"Transilvanian Hunger" constitue une sinon la référence du Black Metal primitif et aucun cliché n’est évité sur cette galette à la froideur effrayante. Je m’en vais vous les lister immédiatement.

Tout d’abord, la quasi-intégralité des paroles dont vous pouvez facilement deviner la thématique générale sont rédigées en norvégien. La moitié de celles-ci proviennent du cerveau du psychotique Varg Vikernes qui croupit toujours dans les geôles norvégiennes et passant son temps à élaborer de nouvelles théories philosophico-ridicules.
La pochette est d’un minimalisme collant à merveille à ce genre musical dont DARKTHRONE est l’un des plus dignes représentants.
Sur le dos du cd sont inscrits quelques mots qui ont fait couler un flot d’encre fétide. Critiqué pour avoir dénommé sa musique «black metal aryen norvégien», le groupe a du publier des excuses maladroites par voie de presse car ce petit malin de Fenriz a eu la bonne idée d’écrire que celui qui osera critiquer ce lp devrait immédiatement être qualifié de juif.
A la fin de "As Flittermice As Satans Spys", un message enregistré à l’envers, donc soi-disant subliminal, invite l’auditeur à rejoindre ses idoles et brûler les églises faites d’un bois particulièrement combustible.
L’album a été enregistré au studio Necrohell, c’est-à-dire dans un très modeste local équipé d’un portastudio quatre pistes.
La rumeur dit que le titre de l’album a été inspiré par Dead, chanteur décédé de MAYHEM, qui arborait très souvent avec une dérision noire un t-shirt «I love Transilvania».
Dernier détail avant de passer à la substantifique moelle, ce quatrième album est le dernier disque du groupe sorti chez le britannique Peaceville, les suivants étant édités par Satyr et son label à vocation nationaliste Moonfog.

Voilà pour le catalogue de clowneries dont chacun évaluera l’humour ou le sérieux à sa guise et qui, j’espère, ne vous déroutera pas de ce disque magnifique.

Lorsque certains me parlent de la puissance de MARDUK, je comprends aisément leur discours mais ce qu’ils ignorent, c’est que DARKTHRONE a construit avec "Transilvanian Hunger" un monument de violence et d’énergie possédant de surcroît un atout que n’ont jamais eu en main les suédois, cette atmosphère glaciale, vengeresse et sinistre.

Une comparaison s’impose avec la clef de voûte que représente "A Blaze In The Northern Sky".
La haine se veut ici plus féroce que sur le premier album black de Fenriz, Nocturno Culto et Zephirous, totalement furibonde et dévastatrice. L’aspect sombre et désespéré est présent comme sur tous les efforts de ces adeptes du côté obscur de la force mais le feeling punk laisse place à une colère dense, exaltée et nihiliste.

Le rythme ne faiblit jamais et le disque fait l’effet d’un rouleau compresseur dont l’unique vocation semble être la destruction. Les structures des morceaux restent simples et envoûtantes, les compositions se déroulant telle une litanie hérétique et sauvage dite par une voix déchirée et orchestrée par des guitares crispantes et une batterie apocalyptique.

"Transilvanian Hunger" est d’une pureté misanthropique qui signe la victoire du mal. Les ténèbres viennent de tomber définitivement et la voûte céleste est à jamais peuplée de créatures démoniaques. Ne tremblez plus, vous êtes déjà pétrifiés par la peur!