Il y a quelque chose d'incroyablement fascinant dans un bon riff. Peut-être est-ce l'impression immédiate que l'on écoute la musique pourtant muette d'une pièce d'orfèvre. Ou peut-être est-ce simplement le fait de ressentir un sentiment d'extase lors de son exécution, sentiment qui ne diminue jamais avec le temps. Aussi dans le vaste monde du Metal, CANNIBAL CORPSE est-il devenu un véritable maître, dont l'aisance frôle l'indécence.

Dès "High Velocity Impact Splatter" tout est dit. Les guitares sont des lance-flammes, la batterie un implacable marteau-piqueur et Corpsegrinder conserve tout le gras qui fait sa force. Pourtant CANNIBAL CORPSE revient différemment, loin du semi-mauvais "Torture" et du semi-bon "Kill". Les riffs sont meilleurs, le jeu plus technique, et le tout est un délice pour les oreilles d'un amateur de vélocité. De même, le son est bien plus massif, les guitares sont plus précises, et surtout, la basse est une véritable tronçonneuse impressionnante de puissance (l'énorme "Kill Or Become").

Ce qui est incroyable dans "A Skeletal Domain" c'est donc la sensation d'écouter du neuf alors que CANNIBAL CORPSE reste le même depuis tant d'années, à la fois dans ses thèmes et son jeu. Véritablement, on a là un album excellent, parmi les meilleurs de leur discographie, qui se permet des références à d'autres grands (le Morbid Angelien "Icepick Lobotomy") tout en signifiant aux modernes qu'il a toujours sa place ("High Velocity Impact Splatter"). On lui pardonnera quelques écarts pénibles, comme le redondant et basique "Sadistic Embodiment" tant l'album s'avère plus varié que ce à quoi le groupe nous avait habitué ces dernières années. Aussi le mid-tempo de "Vector Of cruelty" côtoie-t-il la mise en terre d'un "Bloodstained Cemetery" sans aucun accroc. Plus varié donc, et surtout plus constant en matière de morceaux de qualité, grâce à des riffs qui ont vraiment de l'intérêt et pleuvent sur nos pauvres esgourdes stupéfaites par tant de lourdeur et de puissance, en témoigne le riff bulldozer de "Asphyxiate To Resuscitate".

Merci Pat'O Brien d'avoir pris les choses en main donc car CANNIBAL CORPSE montre qu'il a encore des années de règne devant lui au devant d'une scène Death Metal devenue terriblement riche, mais dans laquelle les anciens savent poursuivre leur route, comme si le dieu du Death leur accordait l'éternelle jeunesse.