« Ah, c'est comme ça que ça devait sonner ! Avoir su… les critiques de "Morbid Visions" au fil des années auraient été moins chiantes ! »

PUTAIN !!! Quelle (re)découverte ! C'est la première fois que je suis subjugué par un réenregistrement. "Morbid Visions" contenait des pépites dorées finalement, pas juste des pommes de route !

Les frères Cavalera ont réglé leurs dettes avec la planète Metal ; ce réenregistrement de leur premier album est absolument dantesque, mémorable, impressionnant de chez impressionnant ! C'est comme si, près de 40 ans plus tard (QUATRE DÉCENNIES BORDEL !!!), ils se réveillaient en famille d'un sommeil profond et se disaient que finalement, leur premier skeud n'avait pas bénéficié de la prod' idéale. Ce que nous, observateurs, lui reprochons depuis ce temps… La magie de la modernité permet de rectifier le tir et devinez quoi ? Sur ce "Morbid Visions" v2, on est à l'apex de cette pyramide brésilienne !

Après une seule écoute, vous avez d'ores et déjà saisi la stratégie de CAVALERA CONSPIRACY : prouver, sans lésiner sur les efforts et la dévastation bestiale, que "Morbid Visions" est constellé de flashs plus aveuglants qu'on aurait pu croire ces 40 dernières années. De compos ultra simplistes, rentre-dedans, à la plume naïve, presque niaise, mais une fois livrées avec ce panache, ultra digestes. On a même envie de gloutonner, imaginez ! Alors que la v1, mal foutue et anecdotique, même pour l'époque, répugnait le moindre pif, la v2 envoie du lourd et rend justice aux thématiques aujourd'hui clichés que SEPULTURA a cultivées sur ce « coucou ! » à la planète Metal.

Faites le test, juste pour voir : pesez sur Pause au beau milieu d'une débâcle que vous (re)appréciez et goûtez au silence. Ce dernier pèsera plus lourdement que n'importe lequel. Cette revisite de "Morbid Visions" a cet effet ravageur et tranché que tout album réussi possède. Il possède ce degré de maîtrise et de violence que tout groupe aligné sur son X brandit fièrement. Il a le pouvoir de vous crever les tympans en vous forçant à en redemander. Tout ça pour un « re-recordigne »…

Si je devais résumer le buffet : la simplicité est MAXimisée. Tout est exubérant et puissant dans cette remâchée de pièces pourtant si élémentaires ! CAVALERA CONSPIRACY, dans une osmose intime achevée, comble les lacunes de l'original en emplissant les interstices de son venin, en accélérant le rythme et en se servant sans gêne dans la boîte à outils modernes. C'est ce qui distingue un remix ou un réenregistrement de toute manière, alors sus aux puristes et aux réacs ! Daniel Gonzalez riffe comme un chef à la lead en foutant une dérouillée à Jairo T. et le bassiste et fils de Max, Igor Amadeus, arrive solidement à consolider toute cette agression. Même le chant de papa Max est foutrement balèze et arrachera des scalps si vous osez vous marrer ! Une stupéfaction, vous dis-je… Ce retour dans le passé a donné un coup de jeune à l'orchestre !

Pensez à une vieille moissonneuse-batteuse abandonnée dans un champ à qui on aurait jeté un sort style : « Production à 500%, vitesse de croisière 10 km ». Ou à un vieux taureau qu'on aurait revigoré avec un cocktail amphet'-Red Bull ! Vous voyez la scène ? Les boys de CAVALERA CONSPIRACY se sont fait plaisir avec cette reprise, jusqu'à un niveau près de l'orgasme, j'en suis convaincu. Ils ont sans doute aussi eu une révélation en dépoussiérant leurs vieilles feuilles à musique.

J'entends déjà ceux et celles qui ne connaissaient pas SEPULTURA ou "Morbid Visions" crier à l'abus d'enthousiasme… Vous avez en partie raison ; on est aux antipodes des cadors actuels du Thrash ou du Death. Sauf que le Thrash/Death joué par SEPULTURA au début de sa carrière est rarissime en 2024, alors certains groupes devraient en prendre de la graine… Disons que CAVALERA CONSPIRACY a tiré sur deux tableaux : il a contenté les vieux et a donné une petite leçon d'histoire artistique métallique aux jeunes.

Comme diraient les ados : « OK. Et pis ? » Quand cet album est sorti, j'avais 5 ans. De le savourer sous cette forme à 43 ans me fendille le rictus de bonheur, comme quoi la Dolorean n'est pas une machine si infernale, hein Doc ? Fuck, une chance que je n'ai lu aucune critique ni commentaire avant de m'atteler à cette tâche… Ma joie aurait été aussi forte, mais peut-être pas si franche.

Après avoir reçu cette médecine, vous vous écrirez : « Ah, c'est comme ça que ça devRait sonner ! » Et vous auriez raison, car CAVALERA CONSPIRACY l'a compris en transformant ces visions morbides en réalité. La pochette retouchée d'Eliran Kantor prend d'ailleurs tout son sens avec cette prouesse…

Podium : (or) "Troops Of Doom", (argent) "Crucifixion", (bronze) "Funeral Rites".

Indice de violence : 3,5/5.