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DRAGONFORCE - Extreme Power Metal (2019)
Par T-RAY le 9 Avril 2020          Consultée 4599 fois

"Extreme Power Metal"... En voilà un titre galvaudé ! Pourtant, lorsqu'il fut annoncé quelques mois avant la sortie de l'album, il sonnait comme une alléchante promesse. Une promesse, hélas, pas tenue bien longtemps. Parce que DRAGONFORCE n'a plus rien fait d'extrême en matière de Power Metal depuis "Inhuman Rampage", en 2006, C'est celui-ci, et aucun autre album de la Multinationale du Power, qui méritait d'être qualifié d'extrême Mais il était déjà inhumain, alors... Depuis, DRAGONFORCE n'a cessé de diversifier son propos, de proposer des structures un peu plus épiques et alambiquées, comme sur "The Last Journey Home", sur l'album "Ultra Beatdown", ou lorgnant vers d'autres genres de Metal, comme le Thrash avec "War!", sur "Reaching Into Infinity", tentative d'extrémisation différente du Power Metal supersonique entendu sur "Sonic Firestorm" et "Inhuman Rampage".

En aucun cas, cependant, pouvons-nous qualifier DRAGONFORCE de groupe d'Extreme Power Metal lorsque son huitième album studio, ici chroniqué, atterrit dans les bacs. L'intitulé du disque n'est, au mieux, qu'une figure de style, au pire, une tromperie sur la marchandise. Parce que "Extreme Power Metal" est plutôt soft pour du DRAGONFORCE, en réalité, et relève bien plus d'un Power Metal européen toujours rapide, certes, mais assez classique dans son héroïsme et son côté joyeux. Voilà, c'est ça : "Extreme Power Metal" est davantage un album de Happy Metal qu'autre chose, même si ce qualificatif, réservé naguère à HELLOWEEN et ses succédanés (TRICK OR TREAT, SKELETOON), a des tas de défauts et désigne plutôt un état d'esprit qu'une façon de jouer du Power proprement dite.

Certes, "Extreme Power Metal" fait parfois mentir ce début de chronique. Ne serait-ce qu'avec son morceau d'ouverture. "Highway To Oblivion", son ébouriffante célérité, sa construction emphatique – ce pré-chorus et ce refrain dantesques – et ses 6'48" pleines de soli de guitare décoiffants, relèvent du DRAGONFORCE vintage, tel qu'il existait entre 2004 et 2008, avant l'arrivée de Marc Hudson au chant. Et c'est un véritable tube que cet "Highway To Oblivion", archétypal du style du groupe mais accrocheur au possible, qui se classe sans trop de problèmes parmi les meilleurs titres de la carrière du sextette. "Troopers Of The Stars" aussi le fait mentir, lui qui commence brutalement sur une cavalcade de basse signée Fred Leclercq et respire le DRAGONFORCE d'antan, avec la même efficacité qu'alors, fort de son refrain fédérateur. Au rayon Power Metal survitaminé, ces deux titres-là se posent comme des réussites évidentes.

Il y a d'autres jolies surprises sur l'album dans des registres moins explosifs, plus proches du Power Metal traditionnel. À l'image de "Cosmic Power Of The Infinite Shred Machine", bien vif mais sans être frénétique, qui sait ralentir quand il faut et ménager ses effets. Garni de quelques lignes de violon (synthétiques) qui séduiront les amateurs de Power Sympho, ce titre est aussi l'un des premiers à mettre en avant des lignes de synthé bien 80s. C'est carrément cheesy mais ça passe sans problème car le morceau est bien composé et jouit d'un équilibre solide entre passages chantés et parties instrumentales, entre moments rapides et sections plus lentes. Et dans le genre morceau-qu'on-trouve-aisément-ridicule-au-départ-pour-finir-par-l'apprécier, le mid-tempo "The Last Dragonborn" et ses sonorités asiatiques cliché à mort réussit à séduire en montant en puissance sans arrêt jusqu'à son refrain un peu facile, mais qui fonctionne forcément bien lorsque l'on s'appelle DRAGONFORCE et que l'on flirte en permanence avec le too much.

Ce retour à certains fondamentaux DRAGONFORCiens, qui fonctionnent toujours est certainement dû au fait que c'est Sam Totman, le plus européen des deux bretteurs du groupe, qui a repris les rênes de la composition sur la majorité des titres de cet opus. Mais le bonhomme n'est pas aussi bien inspiré sur les autres titres de son cru, hélas. "Razorblade Meltdown", contenu en moins de cinq minutes, rappelle trop souvent d'anciens morceaux du groupe et ce, à plusieurs reprises. Voire des morceaux d'autres formations. C'est simple, j'ai parfois l'impression d'entendre le "Destruction Preventer" de SONATA ARCTICA sur le couplet et le pré-chorus... On dirait un titre composé à base de copier-coller et ça gâche le plaisir spontané que génère son interprétation pied au plancher... Ça le gâche d'autant plus que c'est l'un des morceaux où Marc Hudson chante le mieux depuis son arrivée dans le groupe ! Rageant.

