Quand on s’appelle Peter Tägtgren, on sait qu’un nom imprononçable vous obligera à toujours faire les choses sans concession afin de ne jamais souffrir la comparaison et s’assurer une domination qui empêchera les petits malins de se moquer de vous. HYPOCRISY est unique en son genre et reste à l’heure actuelle, l’un des rares combos pratiquant leur façon de voir le Death Metal et ce avec une popularité toujours grandissante et une carrière de vingt ans sans écueil majeur.

Quand on s’appelle Peter Tägtgren, on sait qu’on a la gueule d’un Johnny Depp complètement shooté, tant vos yeux semblent vouloir quitter leurs orbites. Tellement qu’on vous prendrait presque pour l’un des extra-terrestres que vos semblez admirer. Au fond ce sont peut-être eux vos amis ! De fait on vous voit rarement, que ce soit avec PAIN ou avec HYPOCRISY, occupé que vous êtes à produire les plus importants combos de la scène extrême (AMON AMARTH, CHILDREN OF BODOM, DIMMU BORGIR etc. la liste est longue comme la tignasse de Ross Dolan) enfermé dans votre Abyss Studio.
Stakhanoviste du Metal, ce sont 11 albums d’HYPOCRISY, 7 de PAIN, 2 de THE ABYSS et 1 de BLOODBATH qu’il laisse à la postérité après vingt ans de carrière.

Quand on s’appelle Peter Tägtgren et qu’on fête vingt ans de carrière avec le groupe qui a fait votre réputation, c’est nécessairement le feu d’artifice. Avec une grenade à fragmentation comme "A Taste Of Extreme Divinity" dans la besace, le moment paraît opportun. HYPOCRISY est plus vivace que jamais à l’image des deux premiers extraits de l’album qui ouvre ce concert dans une Sofia acquise à sa cause. La scène nimbée de bleue est à la fois intrigante et sobre. Lorsque retentissent les premières notes de "Valley Of The Damned" on est entraîné à une messe Death Metal d’une heure et demie où le groupe alterne avec beaucoup d’équilibre l’intégralité de son répertoire, n’hésitant pas à piocher dans ses premiers opus, des bombes comme "Pleasure And Molestation" n’ont pas pris une ride et surtout ne dénotent pas avec les influences plus Melodeath et Thrash que le groupe a incorporé à sa formule par la suite. Ce sont "The Final Chapter" et le petit dernier "A Taste Of Extreme Divinity" qui tirent leur épingle du jeu avec trois extraits chacun puis "Virus" et "Abducted " avec deux extraits. "Eraser" vient démontrer la qualité de "The Arrival", dernier opus sur lequel officia Lars Szöke, cogneur historique de la formation Suédoise.

Quand on s’appelle Peter Tägtgren, on sait aussi s’entourer. Avec le fidèle Mikael Hedlund qui écrase l’audience sous une chappe de plomb avec la profondeur de sa basse qui vrombit dans les graves, Horgh abat un boulot d’une précision et d’une efficacité sans faille. Celui qui a fait ses débuts sur "Virus" semble complètement à l’aise sur la musique puissante et assez mid-tempo d’HYPOCRISY. Avec un second guitariste propre pour contribuer à la lourdeur du son, Peter Tägtgren tient la baraque sans partage, assurant rythmiques démentielles et soli lumineux et invectivant la foule avec une agressivité non feinte, alternant son growl bien rugueux avec des accès Black d’une redoutable efficacité. Le show n’est pour autant pas statique, la caméra se chargeant de varier les angles avec une fréquence idéale. Nerveux mais pas épileptique, ce qui permet d’admirer le somptueux lightshow illuminant le Club Blue Box de Sofia. Le mélange blanc/bleu vu de la foule rappelle d'ailleurs étrangement la pochette du "Hypocrisy Destroys Wacken" paru en 1999. Le grain d’image est optimal. L’équipe de Ville Lipiäinen a effectué un travail d’une qualité remarquable, se rapprochant de l’immense réussite de DARK TRANQUILLITY sur son "Where Death Is Almost Alive". Une version Blu-ray de "Hell Over Sofia" est disponible. D'ailleurs, tout comme leurs homologues de Göteborg, le DVD contient un documentaire revisitant toute la carrière du groupe, faisant témoigner d'anciens membres du groupe, notamment leur premier vocaliste, l'imposant Masse Broberg, assorti d'images live et de coulisses d'époque.

Et enfin, quand on s’appelle Peter Tägtgren, on réussit à conserver sa crédibilité artistique avec une setlist équilibrée, alternant les ambiances particulières et mid-tempo ("Fire In The Sky") avec baston générale ("Warpath") ou encore scénario de film fantastique ("Eraser") avec Death Mélodique ultra-fédérateur ("Hang Him High"). HYPOCRISY peut se targuer d’une carrière sans le moindre faux pas, ce que ce DVD au son monumental (mixé aux Abyss Studio bien entendu) vient parachever du mieux qu’il était possible.