En choisissant de s'attacher les services de Stan W-Decker, Bruno Dolheguy a fait un choix judicieux ! Car si le contenu de "10:10" était attachant, on ne pouvait franchement pas en dire autant de son contenant, avec ce titre qui ne se rattachait à rien d'autre que la date de sortie de l'album et cette tête de mort en mode pirate. Deux ans plus tard, pas mal de choses ont changé. La tête pensante de KILLERS, ce passionné souvent trahi, a toujours recherché la stabilité dans tous les domaines et une certaine loyauté.

Ainsi la cohésion du groupe est des plus primordiales, c'est notamment ce qui a expliqué le choix DIY de Bruno en remplacement des illustrations chiadées de Xavier Lorente, qui ne faisaient pas l'unanimité au sein du combo. Avec Stan, c'est une nouvelle relation de confiance qui va s'installer, l'artiste auvergnat ayant à l'heure de cette chronique proposé trois artworks consécutifs pour le groupe basque. Après quinze ans avec KILLERS, dont neuf en tant que batteur, Florent Pouey abandonne la partie. Carlo Di Matteo, initialement embauché pour "10:10" a quitté lui aussi le groupe pour raisons privées et donc cette fois-ci, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. KILLERS s'est déjà affranchi des labels et du circuit de distribution classique depuis 2010, il s'affranchit désormais du batteur !

Dites bonjour à "Imido" le dernier rejeton de la formation Speed Metal basque ! Imido, cet espèce d'elfe croisé avec un leprechaun dans son environnement vert qui rappelle la culture Folk irlandaise duquel est issue cette créature féérique. "Imido" c'est non seulement le titre du treizième album des Français mais aussi le sobriquet désignant la batterie programmée qu'utilise désormais KILLERS, réduit donc à son noyau dur constitué de Bruno, Thierry Andrieu et Patrick Olivier.

La production est rêche mais claire, avec des guitares râpeuses et agressives comme il faut, et la batterie programmée, certes plus rigide que le jeu d'un vrai batteur, n'est pas si choquante en fin de compte, car à part dans le livret, ce sont plutôt les textes et les compositions qui attirent l'oreille. Pratiquant toujours ce Speed Metal vindicatif profondément ancré dans le Heavy mais se laissant aller parfois à quelques accès de colère (les blasts beats du refrain de "Hors-Jeu" au jeu de mots sympa). L'instrumental "Imido" et sa mélodie virevoltante est une joyeuse respiration, "L'Insaisissable" et "Triste Foutoir" sont là pour mettre en avant le talent d'écriture de Bruno Dolheguy et "Victorieux" ou l'hymne en langue basque "Txoria Txori" apportent autant de couleurs qui donnent du relief à "Imido".

Ainsi, un an tout pile après "10:10", tenant à la fois la promesse d'une musique proposée à prix modique en contact direct et d'une productivité renforcée pour le groupe, "Imido" vient prouver qu'il est tout à fait possible de faire connaître sa musique loin des réseaux sociaux en ayant recours à du contact direct (limite archaïque, les fans étant prévenus par mailing-list). Et il s'agit aussi d'un moment particulier pour le groupe qui sera approché par les organisateurs du Hellfest où ils se produiront l'année suivante.

Et ne croyez pas que KILLERS se reposera sur ses lauriers puisqu'il continuera à produire de la musique, sortant en sus deux Lives puis un nouvel album à l'horizon 2015. Après, ce rythme généreux pour les fans aura aussi ses inconvénients...

Note réelle : 3,5/5.