant encore dans les esgourdes, à l'exemple de l'excellent et accrocheur "Make Them Suffer", gavé de petits éléments aguicheurs, dont un refrain magnifique. La voix de George Fisher est aussi à prendre en considération sur ce nouvel opus. Celle-ci reste pour ma part la seule déception dudit disque. Nous la sentons au fur et à mesure de l'album, de moins en moins brutale, se rapprochant même d'un registre vocal thrash/death. Elle reste toujours puissante et énergique dans son contexte mais n'a pas le mérite d'avoir gardée en elle toute la brutalité vocale nécessaire pour rendre ce disque encore plus magique.

Les morceaux sont le plus souvent courts mais alambiqués ("Murder Worship", "Maniacal", "Submerged In Boiling Flesh"). Les guitares de Rob et Pat s'accordent parfaitement, tant dans la rythmique que sur les passages accélérés ("Death Walking Terror"), et nouveauté pour moi, la batterie de Paul Mazurkiewicz me comble enfin avec de jolis blast-beasts qui se sont multipliés depuis leurs anciennes oeuvres, mais tenant encore et toujours une rythmique ardente sur tout les titres de cet album, et plus précisément sur "Barbaric Bludgeonings".

Tout est là pour nous dire de nous repasser le skeud pendant des heures et des heures, les riffs monstrueux de Rob en premier. Il est d'ailleurs plus que flagrant que l'on sent son retour au sein du combo en l'absence de Jack, les solos se faisant de moins en moins présents, mais la puissance des guitares se renforçant au fur et à mesure, le tout étant confirmé sur un morceau instrumental mythique, "Infinite Misery", où nous pouvons découvrir un Pat O'Brien électrisant, lâchant sa gratte céleste en nous envoyant au septième ciel sur un des meilleurs morceaux que CANNIBAL CORPSE n'ait jamais réalisé.

Si certains feront la moue concernant le surplus de titres que nous devons ingurgiter à l'écoute de « Kill », ils auront cependant beaucoup de raisons pour retrouver le sourire grâce à l'efficacité des compositions de cet album et leur temps plus succinct, rendant le tout beaucoup plus facile à avaler et d'une légèreté alléchante. Ainsi l'album s'absorbe d'une traite sans que nous faisions la grimace. La richesse des titres et leur puissance n'ayant d’égale que le néant, ne feront que donner à cet album une impétuosité apocalyptique pendant ces 40 minutes dantesques.

Enfin après avoir dégusté ce nouvel album, nous avons rendez-vous avec un joli concert en DVD bonus, filmé d'un live exécuté à Strasbourg en 2004. C'est donc avec joie que certains vont retrouver la salle mythique de la Laiterie, accueillant en ce jour les CANNIBAL CORPSE devant un public radieux et ravis de revoir leurs idoles pour une tournée européenne. Et le groupe va vite démarrer et enchaîner les titres dans une célérité alarmante. Parmi la set-list, nous pouvons retrouver toute la discographie du groupe en allant de « Eaten Back To Life » avec "Shredded Humans" débutant la soirée, à « The Wretched Spawn » avec "Decency Defied" et bien entendu en fin de concert, l'ultime "Hammer Smashed Face". Le tout est exécuté devant un public extrêmement réceptif, beaucoup de fans ne jurant que par CANNIBAL CORPSE étant présents. Seul petit défaut, le groupe a du mal à communiquer avec son auditoire. On sent qu'il écume les dates depuis pas mal de temps, et que la fatigue commence à se faire sentir, ce fait restant pardonnable étant donné le concert magistral que CANNIBAL CORPSE donne ce soir là. Les musiciens sont tout de même contents d'être là, même Jack Owen qui esquisse quelques sourires et bouge son corps de quelques centimètres. La qualité du DVD laisse cependant à désirer, mais là non plus ça n'est pas tellement un problème, le groupe rattrapant bien tout cela à travers un show incroyablement incisif.

C'est donc un retour en force tout à fait admirable que fournit ici CANNIBAL CORPSE. « Kill » est un album abouti, sérieux, travaillé et peaufiné à son maximum. Le groupe ne s'est vraiment pas foutu de nous, et nous fait oublier sans fondement l'erreur « The Wretched Spawn ». Ceux qui avaient prié pour un retour aussi bon que celui-ci sont à remercier, car CANNIBAL CORPSE signe ici l’un de ses meilleurs albums. Mon esprit de fan vient d'être récompensé.

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- George ''corpsegrinder'' Fisher (chant)
- Paul Mazurkiewicz (batterie)
- Pat O'brien (guitare)
- Alex Webster (basse)
- Rob Barrett (guitare)


- Album
1. The Time To Kill Is Now
2. Make Them Suffer
3. Murder Worship
4. Necrosadistic Warning
5. Five Nails Through The Neck
6. Purification By Fire
7. Death Walking Terror
8. Barbaric Bludgeonings
9. The Discipline Of Revenge
10. Brain Removal Device
11. Maniacal
12. Submerged In Boiling Flesh
13. Infinite Misery
- Dvd
14. Shredded Humans
15. Puncture Wound Massacre
16. Fucked With A Knife
17. Stripped, Raped And Strangled
18. Decency Defied
19. Vomit The Soul
20. Unleashing The Bloodthirsty
21. Pounded Into Dust
22. The Cryptic Stench
23. They Deserve To Die
24. Dormant Bodies Bursting
25. Gallery Of Suicide
26. Pit Of Zombies
27. The Wretched Spawn
28. Devoured By Vermin
29. A Skull Full Of Maggots
30. Hammer Smashed Face



             



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