DARK TRANQUILLITY est sorti de la pénombre en 1995 avec "The Gallery". Malgré les prédictions de rares augures avisés sur l’avenir de cette formation suédoise, "Skydancer" n’avait à son époque, fait guère plus que quelques vaguelettes à peine bonnes à s’initier en douceur au bodyboard. Ce deuxième effort provoquera sur la planète metal un véritable tsunami qui aujourd’hui encore a des répercussions sur la manière de composer de groupes même les plus jeunes.
Mais pourquoi donc, se dit le curieux ?

Mikael Stanne, ancien vocaliste d’IN FLAMES qui a, lui, remplacé son prédécesseur à ce même poste, a un timbre de voix tout à fait impersonnel. Pour ne rien arranger, le producteur, qui n’est autre que monsieur « son de Göteborg » Fredrik Nordström, a fait passer l’énergumène devant tous les instrumentistes au mixage. Cette star des manettes ne m’a d’ailleurs jamais impressionné par son savoir-faire ni sur "The Gallery", ni sur ces travaux plus récents. Autre souci, malgré les dires des fans aveuglés, les morceaux connaissent tous une progression approximative (ne pas confondre complexité et progression, s’il vous plaît) et les riffs sont loin d’être tous mémorables.

Mais qu’est-ce que ce crétin de Possopo vient encore d’écrire là ? Comment cet outrecuidant ose-t-il s’attaquer de manière aussi vile à ce chef-d’œuvre des années 90 ? Il serait peut-être temps de censurer certains auteurs, non ?

Bon, d’accord, cette chronique commence assez mal mais j’avais envie de lister les défauts de ce disque qui, bien que bénéficiant d’une ferveur populaire immense n’en est pas exempt (de défauts, pas de ferveur sinon ça ne veut rien dire).

Passons maintenant au massage de l’objet à la crème de phoque. La bête absorbera aisément toute cette substance graisseuse tant ses atouts sont forts et compensent logiquement ses imperfections.

Ces atouts ne sont pas si nombreux mais ils ont l’avantage d’être imprenables. Si les morceaux ne suivent pas toujours une ligne directrice au tracé parfait, ce chemin sinueux aux contours parfois flous est fascinant à suivre tant le foisonnement des idées est impressionnant. Ces idées sont à peu près toutes exploitées par les guitares techniques et effrénées. Les nombreux schémas mélodiques utilisés par les deux manieurs de manche, certes inspirés par les grands du heavy, sont captivants. Leur discours est élégant, profond et même si, je le répète, sa construction est bancale, il permet au moins de se rendre compte de l’activité cérébrale intense de ses locuteurs. Notons que Niklas Sundin, l’un des deux protagonistes de ces dialogues à douze cordes possède également des talents de graphiste, l’homme ayant travaillé avec AND OCEANS et d’autres, et une certaine aptitude à l’écriture.

"The Gallery" est la disque référence d’un groupe référence en matière de death mélodique. Il est aussi l’un des trois canassons du tiercé gagnant du death mélodique qui a permis l’explosion du genre (les deux autres bourriques étant à mon sens "The Jester Race" et "Slaughter Of The Soul"), vous savez donc à quoi vous en tenir.