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DARKTHRONE - Eternal Hails (2021)
Par CITIZEN le 16 Août 2021          Consultée 2815 fois

Toutes les quelques années DARKTHRONE revient, comme Ulysse, comme Voldemort, comme Palpatine, comme Berlusconi. Comme pour les retours périodiques plus ou moins prévisibles de franchises fatiguées, de politiciens corrompus et de techniques littéraires foireuses utiles pour prolonger une série et faire quelques biftons, le duo ne prend pas forcément la peine de se fouler. Les chroniqueurs et les auditeurs non plus : au moment précis où la fanbase de DARKTHRONE commence collectivement à se rappeler que leur précédent opus commence à dater, le nom du nouvel album est droppé par Fenriz avec les nouvelles promesses et déclarations d’intention (ou de plagiat) artistique qui vont bien. C’est un peu comme les jours fériés, on sait plus ou moins quand c’est prévu, faut juste ajuster un peu et chaque année ils sont plus ou moins bienvenus ("Underground Resistance" c’est comme un jour férié qui tombe un jeudi, "Arctic Thunder" qui tombe un dimanche). Beaucoup vont faire l’impasse, d’ailleurs je remarque que personne n’a réclamé la chronique de "Old Star", tiens tiens. On en est à un point où même les plus dévoués des fans n’écoutent plus le groupe même plus par curiosité mais par automatisme ou par désœuvrement. Étant le plus laborieux des chroniqueurs, il me revient donc le Hard Metal sacerdoce de prendre sur moi et de parler de ce nouvel effort (en insistant sur "effort", il m’a fallu autant d’énergie pour commencer cette étude que pour me lever ce matin).

En fait plus que la remise en question du propos artistique du groupe, un nouveau DARKTHRONE est l’occasion d’une remise en question existentielle pour le chroniqueur moyen : comment juger ce nouvel album alors que je suis incapable de me rappeler quoi que ce soit du précédent ? Je veux dire, "Arctic Thunder" était poussif mais y avait une certaine ambiance, par contre quand je vois des gens discuter et vanter pas seulement des mérites respectifs de ces trois derniers albums mais également de leurs caractéristiques et de leur ambiance distincte, je me trémousse sur ma chaise en me demandant où est passé mon esprit critique. "Old Star" était différent de celui d’avant ? Et on peut vraiment parler individuellement de chacun de ces albums ? Les albums de "The Cult Is Alive" à "Underground Resistance" faisaient rager les plus puristes des fans mais au moins y avait des chansons, certes souvent extrêmement cheesy (je me permets l’anglicisme parce que la connotation fromagère est particulièrement adaptée, c’était du bon kitsch qui se dégustait bien avec un bon camembert-pinard) mais on pouvait alors choisir son camp, soit y avait rejet instinctif soit on adhérait. Ici tu peux l’écouter en entier et ne pas te rendre compte que tu te fais chier avant la fin tellement ça te passe largement au-dessus de la tête. Certes le début speedé de "His Master’s Voice" donne le change et offre la caution CELTIC FROST qu’on attendait, mais ça retombe quand même bien vite. Et franchement c'est quoi ces points de suspension là dans "Eternal Hails……..", on dirait un post passif-agressif sur un myspace d’emo en 2006. Un peu de tenue merde (*) !

Je vais quand même rentrer dans les détails, plus par obstination que par conviction. Le groupe revendique une certaine ambition puisqu'avec seulement cinq titres fort touffus il ne se donne absolument aucune place pour se planter, pourtant la première écoute est la bonne pour ce qui est de l'impression générale : le groupe s'en tire le mieux avec ses plans les plus bêtes et efficaces (cf "His Master’s Voice") et rame quand il s'agit de faire du sombre, en foirant surtout le dosage entre répétition contribuant à l'ambiance et remplissage. C'est essentiellement de remplissage qu'il s'agit, bien qu'aucune chanson ne soit complètement dépourvue d'idée, prouvant sans doute que DARKTHRONE n'est pas totalement en panne mais qu'ils ont juste oublié comment élaborer quelque chose de moins direct de manière convaincante, s'étant extrêmement dispersés depuis déjà longtemps. C'est donc plus une panne d'inspiration qu'autre chose et sans doute trop de légèreté. D'ailleurs, c'est quoi ces titres de chanson ultra génériques ? Même les albums les moins réputés de la fin des années 90 me laissent admiratif pour le cachet des titres qui véhiculent toujours un certain mystère, ici même les chansons semblent fades jusque dans leur titre, sauf "Voyage To A North Pole Adrift" et particulièrement "Lost Arcane City Of Uppåkra".

