Qu’il est dur d’aimer SAMAEL. Entre la volonté du groupe de partir à fond dans ses délires qui parfois laissent les trois-quart de ses auditeurs sur le carreau (je pense notamment à "Era One & Lessons In Magic" et "Above") et la sensation parfois que le groupe se repose un peu trop sur ce qui a été fait par le passé, notamment sur "Passage", il y a de quoi ne pas trop savoir quoi faire avec eux. Et c’est là qu’intervient "Hegemony".

"Hegemony" se pose comme la suite de "Lux Mundi", ce qui de prime abord peut faire peur vu que ce dernier est l’album le plus faible de la formation. Néanmoins, là où "Lux Mundi" avait de grosses baisses de régime, "Hegemony" se montre très homogène. L’album est un bloc massif de Black Indus comme sait si bien le faire SAMAEL. Et là est probablement le problème pour beaucoup : l’album sonne trop familier. SAMAEL fait du SAMAEL et le fait bien, mais il n’y a pas cette envie d’explorer d’autres horizons qui transparaissait dans toute les autres sorties du groupe (oui, même dans "Lux Mundi").

On sent que les suisses se sont refaits quelques écoutes de "Passage" tant c’est l’album qui nous vient le plus facilement en tête quand on cherche la comparaison lors de l’écoute. Des riffs a mi-chemin entre le Black et l’Indus, une lourdeur omniprésente, le chant si particulier de Vorph et les claviers symphoniques de Xy, changez juste la production et on se retrouve en 1996. Mais si des "Angel of Wrath", "Red Planet" ou autre "Dictate of Transparency" sortent de ce moule? on note de manière plus ponctuelle des renvois à d’autres albums. "Black Supremacy" sonne comme du "Above" avec une prod moins étouffante et bordélique et offre un des rares moments vraiment speed de l’album ou encore "Samael" et "Rites Of Renewal" me semblent dans l’esprit d’un "Solar Soul" de par leur aspect grandiose et martial, esprit qui transparaît aussi au niveau de certains claviers distillés tout au long de l'album (les légers chœurs en fond de "This World" sont pour moi l'exemple le plus parlant).

Alors qu’on soit clair, SAMAEL fait du neuf avec du vieux, je n’en suis pas énormément gêné du moment que c’est bien fait, et force est d’avouer que l’album fait le café. Certains morceaux sont d’ailleurs de petites tueries. "Red Planet" par exemple, mon morceau favori contient un refrain des plus massifs et fédérateurs porté par des claviers martiaux. J’ai presque envie de dire que c’est un des meilleurs morceaux du groupe. "Black Supremacy" est quand à lui un pur morceau défouloir qui dynamite complètement le rythme général plutôt mid-tempo de l’album. Et je vais finir en citant "Land Of Living" qui manie à la perfection ses accélérations et ses ralentissements pour un morceau des plus accrocheurs.

Donc oui, "Hegemony" ne cherche pas à aller de l’avant, et c’est notamment la principale critique faite à l’encontre de cet album, et moi-même j’aurais aimé voir un peu plus d’idées nouvelles dans la musique du groupe. Et puis merde quoi, les gars, vous avez eu Drop, anciennement de SYBREED qui a rejoint votre line-up entre "Lux Mundi" et "Hegemony" ! Je veux bien que les morceaux étaient déjà composés à l’époque, mais quand même je suis sûr qu’en le faisant participer à la composition, il y a de quoi faire évoluer la musique de SAMAEL dans le bon sens. Pour le prochain album peut-être.