Quant à "Remembrance Day", qui se voudrait le pendant 2020 du superbe "Trail Of Broken Hearts" de 2006, c'est une vraie plaie qui ne semble jamais vouloir se refermer ni cautériser au long de ses 5'10". Les cornemuses qui ouvrent ce morceau voulu hymnique comme pouvait l'être, en son temps, le "Red, White And Blue" de JUDAS PRIEST mais dans un esprit Fantasy, sont l'arbre d'originalité qui cachent la forêt de banalité... La suite est un mid-tempo téléphoné à souhait et les parties vocales d'Hudson, co-compositeur du morceau avec Totman (il aurait mieux fait de s'abstenir), sont inoriginales et irritantes au possible. Ses rimes paresseuses – « fight / light / tonight / unite » puis « together / forever » – plombent la chanson et elles prouvent combien ce genre de rimes hyper cliché sont une arme à double tranchant. Absolument jouissives lorsque le morceau tue (cf. "Valley Of The Damned"), elles deviennent carrément pénibles lorsqu'elles sont employées abusivement sur un morceau médiocre et une mélodie trop facile.

L'on aurait aimé que Fred Leclercq contrebalance davantage les inspirations les moins probantes de son compère guitariste. Avec des idées de la trempe de celles développées sur "Reaching Into Infinity", quasi intégralement composé par ses soins, "Extreme Power Metal" aurait été beaucoup plus intéressant sur le long terme, alors qu'il n'est qu'un album sans surprise et assez standard pour du DRAGONFORCE. Sauf que, des trois titres écrits par le bassiste français, seul "Strangers", avec ses sonorités un peu 80s là encore, son riff sympathique et ses lignes de chant convenant pile-poil à l'organe d'Hudson, est réellement satisfaisant. Faut-il y voir un indice de son départ à venir, lui qui a quitté le groupe après la sortie de l'album et s'en est allé, depuis, rejoindre KREATOR ? En tout cas, si ses compositions ne signalent pas forcément un manque d'engagement, elles traduisent toutefois une baisse d'inspiration par rapport à ses productions précédentes.

Parce que "Heart Demolition", tiraillée entre Speed Mélo standard et quelques sonorités 80s, et "In A Skyforged Dream", chanson de Power classique de chez classique et sans surprise aucune avec ses chœurs respectant bien le cahier des charges, sont des titres assez basiques dans le genre. Ils ne brillent pas par leur rapidité non plus et seuls les soli de guitare bien geek d'Herman Li et Sam Totman nous rappellent qu'il s'agit bien de morceaux de DRAGONFORCE. Service minimum, de ce côté là, pour le bassiste, mais au moins, ses compositions pour "Extreme Power Metal" restent-elles plusieurs niveaux au-dessus de l'indigente reprise du "My Heart Will Go On" interprété par Céline DION pour la bande originale du "Titanic" de James Cameron.

Nous avons affaire ici au degré zéro de la cover Power Metal : exécution bas du front, intensité et émotion nulles, claviers 8 bit ridicules qui ouvrent le morceau comme pour dire « hey, hey, regardez comme on ne se prend pas au sérieux ». Comme si on ne le savait pas déjà depuis longtemps, bordel ! Reprendre un tel tube de variété internationale en mode Power Metal était l'une des meilleures idées possibles, tant le genre se prête à merveille à la sublimation des hits de chanteuses à voix. Sauf que, dans le cas présent, c'est raté et plus que raté. Et cela vient conclure de manière désastreuse un album mi-figue, mi-raisin, comme l'aurait dit Alain Gillot-Pétré en son temps (comment ça vous ne savez pas qui c'est ?).

Avec un Sam Totman sur courant alternatif, allant du pas terrible au bon mais archi-classique pour du DRAGONFORCE et un Frédéric Leclercq en-deçà de ce qu'il avait pu proposer sur les albums précédents, tant en termes de qualité qu'en termes d'audace, "Extreme Power Metal" n'a de quoi convaincre que les fans hardcore des débuts de la Multinationale du Power, ceux qui n'avaient pas trop apprécié les tentatives de diversification post-"Inhuman Rampage" et ceux qui découvrent le groupe et/ou le Power Metal avec cet album. Les autres, simples amateurs ou fans éclairés du combo, sélectionneront trois ou quatre titres parmi la dizaine qui composent l'album, se les joueront en boucle pendant quelque temps, et s'en tiendront à cela.

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   (2 chroniques)



- Sam Totman (guitare)
- Herman Li (guitare)
- Frédéric Leclercq (basse)
- Marc Hudson (chant)
- Gee Anzalone (batterie)
- Coen Janssen (claviers)


1. Highway To Oblivion
2. Cosmic Power Of The Infinite Shred Machine
3. The Last Dragonborn
4. Heart Demolition
5. Troopers Of The Stars
6. Razorblade Meltdown
7. Strangers
8. In A Skyforged Dream
9. Remembrance Day
10. My Heart Will Go On (cover Céline Dion)



             



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