Quand un jour à l'internat ma copine Amandine me fait passer ce CD gravé, je ne sais absolument pas à quoi m'attendre… Je suis au début de ma culture metallique et je m'extasie devant "Ride The Lightning" et surtout "Master Of Puppets" qu'un autre copain m'a prêté. La belle blonde a de solides références ; en plus d'être splendide et de jouer de la guitare depuis l'enfance, elle idolâtre Mark Knopfler et Bob Marley, et connaît déjà BLIND GUARDIAN et NIGHTWISH (nous sommes en 2004 pour rappel) ; le genre de personne à qui on donne le diable sans confession.

"Follow The Reaper" est le premier disque de CHILDREN OF BODOM que j'écoutai alors bien entendu, et plus important, il fut mon premier contact charnel avec la musique extrême. J'avais bien emprunté plus tôt à la médiathèque le "Decade Of Aggression" de SLAYER dans le cadre de mon travail de TPE, mais hormis la vitesse, je n'avais pas accroché à cette musique de sauvage si ce n'est à "Angel Of Death". "Follow The Reaper" est le premier disque qui me donne envie de comprendre l'extrême ; la virtuosité y est supérieure à NIGHTWISH, la production clinquante est cependant similaire, et les claviers sortent de tous les coins du mix. Il y a de quoi être intrigué !

Et puis il y a ce chant. La plus grande source d'incompréhension vis-à-vis de ce groupe aux qualités mélodiques indéniables, cette musique enjouée et rapide qu'on imagine facilement portée par l'un de ces chanteurs à la voix puissante et claire, comme cela se faisait beaucoup à l'époque la Finlande regorgeant de nombreux candidats potentiels. Je ne suis à l'époque pas encore prêt pour le chant extrême, surtout sur une musique qui de l'extérieur apparaît très proche de ce que produisent alors SONATA ARCTICA, STRATOVARIUS ou encore NIGHTWISH. CHILDREN OF BODOM aura bâti sa particularité sur le chant écorché d'Alexi Laiho, avec un tel succès, ce n'est plus un défaut mais une marque de fabrique.

Ensuite il y a les compositions de "Follow The Reaper"… Et là c'est un strike ! Neuf titres, neuf brûlots qui déchirent leur race, de la variété dans les tempi, les plans de guitare fous de la paire Laiho/Kuoppala, ces riffs et ritournelles mélodiques addictives ; CHILDREN OF BODOM est un royaume où les guitares sont reines et ne se départissent jamais de leur vivacité, pour ne pas parler d'une certaine virtuosité. Cet album a fait exploser la popularité du groupe et on comprend à l'écoute de "Mask Of Sanity", de "Children Of Decadence" ou "Hate Me!" à quel point ce succès était loin d'être galvaudé.