Et de huit ! "Huit" quoi ? Huit membres amputés ? Huit mètres de viscères dévidés sur un sol tapissé de vomi ? Huit crânes éclatés au marteau ? Naaaan, huit albums pour les bouchers de CANNIBAL CORPSE. Et quoi de neuf (ahahah) chez nos floridiens intégristes du Death dégueulasse ? Ben, il suffit de regarder la pochette et de lire l’intitulé de cette nouvelle galette infectieuse pour le découvrir : « Gore Obsessed »... Tout est dit !

Oui, tout est dit, et c’est bien dommage. CANNIBAL CORPSE, c’est un peu l’archétype du coup de foudre : Ces mecs là ont fait l’expérience, très tôt, d’un amour immodéré pour un style bien particulier (le Death Gore) et n’ont plus, depuis, réellement manqué à l’engagement de fidélité contracté en cet instant fatidique... Alors bien sûr, il y eut quelques envies, quelques œillades filant en direction de terrains alléchants (« The Bleeding » et « Gallery Of Suicide »), mais CANNIBAL CORPSE revint toujours dare dare à son amour de jeunesse, d’abord avec « Vile », puis avec « Bloodthirst »... et chaque fois s’installa la désagréable impression que le groupe, à défaut de se casser la figure, ne faisait rien d’autre que de se rigidifier sur ses positions, comme incapable de faire plier quelque peu son extrêmisme.

Du coup, si la lune de miel semble ne jamais finir, il faut bien dire que les auditeurs que nous sommes, à défauts d’être nous-mêmes les captifs chimériques de cette utopie de l’amour absolu, ont légèrement tendance à s’ennuyer : « Gore Obsessed », c’est quarante minutes de ce Death ultra classique et assez technique que CANNIBAL CORPSE nous ressert à chaque fois (l’intro de "Pit Of Zombies", littéralement pompée sur celle de leur "Devoured By Vermin", en est un exemple frappant), pas forcément mauvais mais franchement très convenu et prévisible, avec toujours deux ou trois morceaux sortant du lot ("Hung And Bled", le lent et malsain "When Death Replaces Life", un "Grotesque" tourmenté et, à la rigueur, le facile "Pit Of Zombies" avec ses gros riffs cartons) et une grosse masse de titres plutôt indistincts. Et si le groupe joue de mieux en mieux, profitant en outre d’une bonne production, j’ai personnellement vraiment beaucoup de mal à aller jusqu’au bout de ce « Gore Obsessed » (alors que les meilleurs titres se trouvent, pour moi, en fin du disque) sans risquer à chaque fois la luxation de mâchoire, la faute à d’incoercibles baillements.

Le problème est donc simple, et semble à chaque fois se résumer à une équation claire : Si vous aimez CANNIBAL CORPSE, vous n’aurez aucun mal à apprécier cette nouvelle offrande clamant avec virulence, et jusque dans son intitulé, son allégeance à la cause du Death ; Si vous n’êtes pas spécialement fan du groupe et que vous ne désirez pas vous ruiner en achats dispendieux, procurez vous le Live (cf ma chronique pour de plus amples explications à ce sujet) ou, préférentiellement, les deux albums cités plus hauts. Car « Gore Obsessed », s’il reste efficace, n’est à mon sens ni le meilleur, ni le moins bon des albums de CANNIBAL CORPSE. Il est juste commun, peu inspiré et pas vraiment passionnant, sauf à ne jurer que par le Gore et ce groupe emblématique. Et ce n’est pas la reprise sans réelle surprise de METALLICA ("No remorse") qui viendra infléchir mon avis. Bof bof bof...