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HEAVY METAL  |  STUDIO

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ADX - Suprématie (1987)
Par CITIZEN le 27 Mars 2012          Consultée 8298 fois

1987, ADX est en état de grâce et sort son troisième album, parce que quand on a le talent et les moyens de sortir une trilogie mémorable, on aurait tort de se priver : ça permet aux générations futures de bien se gargariser avec des formules toutes faites. Et ADX, compte tenu de sa carrière avortée tôt, bien trop tôt, mérite bien tous les petits coups de pouces et grosses salves de canon (notre Metal national quoi !)… posthumes ou pas, les disques de reformation ne sonnant plus vraiment trop beaucoup A-D-X-8-0s. Mais je laisse ça à la perfidie du lecteur et enchaine donc sur la chronique de l’album.

La comparaison avec IRON MAIDEN qu’on entend parfois ne rend clairement pas honneur à "Suprématie", ce joli compliment niant l’originalité du travail d’ADX ici. On entend vraiment un groupe arrivé à maturité, comme si les tueries précédentes étaient juste des exercices de style pour de rire. "Suprématie" sonne précieux et baroque, on sent le groupe manipuler de vieux et lourds instruments poussiéreux, c’est la « patte » particulière et immédiatement reconnaissable d’ADX avec une couche de vernis en plus. Mais pas de grands gestes outranciers : vernis, pas maquillage foutu à la truelle. De l’acier plus rauque, avec ce riffing si reconnaissable, précieux et à fleur de peau. Voyons… c’est quoi ADX sur cet album, des orfèvres qui ont les boules ?

L’intro a pour une fois droit à sa piste séparée et à un titre, "Nostromo". Guitares sèches, gargouilles, montée en ambiance... et passage dans une dimension sonore étrangère et fantastique avec l’enchainement brusque sur le morceau-titre, très court et très Thrash. Phil s’époumone quand ses gratteux ne cherchent pas vilement à mettre hors-jeu sa performance vocale splendide en s’échangeant des soli magiques. Ils lui ménagent quand même un petit répit pour hurler bien fort au début du dernier refrain.
Les deux pistes suivantes ont une ambiance plus sombre, moins Speed, la section rythmique ralentissant pour permettre au refrain de "Salem" d’asséner bien fort ses diatribes anti-religieuses… mais personne ne se gêne pendant le solo, qui fonce comme un dingue et nous amène au classique "Notre-Dame De Paris", qui commence de façon si lourde et appuyée. Je me mouille pas trop pour décrire le ventre des chansons, qui relèvent de la magie ADX et c’est tout.
Attaque moins pesante avec "Victime", du Speed plus typique pour se détendre un coup avant un plongeon dans le mystique avec l’instrumentale, presque traditionnelle à présent (chacun des trois premiers albums ayant la sienne). Celle-ci poursuit le boulot entamé sur "Alésia" et développe des motifs encore plus prenants et plus mémorables encore, avec sa manière de conclure un enchainement de riffs magistraux en plantant à la fin une décélération brutale en forme de dernières déflagrations, après l’accélération épique du morceau. Puis, pour la première fois, un morceau quasi power-ballade, en mid-tempo inquiétant et avec le chant le plus lyrique jamais chanté par le groupe et un refrain culte.

A ce point de l’album, ADX s’est offert un grand chelem de tout ce qu’il sait faire. On ressort en titubant de la forêt de Brocéliande pour s’enfoncer dans un autre conte, qui se veut plus lugubre dans les premiers riffs et l’intro, qui s’avère être en fait un des morceaux les plus réjouissants de l’album, qui témoigne à la perfection de la capacité d’ADX à se ménager le luxe de parsemer l’album de petites introductions çà et là sans casser la dynamique de l’album. Enfin, l’album se conclue par "L’Ordre Sacré" avec son superbe travail de guitare et ses refrains et couplets à hurler comme un forcené, finissant par son « tu es maudit » en écho, difficile de faire mieux pour que l’album te hante longtemps après avoir cessé de tourner.

ADX nous régale d’ailleurs en changeant de thèmes et de lexique d’histoires à explorer, après les légendes urbaines mystérieuses et parisiennes à l'ambiance nocturne, louche, bricolée à la sauvette, rebelle, loubarde de "Exécution" ; les fables épiques et dramatiques racontant des cas de violence et de vices entrés dans l'Histoire par la grande porte sur "La Terreur". Sur "Suprématie", ADX, continue de traiter ses sujets avec la même force d'écriture, en jetant son dévolu sur un corpus vaste de vieilles traditions occultes et grandioses, piochant indifféremment dans le récit de chevalerie pour nous conter les mystères (et légendes) de "Brocéliande", se fait défenseur du patrimoine en s'inspirant d'Hugo dans "Notre Dame de Paris", établissant un lien impromptu entre cet album et "Exécution" (les égouts glauques, les charniers au pied des vieilles pierres éternelles).
A contrario, à rebours de cette fascination, des ruades contre ce même héritage dans "L'Ordre Sacré", "Suprématie" et "Le Jugement de Salem" (qui pour une fois situe son histoire dans le Nouveau Monde). Les textes évoluent dans le bon sens, plus directs, moins de circonvolutions et de fulgurances un peu maladroites (qui rendaient le groupe si marrant à écouter, en sonnant plus conteur populaire ou paysan monté à la ville que Victor Hugo). ADX se plante sur le piédestal d'un Metal chantant des hymnes éclairés dans sa langue maternelle, aussi kitsch mais pas bébête. On n’a plus aucune grimace ou arrière-pensée quand on chante ces morceaux à tue-tête, on a juste des textes qui tuent et à qui on ne pense plus à reprocher quoi que ce soit, comme quand on écoute un morceau chanté en anglais.

Cet album aurait pu être l'album de la consécration- dû, si le groupe avait suivi la carrière classique promise à un combo de ce talent; dommage qu'il ne doive être qu'un opus d'un public restreint et connaisseur, qu'un machin rare trainant sur ebay et faisant le bonheur de quelques heureux élus. Un opus difficile à départager de ses deux prédécesseurs, tous évoquant une époque de gloire pour le groupe comme pour le Heavy français en général. Mais ne vous y trompez pas, "Suprématie" a tout du classique, sauf la renommée, et est le genre d'album à engendrer des fanatiques et des maniaques.

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- Dog (batterie)
- Phil (chant)
- Betov (guitare)
- Marquis (guitare)
- Deuxh (basse)


1. Nostromo
2. Suprématie
3. Le Jugement De Salem
4. Notre Dame De Paris
5. Victime
6. Les Secrets De L'olympe
7. Brocéliande
8. La Peur Et L'oubli
9. L'ordre Sacré



             



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