Lorsque l'on dispose d'une section rythmique au poil, d'une paire de guitaristes carrés et vindicatifs, et que l'on compte en ses rangs un chanteur charismatique à la voix rugueuse et puissante, il y a fort à parier que les étoiles parviendront bien, un jour, à s'aligner. Pour SHAKRA, les astres auront été favorables dès le début de l'histoire de ce quintet suisse qui, à la fin des années 90, donne naissance à deux albums d'un Hard Rock rageur et burné, empreints d'une forte influence AC/DCienne. Après des tournées effectuées en première partie de GREAT WHITE ou URIAH HEEP, le groupe profite d'une escale dans son pays natal, pour enregistrer à Wattenwil, le 11 décembre 1999, son premier album live.

La sortie d'un Live, avec seulement deux albums dans la besace, pourrait paraître un poil prématurée. Néanmoins, alors que le groupe est en pleine ascension, cette sortie constitue un sympathique best-of des deux premières sorties du groupe. Les arguments en sa faveur sont nombreux : le son, clair et aux petits oignons, se fait équilibré et joue grandement en faveur du groupe. Il en va de même pour le public, totalement acquis à la cause des petits Suisses, et qui n'hésite pas à donner de la voix. Et la prestation en elle-même constitue un véritable moment de bonheur : ouvrant le show pour BONFIRE, à qui ils tentent de voler la vedette, les SHAKRA dégainent leurs meilleures cartouches. Se concentrant tout d'abord sur son dernier album en date, "Moving Force", le groupe démarre en trombe avec le plombé "Nothing To Lose", dont le riff pachydermique et le refrain entêtant et fédérateur ont vite fait de donner le ton du concert. En 10 morceaux à peine (concert en première partie oblige), SHAKRA déploie son (déjà grand) savoir-faire et fait preuve d'un professionnalisme impeccable dans la rendition de son Hard Rock fun et rafraîchissant. L'ultra-énergique "Don't Try To Call", le très mélodique "Faces", prétexte à une participation du public, ou le plus sombre "Wonder" que le groupe est parvenu à frapper un grand coup avec son deuxième album.

Les titres issus du premier opus passent également fort bien le cap de la scène : la ballade "And Life Begins", délicate et lancinante, constitue un petit moment de douceur. Mais ce sont bien les pièces Hard Rock directes, voire un peu naïves, que sont "Hands on The Trigger", "The Devil In Me", fortement marqué par l'influence AC/DC, ou encore "Lovers On The Run", autant de témoignages d'un groupe déjà sûr de son fait. Chose inédite pour une première partie, SHAKRA aura même droit à un rappel de la part du public, rendant ainsi la tâche d'autant plus difficile pour des BONFIRE un peu moins fringants au tournant du siècle nouveau.

Sympathique résumé de la première partie de carrière du groupe suisse ("Power Ride", sorti l'année suivante, témoigne déjà d'une évolution notable), "The Live Side" montre un groupe aux dents longues, dont la prestation carrée et solide donne un bon aperçu de l'ascension qui va suivre, le groupe s'installant peu à peu comme un membre essentiel et reconnu de la scène Hard Rock suisse. Un bon condensé des deux premiers albums du groupe, pour ceux qui ne les auraient pas encore, et un excellent aperçu de la période Pete Weidmer.

3,5/5.