Dans un royaume où mythes et légendes s'entremêlent, où le temps et l'espace ont fusionné, vivait une créature terrifiante dont le nom a traversé les âges : Nossen, un être énigmatique élevé dans l'adoration des puissances du Heavy Metal et dans la quête de la Sagesse. Nossen est né des enfers de la Moria, enveloppés dans les brouillards d'insondables montagnes. Ses origines sont nimbées de mystère, narrées avec crainte dans des contes transmis de génération en génération. Il y est dit que sa destinée est liée à d'anciennes prophéties.

Pour connaître le reste de l'histoire, il vous faudra lire le comic-book "The Story Of Nossen". Car 20 ans après ses débuts, BLOODBOUND a décidé de développer sa mythologie et de raconter l'histoire de sa mascotte à travers un comics de belle facture, réalisé par le graphiste hongrois Peter Sallai, par ailleurs illustrateur de talent dont les travaux peuvent être admirés sur des albums de HAMMERFALL, POWERWOLF, ou sur le dernier SAXON notamment. Ce comics particulièrement appréciable est une des composantes de "The Tales of Nosferatu", la nouvelle sortie de BLOODBOUND célébrant les 20 ans d'existence du groupe suédois. Avec 10 albums dans la besace, le groupe-enfant du claviériste Fredrik Bergh et du guitariste Tomas Olsson témoigne d'une transition artistique réussie, les deux musiciens venant alors du groupe de Hard-rock mélodique STREET TALK. Depuis son premier album en 2005, force est de reconnaître que BLOODBOUND n'a que rarement déçu, et si le groupe semble voué à courir indéfiniment derrière le succès de POWERWOLF et SABATON, il a parfois fait preuve d'une plus grande inspiration et intégrité que ces groupes plus en vogue. C'est une certitude, garant d'un Speed mélodique très savoureux, BLOODBOUND mérite mieux. Néanmoins, le bateau vogue, et pour célébrer cet anniversaire le groupe propose un package CD/DVD, agrémenté de goodies divers, parmi lesquels le comics présenté plus haut, et dont la colonne vertébrale est la prestation du groupe donnée dans le cadre du festival tchèque Masters of Rock le 15 juillet 2023. La formation joue alors en clôture de la journée du samedi, et monte sur scène à 1h du matin, après le concert d'EUROPE. Un créneau difficile, et un challenge que le groupe relève haut la main, bien aidé par un public participatif.

Le groupe débarque sur scène sous une lumière rouge tamisée, et balance un "Tales From The North" fédérateur, ce titre donnant son nom à son dernier album en date étant un hymne Speed mélodique particulièrement puissant, coincé entre les univers de FREEDOM CALL et HELLOWEEN. Le guitariste Tomas Olsson crache d'ailleurs des sons délicieux de sa Jackson avec la nonchalance d'un Michael Weikath. Les chœurs pré-enregistrés peuvent donner l'impression que les Suédois épaississent artificiellement leur musique, mais le groupe ne se cache pas derrière ces sons en boîte pour s'économiser. Au contraire, le chanteur à cornes Patrik Selleby et ses camarades alignent avec énergie et conviction d'excellents morceaux choisis d'un répertoire désormais bien fourni. Si les nostalgiques regretteront que le groupe mette essentiellement en avant ses quatre derniers albums, ne piochant que peu dans "Nosferatu" ou "Unholy Cross" (voir oubliant carrément et sans doute volontairement l'album "Tabula Rasa", et de manière plus surprenante l'excellent "Stormborn"), la setlist taillée pour réveiller les corps fatigués est pertinente, le groupe combine énergie et mélodie dans une gigue entrainante dont "Mise of the Dragon Empire", devenu un incontournable du répertoire du groupe, constitue le climax naturel. "Moria" et son refrain ébouriffant, "Slayer of Kings" et son ambiance Folk-metal, le SABATON-ien "The Warlock's Trail" ou l'exutoire "Battle in the Sky" sont autant de témoignages d'un groupe qui a su se construire au fil des ans un répertoire varié et remarquable d'efficacité.

Les interactions entre le chanteur et le public, très conventionnelles, génèrent une implication polie de l'auditeur, sans créer une adhésion sans bornes. Si on le compare au précédent DVD du groupe publié en 2016 (et présentant une prestation également captée au festival Masters of Rock), ce "Tales of Nosferatu" ne propose, c'est appréciable, que peu de redites. Néanmoins, la prestation du groupe est plus courte ici, et les jeux de lumières moins aboutis que lors du concert de 2015, qui voyait la formation bénéficier d'un meilleur créneau. Sur certains titres, tels que "Moria", les lumières d'un bleu profond ne nous permettent pas de distinguer correctement les musiciens, l'impression est mitigée. Pour compenser la courte durée du DVD, le label a ajouté quelques extraits d'un concert capté il y a quelques années au Japon ainsi que l'ensemble des clips vidéos du groupe publiés à ce jour. La somme de ces éléments, à laquelle s'ajoute la version audio du concert (à la setlist identique) et le comics précité, forme un tout digne de satisfaire les amateurs de la musique de BLOODBOUND, qui fête ici dignement 20 ans d'une carrière remarquable.

3,5/5.