"Decade Of Agression" est inoubliable car c'est un best-of. Le meilleur que pourra jamais sortir SLAYER. Il contient l'essentiel de ses cinq premiers et meilleurs (?) albums, le début et sommet d'une longue carrière dont le trajet ressemble étrangement à celui de METALLICA et MEGADETH. La raison ? Les temps ont changé, les fans sont restés accrochés dans le passé car les premiers albums de ces titans étaient trop forts, les poilus ont perdu du punch au fil de la modernité ingrate tout en continuant d'accumuler les albums. Que voulez-vous, faut bien manger… Si on écoutait les fans parfois, SLAYER aurait cessé de jouer en 1991 et vivrait probablement dans une bidonzone bourrée d'anciens rockers jetés aux oubliettes après leur pic créatif. Durs sommes-nous quand la passion et la déception nous aveuglent.

Tom Araya est presqu'émouvant dans son rôle de maître de piste: il est si poli, généreux, avec la foule, il ne prend personne pour acquis et conseille même aux spectateurs de prendre soin les uns des autres! Un vrai Jésus! Et que dire lorsqu'il s'égosille et manque carrément de souffle… Ou serait-ce la technique qui fait défaut ? Car on perd souvent ce qu'il dit et hurle, dommage. Sans oublier quelques parties musicales mal rendues ou des soli bâclés. Mais bon, c'est du live, alors tout est possible, King aime quand ça va vite-vite-vite. Et le double album n'est pas très jeune, alors relativisons…

Mais merde que la setlist est hallucinante. Hit après hit. Que dire du duo "Dead Skin Mask" et "Seasons In The Abyss" ? Le début de "Hell Awaits" et "Angel Of Death", le détour vers des pièces « moins connues » aux deux tiers du concert pour un retour triomphal à la fin ? Que de génie dans cet alignement, un équilibre parfait. Un groupe au sommet de sa gloire.

Indéniablement une pièce de collection, un souvenir, un album auquel on revient sans cesse. La Bible d'un groupe, la Bible d'une époque, celle du vieux Thrash qui suinte.

4,5/5.