La réunion de "The Formation Of Damnation" était prometteuse. On peut dire qu’avec "Dark Roots Of Earth", TESTAMENT passe la surmultipliée. Qui l’eut cru ? L’éternel second couteau, condamné à errer dans l’ombre d’un METALLICA dont il est l’un des fils spirituels a fait oublier qu’il partageait avec son aîné le goût de l’évolution. Et si le premier a suivi des sentiers parfois hasardeux, TESTAMENT a toujours réussi avec plus ou moins de brio à conserver une cohérence et surtout à progresser et maintenir la qualité de ses sorties pour devenir un poids lourd du genre !

"Low" avait été un véritable tour de force stylistique qui les voyait s’éloigner de leur grand-frère malgré le trou béant laissé par le départ d’Alex Sholnick. Mais la paire qu’il forme à nouveau avec Eric Peterson est à son meilleur sur ce nouvel opus, clairement l’un des albums de Thrash les plus enthousiasmants de ces dernières années et sans doute le meilleur de cette cuvée 2012 à égalité avec le "Phantom Antichrist" de KREATOR. Chuck Billy est épatant. L’hymne rouleau compresseur "Rise Up" en atteste. Un refrain ultra-fédérateur agrémenté de riffs démonte-nuque et de la voix vindicative de Chuck Billy alternant chant Thrash et growls caverneux. Et quand ce n’est pas lui qui se porte caution, Gene Hoglan est là pour martyriser ses fûts, voire intégrer des blast beats énergiques et forts à propos ("True American Hate"). Les textes ont été cette fois-ci rédigés avec l’aide d’auteurs extérieurs. Steve Souza (ex-EXODUS) est de ceux-là, en proche du groupe qu’il est depuis des années. L’occasion pour Chuck Billy d’éructer sur "Native Blood" (dont il a enregistré une version en Espagnol) ou d’accentuer les arpèges sombres de "Cold Embrace". Aucun faux-pas sur ce manifeste de Thrash Metal estampillé « Bay Area » comme les géants du style ne nous en servent plus.

Un mot sur les covers. Outre des choix originaux (à l’exception de "Powerslave", pas plus extraordinaire que ce qu’en avait fait DARKANE il y a quelques années), le travail de réadaptation effectué sur le "Dragon Attack" de QUEEN et "Animal Magnetism" (pas le morceau le plus évident du répertoire des Scorps) est non seulement intéressant mais également très TESTAMENTesque. Un joli tour de force !