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HARD ROCK  |  STUDIO

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1979 Trust
1980 Repression
1981 Marche Ou Crève
1983 Trust Iv
1984 Rock 'n Roll
1988 En Attendant
  Paris By Night
1993 The Backsides
1996 Europe Et Haines
1997 A Live
2000 Ni Dieu Ni Maître
2006 Soulagez-vous Dans Les U...
2008 13 A Table
2009 Trust A L'olympia
2018 Dans Le Même Sang
2019 Fils De Lutte
2020 Recidiv
2022 Tout Ce Qui Nous Separe
  Propaganda
 

- Membre : Iron Maiden, Face To Face, Fabienne Shine , Gogmagog

TRUST - Dans Le Même Sang (2018)
Par DARK SCHNEIDER le 4 Juin 2018          Consultée 5595 fois

TRUST est un groupe de paradoxes. Comment mener une carrière artistique en tenant à la fois un discours social gauchisant, tout en se sabordant sans cesse pour des problèmes d'entente et surtout d'argent ? Comment comprendre qu'un Bernie puisse autant prôner le partage, "l'être" plutôt que "l'avoir", pour que de son côté Nono fasse la chasse aux vidéos non-officielles de son groupe sur YouTube ? Comment accepter que le groupe ait à trois reprises - trois putain de reprises !! - splitté de façon lamentable en laissant le public sans nouvelles ? Et je vous épargne le running gag du KOLLEKTIF AK-47. Alors forcément, l'annonce de ce nouvel album avait de quoi laisser circonspect, même si le groupe semblait renforcé suite à la réussite indéniable (en terme d'affluence en tout cas) de leur récente tournée. Tous ces foutages de gueule ont considérablement amoindri ma ferveur de fan, et ce que je pouvais encore accepter en 2008, ce n'est plus le cas en 2018. Ce n'est donc pas avec un a priori des plus positifs que j'ai accueilli ce nouvel album.

Et jusqu'au bout, TRUST joue avec mes nerfs. C'est quoi cette promo insistant aussi lourdement sur la présence de Mike Fraser au mix ? Je me fous du gus qui est derrière les manettes, car attention, on ne parle pas là de la production de l'album, mais juste de son mixage. Et puis bon vu la configuration actuelle du groupe (bye bye le DJ), il aurait été étonnant que ce mix puisse être raté (contrairement à celui - catastrophique - de "13 À Table"). Donc ce marketing qui ne colle une fois de plus pas du tout avec le message du groupe, je lui crache à la gueule (de tout ce système). Mais bon, il semble que tout cela ait fonctionné vu les commentaires sur les réseaux sociaux mettant en avant la qualité du son. Mais qu'en est-il franchement de ce son ? Bof ! Oui, tout cela sonne puissant, mais la puissance ne fait pas tout. Car bon courage pour accrocher au son actuel de Nono qui se caractérise par un excès de fuzz. C'est puissant, roots, mais c'est surtout bien dégueulasse. Par le passé, Nono avait toujours un son équilibré, mordant sans en sacrifier la clarté. Ici la clarté peut aller se faire voir. Résultat : nombre de ses soli sonnent brouillons. À croire que cela ait été fait pour masquer le manque d'inspiration de Nono durant ses interventions lead. Il faut dire qu'enregistrer un album en seulement trois jours dans des conditions live dans une salle des fêtes à Trifouillis-les-oies n'est sans doute pas idéal pour la prise de recul. On comprendra la différence flagrante avec un album comme "IV" qui fut enregistré et peaufiné sur plusieurs semaines en studio. En revanche, indéniablement ce son et cette prod restituent fidèlement ce que TRUST est actuellement sur scène, pour ça il n'y a pas de tricherie, la démarche paraît donc sincère.

