Formé de membres ou d'anciens adjoints de groupes de Thrash / Power américains, les Californiens de ANGER AS ART avaient l'intention en 2006, en fondant ce furieux combo de Thrash old school, de ne pas faire mourir la flamme de haine vacillant dans leur âme de vieux métalleux retors. Et force est d'admettre que la bande de Pasadena s'en sort bien, en nous foutant dix gros pains dans la gueule. De quoi nous défigurer…

Regardez la créature (une goule ?) sur la pochette et écoutez le chanteur, Steve Gaines, et vous avez un match parfait. Ça commence bien ! Le mec hurle sur "Disfigure" comme si c'était sa dernière virée en enfer sur sa motocyclette, alors que "The Crush" assassine carrément avec son riff et sa rythmique dignes du plus gros moshpit jamais tourbillonné. En live ce morceau doit être hallucinant, je paierais cher pour me faire charcuter dans l'œil du cyclone. Assurément une des bonnes tranches de lard Thrash des dernières années.

"The Crush" est non seulement la démonstration la plus impétueuse de l'album, mais elle ouvre les vannes d'une dégelée de hits à base de guitares obèses mais dérouillées et d'une basse, mais amis, une basse ! Angelo Espino est un de mes héros sur cette galette, il porte aux nues les lignes de ses comparses derrière les deux manches qui, en véritable duo machiavélique, mélangent les soli de fou avec les mélodies brûlantes. Je vous dis, ça décape. Idéal pour le ménage du printemps : la chaîne de son dans le tapis, les portes et fenêtres ouvertes et le méchant sort à la vitesse de l'éclair. Pas besoin de balai ou de torchon, car ANGER AS ART balaye et torche tout sur son passage ("Anger Is A Gift"). Et de la bonne vieille façon.

Mais… l'album est quelque peu faible dans les coins ; suffisant manque de jus pour rater l'excellent disque. Ben oui, y'en manque souvent et là, faut avouer que les Américains, malgré de foutues compos de la mort (la monstrueuse "They All Fall Down", la clôture en béton armé "Dissention" et l'entraînante "Appease An Angry God"), en expulsent d'autres plus faibles qui viennent gâcher un peu le tableau. Je pense notamment à la morsure-titre ou à "Seed Of Hate". Vous remarquerez aussi la ressemblance de la gratte sur "I Am Your Enemy" avec celle de "The Crush"… Pas fort.

On se repassera donc les meilleures ad vitam, car merde qu'elles sont bonnes ! Le genre de morceaux qu'on peut graver sur un best of perso sans avoir peur de s'en lasser, comme d'une vieille galoche ou une nana dont la noix se fracasse pendant un film allemand. Pas américain, s'entend…

La prod' sonne un peu vieux poêle, mais pas tant que ça. Il y a old school et old school. L'école des Thrasheurs californiens est à la mode figurez-vous et ils se targuent d'ailleurs de faire partie de la classe des vétérans responsables de la remontée du Thrash. Le fameux « revival Thrash » que plusieurs refusent encore de voir… S'il continue de se matérialiser avec autant de fougue, les sceptiques seront complètement confondus.

ANGER AS ART s'empare de la pôle en ce qui a trait à mon précoce palmarès Thrash de 2010. C'est pas volé, car sur dix pains, j'en ai mangés au bas mot sept, donc je suis amplement sustenté.

Puissant.

Note : 3,5/5 (0,5 par pain) !