Nous sommes en 1999 et KILLERS fête 15 années d'existence. Autour de l'indéboulonable Bruno Dolheguy, 3 nouveaux jeunes musiciens s'installent, inaugurant selon le leader de la meute le meilleur line-up du groupe (celui-ci sera malheureusement avorté en juin 2001 avec le décès tragique de Nicko Andrieu, batteur du groupe). Thierry Andrieu s'occupe ainsi de triturer sa six-cordes, son frère Nicko martelle les fûts et le truculent Patrick "Titi" Oliver est prêt à enfiler le bermuda, caresser ses quatre-cordes et gambader sur scène. Mais avant la scène, il reste le nouvel album à sortir.

Successeur de Fort Intérieur, 109 (jeu de mot judicieux qui fait référence à un titre de la-dite galette, mais aussi à la nouvelle formation) est en quelque sorte un nouveau départ pour les basques de Bardos. Même si c'est Bruno qui a écrit paroles et musiques tout seul, cette dernière est revigorée et se fait plus ravageuse que par la passé, servie par une production plutôt honnête. Le disque débute d'emblée en force avec "Le Meilleur" : KILLERS entre ici directement dans le lard avec un titre énergique et vindicatif dont il a le secret. A noter la présence d'une basse bien maîtrisée et qui prend toute sa part dans la musique des basques. La hargne ne s'éteint pas avec "Allié" et son riff thrash. "Sang Neuf" est une lourde oraison prédatrice qui ne fait pas de quartier et prouve que les tempos plus lents n'en sont pas moins redoutables. Petit interlude plus frais, "Mélo-Mélo" et son côté plus envolé et basique rappelle davantage AC/DC, avant d'attaquer le grand moment du disque.

"Légende" : celui-ci est LE morceau de bravoure du disque avec rien de moins que 15 bonnes minutes au compteur, et des alternances de passages divers aux enchainements fort bien gérés. KILLERS goes prog ? :) Ca commence avec 3 bonnes minutes de speed, puis un moment plus heavy (avec des choeurs, sivoplé), suivi d'un passage calme et un peu planant avec guitares et voix de Bruno. Ca explose ensuite en une litanie sombre et forte. Après le retour d'un passage plus calme, une coupure surprend tout le monde avant d'embrayer sur un mid-tempo lourd alternant avec une pure tuerie speed. Et tout ceci se termine en hymne. Fameux, et surprenant de la part d'un groupe qui a l'habitude d'aller plutôt à l'essentiel.

La deuxième partie de l'album est à mon sens un peu plus dispensable, malgré des titres plutôt diversifiés : "la Peur de l'Ennemi" est remarquable par une intro grandiose et une batterie qui déboule à fond la caisse. "Combien ..." est plus heavy-Rock et mélodique dans l'esprit. "Furia" est un instrumental galoppant qui fait taper du pied. On revient dans le gras avec un "Humain" tonitruant et impitoyable. "Le Jour du siècle" avec son riff entêtant fait dans le lancinant, quant aux deux titres de fin ("French Paradoxe" et "La Mort dans l'Ame"), c'est du KILLERS pur-jus.

Nouveau temps, nouveau départ. 109 est un bon album des basques, un disque qui laisse entrevoir toutes les possibilités de cette nouvelle équipe. Et même si elles ne sont pas à mon sens toutes exploitées ici, on sent que le meilleur est à venir. Le sang neuf ne fait que commencer à circuler dans les veines d'un combo qui a fait peau neuve mais qui reste fidèle à ses combats et à ses convictions.