Alors musicalement où en est TRUST en 2018 ? Loin de la période expérimentale des années 2000, ça c'est sûr. "Dans Le Même Sang" est tout simplement un successeur direct de "Europe Et Haines", il aurait pu sortir en 1998 que ça n'aurait pas choqué (pour l'aspect musical, je ne parle pas des paroles). C'est donc un TRUST très Hard Blues que nous avons là. Mais attention, la composante Hard Rock est toujours bien présente (par contre ne cherchez pas le moindre élément Heavy Metal). Incontestablement, le groupe a la pêche, la super pêche ! C'est brut de pomme pour reprendre l'expression ringarde de Nono (qu'il utilisait déjà en 2000 pour promouvoir le "Ni Dieu Ni Maître" de sinistre mémoire). Oui, il y a de l'énergie, de la puissance, on est loin des sonorités mollassonnes de la précédente décennie. Le groupe renoue totalement avec ses racines : le Boogie puissant à la AC/DC notamment ("Démocrassie", qui s'inspire de "Go Down"), qui caractérise le groupe depuis ses tous débuts. Les amateurs de ce type de sonorités y trouveront très certainement leur compte. Cependant, cela ne doit pas cacher une certaine pauvreté dans l'inspiration musicale : on a une fois de plus affaire à des vieux briscards dont le savoir-faire est incontestable, mais qui ont évidemment grillé depuis longtemps leurs meilleures cartouches. Les riffs les plus marquants de Nono sont des redites : "Déjà Servi" fleure bon "Le Mitard", tandis que "L'Exterminateur" s'inspire ouvertement de "Antisocial". Pour le reste, il s'agit d'une recette musicale bien appliquée mais sans la moindre once de génie. On frise d'ailleurs bien trop souvent la simple caricature. Le riff Hard Rock de "Où Sont Passés Les Anges ?" est typique de ce que peut pondre un Angus Young en mal d'inspiration pendant son petit déj'. "F-Haine" qui reprend à la fois les SEX PISTOLS et un bout de la Marseillaise (déjà fait pour "Sarkoland" !!), et tous les passages Boogie, slide, sudistes ("Démocrassie" donc, mais aussi "Fils de Pute, Tête de Liste", "Demande à Ton Père...") qui ressassent tous les clichés du genre (à croire qu'ils sont extraits d'une méthode de guitare sur les bases du Boogie). Seul "Dans Le Même Sang" et "Christique" font preuve d'un peu plus d'originalité, même si "Christique" semble tout droit sorti des sessions de "Europe Et Haines" (ce qui ne me surprendrait pas d'ailleurs étant donné que ce morceau cause de Che Guevara, personnage mis en avant dans le livret de l'album de 96).

Comme je le disais plus haut, on est dans la continuité musicale directe de "Europe Et Haines", mais sans jamais atteindre la richesse musicale de ce dernier. Et cela est quand même dommage pour un groupe comme TRUST qui a pourtant toujours cherché à surprendre. La seule prise de risque : la présence de chœurs féminins. Certainement une idée (foireuse) de Bernie. Rien de vraiment nouveau : il y avait déjà des chœurs sur leur bonne vieille reprise de "Ride On", et surtout sur les albums solo de Bernie. D'ailleurs à ce sujet, la reprise de PIAF, "Je M'En Fous Pas Mal", aurait sans doute mieux trouvé sa place sur un album solo du chanteur. Si le texte correspond bien à l'univers du groupe, le morceau en lui-même casse l'ambiance. L'autre morceau un peu hors-sujet est sans aucun doute "Caliente", il a ses bons moments et le chant espagnol est appréciable, mais bon sang qu'est ce qu'il est foutraque ! Mais revenons-en à ces chœurs : c'est bien gentil tout ça, les filles ont une belle voix, mais franchement ça donne une dimension variété fort désagréable ! On croirait à plusieurs reprises entendre du Johnny HALLYDAY, Bernie ayant toujours apprécié l'artiste. Si je peux apprécier sans problème la musique de notre feu-Jojo National, ce n'est pas ce que j'attends de TRUST, de plus cela m'évoque le piètre troisième album solo de Bernie, "Étreinte Dangereuse", qui était un beau ratage. Vous vouliez mettre des chœurs ? Mais rendez-nous Vivi !! Test : prenez le meilleur morceau de l'album, "L'Exterminateur", imaginez la voix agressive de Vivi en lieu et place des chœurs féminins sur le refrain, franchement, hein, ça le ferait carrément non ? Mais ce bon vieux Yves Brusco a préféré tourner la page et se consacrer à son propre groupe, BUZZ, en compagnie de Farid Medjane. Dommage...

