Scène de ménage chez Hypocrisy. Masse Broberg et Jonas Österburg sont remerciés pour leur incompétence et autres conflits. Du coup c'est l'ami Peter Tägtgren qui occupera les postes vacants. Les petits finauds que vous êtes en déduiront qu'un changement de style accompagne souvent ces remaniements. Et vous n'aviez pas tort. Quittant leur imagerie et leurs paroles quelque peu morbides, le groupe rentre dans un contexte plus apocalyptique, plus éthéré parfois. Si les textes valent ce qu'ils valent, la musique s'est adoucie et le lancement de la machine Hypocrisy s'effectue véritablement à partir de "The Fourth Dimension".

Bien qu'ayant un son assez moyen dans l'ensemble, le résultat est acceptable sans être faramineux. Heureusement les rééditions de Nuclear Blast corrigent suffisamment bien le tir. En 1994 donc, Hypocrisy quitte son death-metal assez brutal pour lancer avec quelques autres groupes comme AT THE GATES et DARK TRANQUILLITY le mouvement death mélodique. Voilà. "The Fourth Dimension" est du death mélodique, avec quelques petites notes doom par moment, mais rien de bien transcendant. Rien de bien transcendant est la conclusion qui vient à l'esprit à l'écoute d'une petite poignée de morceaux comme "Never To Return", "Path To Babylon" ou "Slaughtered". Un rythme qui peut se trouver très pesant, voire un peu plus rapide mais loin d'atteindre la hargne d'un "Osculum Obscenum". Le bât blesse au niveau des mélodies: riffs pauvres, lignes musicales très classiques; bref des titres qui alourdissent.

Le constat n'est pas similaire pour le reste, on a même 3-4 excellents morceaux:
"Apocalypse", "Reincarnation", "The Fourth Dimension" et "The Arrival Of The Demons". Et on découvre ainsi l'ambiance d'Hypocrisy: apocalyptique et sans jamais oublier cette petite note émouvante émanant des guitares. Certains de ces morceaux seront particulièrement lents, faisant intervenir les claviers directement dans les compos. Cette musique évoque un certain aspect surnaturel et désespérant pour la première fois mise en valeur. Celà a d'ailleurs le mérite d'être souligné: que le death-metal puisse évoquer autre chose qu'une rafale de M16, des coups de couteau dans le flanc ou une copulation porcine.

En empruntant au Heavy Metal ces solos fins et ce goût du riff prenant, Hypocrisy allège et aère sa musique (le dernier morceau calme en est le parfait exemple). On retrouve quelques morceaux bien tranchants, un poil plus véloces, pour "Reborn", "Black Forest" ou "Orgy In Blood" qui, sans apporter beaucoup d'eau au moulin, restent efficaces.

Comme vous avez pu le constater, tout n'est pas parfait et tout n'est pas à jeter. Hypocrisy vient de lancer son style mais il tatônne encore un peu; j'en veux pour preuve quelques morceaux bien dispensables. La version remasterisée contient deux très bons morceaux "Request Denied" et "Strange Ways" (reprise de KISS) où Peter pousse la chansonnette, sans que celà soit forcément désagréable. Cependant, entre lenteur, lourdeur, aggressivité et classicisme, "The Fourth Dimension" est un peu bancal mais laisse présager le meilleur.