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IMMOLATION - Harnessing Ruin (2005)
Par MOX le 18 Avril 2005          Consultée 6978 fois

On attend légitimement moins d’un groupe qui baisse dans notre estime. Un "Close To A World Below" magnifique digéré, IMMOLATION entamait un léger virage mélodique sur "Unholy Cult" qui n’a jamais vraiment été à mon goût. Mais dans ma grande mansuétude, je leur ai octroyé une seconde chance (j’ai été moins prétentieux, il est vrai) qu’ils ont su saisir afin de réitérer un martelage de crâne génial dont je me languissais déjà. J’appris l’arrivée d’un nouveau batteur, Steve Shalaty, avec circonspection, puisqu’il aurait fort à faire pour parvenir au niveau d’Alex Hernandez.

Mes interrogations prirent fin bien assez tôt, au moment même où je fis une corrélation entre le nouveau jeu de batterie, très hautement varié, et la ligne musicale dominante de ce "Harnessing Ruin", suite logique (s’il est un terme couramment usité, c’est bien celui-ci, or il est parfaitement à sa place) de "Unholy Cult", mais aux teintes sonores bien plus crades qu’à l’accoutumée. En outre, il est étonnamment plus facile d’accès que son prédécesseur, car moins compact et varié. J’attire toute votre attention sur l’enregistrement, qui a subi on ne sait quel étouffement des plus sérieux et des plus jouissifs. Ces Américains n’étaient certes pas des férus de la production claire, mais ici on touche des bas-fonds musicaux qui servent magistralement bien la musique. Une impression d’évoluer dans une boue quasiment solide prend les devants, s’assurant qu’il nous est bien impossible de s'en échapper puisque l’écoute est prenante. On se surélève quelques secondes, réticents à cette bouillie musicale, puis on s’en rapproche à nouveau car malgré tout, chaque instrument est parfaitement audible. Couvert d’une épaisse couche de laine de verre, un frêle plancher délimite la pièce où l’auditeur pénètre pour la première fois, et la pièce d’où provient le vacarme.

Vacarme ? Honnêtement, non. IMMOLATION n’a de cesse de peaufiner son travail, cherchant à devenir plus subtil que brutal. "Harnessing Ruin" n’est pas à proprement parler du Brutal Death, pourtant l’essence même de violence extrême y est. Piégé dans cette masse marron et visqueuse, on subit ce déluge de guitares terriblement grasses, ces torrents de terre glaise en guise de percussions. Pour tenter de survivre, on échafaude des plans qui se soldent inévitablement par des pas lourds et une démarche grabataire. IMMOLATION est de plus en plus pesant, mais parvient à maintenir un rythme entraînant, passionnant parfois. Encore une fois, la recette est similaire à celle de "Unholy Cult", mais il y a une dose de réussite évidente, et "Harnessing Ruin" s’avale sans grande difficulté, absorption orale aidée par des riffs infernaux, des guitares plus aiguës et dissonantes, si spéciales car en totale antinomie avec cette atmosphère poisseuse, puisqu’elles m’évoquent le beau, le grand, l’inaccessible.

Tout au long de l’album, et notamment à travers ces secondes parties de morceaux, Robert Vigna réussit à imposer avec des sols – moins fous, plus mélodiques - la vision d’ensemble grandiose qui se dévoile au-dessus de nos têtes, faiblement harnachées sur nos corps qui, eux, sont solidement attachés à cette rivière gluante. Mais IMMOLATION cherche tout de même à masquer notre vue. Ces œillères resteront définitivement ; ce son pourrissant et ce Ross Dolan, très grand chanteur, vomissant avec classe et stabilité. Adhésion totale pour les quatre premiers titres, puisant dans cette veine très classique de construction de chansons (couplets et refrains pour ne pas les citer) : un talent à chaque fois renouvelé. Les gaillards ne s’arrêtent pas là, et proposent à de nombreuses reprises des secondes parties bien plus chaotiques et intéressantes.

Et s’il ne subsistait pas quelques faiblesses, notamment des couplets sans originalité et un dernier morceau pompant les idées précédentes, je laisserais un mot s’affirmer : impressionnant ! Musique outrageusement pondérée, baveuse, riche et accrocheuse. "Dead To Me" et son introduction acoustique menaçante, "Son Of Iniquity" et ses guitares en forme d’essaim d’abeilles, "My Own Enemy" et son final presque dansant. Oh, à deux doigts d’être géniaux, ils remontent superbement bien la barre, et balancent pendant quarante-quatre minutes la sauce la plus réussie après "Close To A World Below". De plus, étant moins brutal que ce dernier, "Harnessing Ruin" devient la meilleure acquisition pour pénétrer l’univers sale de ces, disons-le, mastodontes américains.

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- Ross Dolan (chant, basse)
- Robert Vigna (guitare)
- Bill Taylor (guitare)
- Steve Shalaty (batterie)


1. Swarm Of Terror
2. Our Savior Sleeps
3. Challenge The Storm
4. Harnessing Ruin
5. Dead To Me
6. Son Of Iniquity
7. My Own Enemy
8. Crown The Liar
9. At Mourning’s Twilight



             



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