Bon et au fait, il raconte quoi notre Bernie ? L'homme est évidemment fidèle à lui même : engagé. S'il incite dans un premier temps à un soulèvement des masses ("Ni Dieu Ni Maître", dont le texte se contente d'être une réécriture de "Que Serais-Je Sans Moi ?" du précédent album, et n'a strictement aucun rapport avec l'album éponyme de l'an 2000), il se montre surtout amer en décrivant une France qui brille de médiocrité depuis l'adoption d'une ligne ultra atlantiste et libérale. Et globalement, le discours est bien senti. Moins centré sur l'immigration que ne l'était "13 À Table", Bernie évoque bel et bien le problème des attentats terroristes et s'intéresse surtout aux causes. Évidemment, ce sont les politiques qui s'en prennent plein la gueule, ces gens qui vendent des armes aux Saoudiens alors que le sang des victimes des attentats est encore frais. L'homme est moins bobo qu'il ne paraît, surtout par rapport à l'album précédent. On regrettera cependant toujours les slogans d'hier, tant il noie parfois son message derrière des tournures littéraires pas toujours très heureuses, le rendant parfois trop difficilement compréhensible ("L'Exterminateur" notamment, qui n'est pas un texte contre le téléphone portable). Les jeux de mots ne brillent pas non plus par leur subtilité. Franchement, "F-Haine" est assez éprouvant à ce niveau (en revanche ce texte à l'intelligence de ne pas s'attaquer aux électeurs du FN, que Bernie comprend très bien d'ailleurs).

Quoiqu'on pense des textes, une chose est incontestable : Bernie est très en voix ! Sa prestation est puissante, pleine d'ampleur. Musicalement, c'est lui le maillon fort du groupe. Donc évidemment, il faut une adhésion totale à sa voix pour aimer cet album. Car, hormis Nono bien sûr, le reste du line-up n'est là que pour assurer le job. On regrettera beaucoup la non-mise en avant de David Jacob, excellent bassiste, doté en plus d'un certain charisme. Sans surprise, Izo Diop et le petit nouveau Christian Dupuy, offrent une prestation très neutre (rien de surprenant pour la seconde guitare, qui n'a jamais eu beaucoup d'espace pour s'exprimer dans TRUST).

Groupe de paradoxes pour un album de paradoxes. Ce n'est pas ce qui manque sur ce disque pour le critiquer lourdement, le rejeter en bloc ou le détester. Les très nombreuses facilités musicales, le parti-pris de l'enregistrement à la va-vite, le son pas aussi bon que ce que l'on veut nous faire croire... Il n'en reste pas moins que certains titres offrent une base solide et sont franchement bien taillés pour le Live ("Ni Dieu Ni Maître", "Déjà Servi", "L'Exterminateur", "Dans Le Même Sang"), et qu'entendre de nouveau un Bernie aussi en forme peut donner envie de le réécouter assez régulièrement.
Au mieux, on pourra le considérer comme un bon album. Car des bons moments, il en contient. Au pire, on le trouvera moyen, trop loin de la magie des premiers opus, et très agaçant à bien des égards. Je ne lui accorde donc qu'un tout petit 3/5, qui n'a aucune chance d'évoluer vers le 4/5 avec le temps, mais plutôt vers le 2/5.

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   DARK SCHNEIDER

 
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- Bernie Bonvoisin (chant)
- Norbert Krief (guitare)
- David Jacob (basse)
- Ismalia Diop (guitare)
- Christian Dupuy (batterie)


1. Ni Dieu Ni Maître
2. Démocrassie
3. Fils De Pute, Tête De Liste
4. Déja Servi
5. Le Gouvernement Comme Il Respire
6. J'm'en Fous Pas Mal
7. L'exterminateur
8. Christique
9. Dans Le Même Sang
10. Caliente
11. Demande à Ton Père, Demande à Ta Mère
12. F-haine
13. Où Sont Passés Les Anges



             



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