HYPOCRISY avait jeté l'éponge. C'était fort dommage tout de même. En 2 ans le monde du Metal avait réussi à s'en remettre. Mais leur Live de 1999 "Hypocrisy Destroys Wacken" annonçait une nouvelle plus terrible encore: HYPOCRISY reviendrait cette même année avec un album sobrement intitulé "Hypocrisy" (non, ne me faites pas compter l'apparition du mot "Hypocrisy" en 4 phrases). En effet, il n'est pas très poli de jouer avec les sentiments des gens. Mais s'agit-il d'un retour fracassant ou d'une reformation sentant le dollar plus qu'autre chose ? (oui, je sais le suspense n'est pas mon fort).

Voyons de plus près de quoi il en retourne. Le groupe joue moins vite, c'est une évidence. Il a privilégié le mid-tempo aux morceaux furieux et a plus misé sur l'ambiance que sur la vitesse. Il est toujours question de boucherie musicale dans des morceaux comme "Apocalyptic Hybrid", "Fusion Programmed Minds" ou encore "Time Warp", accompagnée d'un son excellent, la musique sacrément véloce accueille solos de bouchers, accélérations, ponts et breaks fusant de toutes parts, sous couvert d'un son de guitare encore très particulier: vif, aigu et tranchant. Un bonheur pour du Death Metal.

Le reste de l'album présente une face plus cachée du trio suédois. Le groupe a donné à sa musique un ton plus lourd, plus désespéré. La batterie se veut imposante mais lente, et les guitares moins aiguisées et moins rapides. On se retrouve face à un étonnant mélange entre un rythme mid-tempo, une voix toujours écorchée qui ne s'est pas améliorée (ceux qui n'aimaient pas avant ne risquent pas d'apprécier), des claviers discrets et des riffs créant une ambiance presque post-apocalyptique. Difficile de discerner dans ces brûlots qui restent très Death Metal cette touche de mélancolie et de désespoir présentes dans les refrains et dans la voix parfois agonisante de Peter Tägtgren. Cette alliance peu fréquente marche du feu de Dieu. La musique est accrocheuse, et les rythmiques donnent terriblement envie de faire tournoyer les cheveux. La présence de quelques éléments "Heavy Metal" notamment au niveau des solos ne fait que monter le niveau technique du groupe (qui en doutait, hein ?) et ces riffs à la limite du mélancolique sur fond d'ambiance futuriste bouleversent.

HYPOCRISY a écrit de très beaux morceaux, prenants, furieux, trahissant une sorte de haine contenue, refoulée peut-être. Les refrains s'inscrivent en mémoire dès la première écoute. Rien que "Fractured Millenium" annonce la couleur de l'album du plus bel effet. Et pourquoi ne parlerai-je pas des énormes "Elastic Inverted Visions", "Disconnected Magnetic Corridors" et "Paled Empty Sphere" dont le départ paisible ne sont que des précurseurs d'une mélodie proto-ballade géniale?

Quel retour fracassant (fin du suspense, bande d'angoissés) ! Si certains accès de Death Mélodique à la IN FLAMES ou de branlette de manche typée "Heavy Metal" ne peuvent être reniés, l'ensemble marque avec beaucoup de recul une forte innovation et une forte avancée chez HYPOCRISY, se targuant de tubes et de sauvagerie. Au suivant, M. Tägtgren.