Chers Terriens, frères de Metal, je m’adresse à vous aujourd’hui car la situation est grave, très grave. L’être humain a prouvé sa résistance à plusieurs reprises dans les dernières années, face au Chikungnagna, à la grippe aviaire et à la campagne des élections présidentielles. Et tout ça pour quoi? Pour succomber aujourd’hui à un virus mortel venu de Suisse, et auquel nul être humain doté d’un appendice auditif en état de marche ne pourra échapper.

La tête et les jambes seront les premiers organes infectés. Ils se mettront à bouger de haut en bas et d’avant en arrière de façon incontrôlable. Ce symptôme, appelé "groove" dans le jargon médical est présent tout au long de l’album, que ce soit sur les souches les plus roots ("Playing With Fire", "Higher Love", "Cardiophobia", "The Other Side") dont les origines remontent aux premiers pas du groupe en 1998, mais aussi sur les souches les plus agressives et Metal, qui sont apparues en 2003 avec le nouveau vocaliste Mark Fox ("Inferno", "The One", "Dance With Madness").

La structure des morceaux est extrêmement simple et ne change pas : intro mélodique à la guitare lead, riff plaqué qui annonce la couleur, chant rugueux, refrain irrésistible, solo et de nouveau, refrain avant de terminer en reprenant le riff du début. Mais ici, ce qui est inquiétant, c’est que tant au niveau des arrangements que de la qualité technique et de composition nous atteignons aujourd’hui un seuil jamais atteint par le passé et qui dépasse toutes les précédentes réalisations de SHAKRA, même le pourtant excellent "Rising" qui avait fait l’unanimité en 2003.

L’infection se fait en 13 étapes, 11 morceaux allant du Hard Rock classique (à rapprocher des premiers GOTTHARD) au Hard agressif, presque Metal, pouvant rappeler MOTORJESUS ou PURE INc. (pour rester chez les Suisses). Et puis deux power ballades, dans la plus pure tradition SHAKRA, qui ont le mérite de varier un peu des précédentes ballades du groupe grâce à l’ajout d’un piano ("Love Will Find A Way").
D’autre part, le groupe a totalement délaissé le côté plus sombre qu’il avait un peu développé avec "Fall", et ceux qui avaient été légèrement déçus par cet album pourront bien vite se rassurer : tout ici est direct et accroche dès la première écoute.

SHAKRA est donc un peu comme un logiciel qui sort des mises à jour régulières : le fond reste toujours le même, mais la forme subit quelques modifications subtiles et quelques ajouts supplémentaires qui font que la dernière version est toujours indispensable. "Infected" est donc l’album dont tous les amateurs du groupe se délecteront, et dont tout ceux qui souhaitent découvrir ce groupe ô combien sous-estimé feront l’acquisition.