Prenons "Hate Cloak" : sur une chanson de neuf minutes le seul passage potable est celui qui suit le title drop, et c'est plus ou moins pareil pour la piste suivante où seul le point d'orgue de la chanson est écoutable, mais pourquoi pédaler autant dans la semoule pour en arriver là ? Les bonnes idées sont saupoudrées et les chansons ont parfois à la fois une mise en place trop laborieuse et des bons plans qui se contentent d'être répétés à loisir et peu retravaillés ou peu évolutifs, d'où le foirage complet du concept d'un album aux chansons longues et peu nombreuses. Voir "Voyage To A North Pole Adrift", pas le pire morceau : une intro très ambiancée ne se prolonge que par un martèlement mid-tempo à l'ambiance assez lunaire et tranquille qui correspond bien à cette pochette, mais susciter la torpeur est gage de succès ? Là où le manque d'inspiration fait mal c'est aussi qu'à chaque fois que le groupe accélère le propos il utilise des plans CELTIC-FROSTiens qui sont sympas mais font vraiment vraiment paresseux, ils font presque l'effet d'un Wilhelm scream à ce niveau.

La seule chanson vraiment réussie sans réserve est la dernière, "Lost Arcane City Of Uppåkra", avec son pilonage pachydermique et la voix totalement primitive et décomplexée de Nocturno Culto, plus le côté riff épique et drumming chaotique qui s'ensuit, pour le coup c'est également la seule chanson courte puisque elle passe sous la durée d'une chanson de Heavy Metal standard lorsqu'on déduit la deuxième moitié, consacrée à une espèce d'outro semi cosmique grandiose semi Doom très écrasant, assez réussie mais qui casse complètement le flow que DARKTHRONE avait réussi à construire avant.

À ce stade les atermoiements artistiques du groupe commencent à ennuyer plus qu’autre chose et ceux qui ont vraiment aimé les albums de Heavy francs du collier peuvent être lassés et souhaiter que le combo trouve une nouvelle ligne directrice. Parce que là chaque album commence à sonner plus ou moins pareil pour peu qu’on ait pas envie de déterminer à la décimale près la proportion exacte de Doom, de Heavy, de Black et de resucée de CELTIC FROST qui a présidé à la composition. Qu’on appelle ça du Heavy Blackened ou autre, je m’en fous ! À ce stade, je recommande au groupe de splitter et à ses deux membres de déménager aux extrémités de la Norvège et d’assumer leurs appétences divergentes, on sait jamais qui était assis sur le throne sombre lors de l’écriture d’un album. Était-ce Nocturno qui composait pendant que Fenriz était tenu en laisse à boire sagement ses 8.6 dans le coin du studio ? Était-ce l’histrion Fenriz qui essayait d’imiter son chanteur préféré du moment pendant que Nocturno préparait ses cours pour le lundi ? Ou est-ce qu’ils avaient la tête tous les deux ailleurs en se disant qu’il fallait faire un nouveau DARKTHRONE mais que le couple ne marche plus et que chacun aimerait bien pouvoir faire son truc dans son coin, Nocturno avec son EP de pur Heavy Undergroundresistancien GIFT OF GODS (qui a fait une super reprise de UNIVERSE) ou Fenriz qui vient de ressortir un truc de ISENGARD (mais encore plus à l’ouest par rapport aux vieux ISENGARD que les DARKTHRONE actuels par rapport aux anciens) ?

(*) OUI, je sais que c'est paraît-il un clin d'œil à "The Return", j'ai eu l'info.

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- Fenriz (batterie, basse, synthé)
- Nocturno Culto (chant, guitare, basse)


1. His Master's Voice
2. Hate Cloack
3. Wake Of The Awakened
4. Voyage To A North Pole Adrift
5. Lost Arcane City Of Uppåkra



             



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