"Alice In Hell" et moi, c’est une longue histoire, un peu compliquée d’ailleurs. Vous savez, le genre de relation qui commence très mal pour finalement devenir une apothéose, qui crée des moments où l’on a vraiment l’impression d’être heureux. Pourtant, les premiers instants se voulaient prometteurs, l’ado que j’étais et qui avait une passion pour les films d’horreur toutes catégories ne pouvait qu’accrocher à cette pochette un brin mal fichue qui nous présente la jeune Alice en mauvaise posture face à une poupée de chiffon qui a n’a pas l’air très jouasse. Classique et évocateur. Une petite intro acoustique pas mal du tout, puis arrive "Alison Hell" avec son Thrash fortement inspiré du Heavy Metal et… Et Randy Rampage.

Oui, il ne faut pas dire du mal d’un mort, mais quand même ! On se demande quand même sur quel bestiau on est tombé là. Le mec, tu as l’impression qu’il boit du whisky en enregistrant ses parties tout en fumant cartouche de clopes sur cartouche de clopes. Lemmy, à côté, c’est Michael Kiske. Pour vous dire. Puis il pousse des cris de fausset par moments ! Mais c’est quoi ce type. Beurk. Et c’est comme ça que l’histoire entre ANNIHILATOR et moi aurait pu s’arrêter : sans même voir le jour. Mais quand même ! Musicalement, c’était intéressant ce truc. Plutôt virtuose, avec un bon sens de la mélodie et une façon d’enchaîner riffs et soli à faire baver tous les thrasheux de l’univers. D’ailleurs, vous imaginez ce qu’aurait donné un album de MEGADETH avec Jeff Waters à cette époque ? Une bombe. Et Mustaine aurait été viré à la fin de l’enregistrement.

Alors je retentais, mais je zappais systématiquement les chansons. Je m’arrêtais sur le furieux "Schizos (Are Never Alone)" et surtout sur "Human Insecticide", séduit par l’aspect complètement bourrin du morceau. Puis, petit à petit, j’ai appris à apprivoiser la Bête. Rampage. D’abord avec "W.T.Y.D", puis avec "Alison Hell" et petit à petit, l’album s’est mis à tourner, encore. Et Encore. Et Encore. Et… Bref, vous l’aurez compris, j’étais devenu accroc à cet album, qui avait souvent droit à la faveur de ma platine. Et le temps passant, j’en suis venu à me dire que mine de rien, Rampage donne un sacré cachet à ce disque. Alors oui, ANNIHILATOR, c’est super technique, c’est véloce, fluide et agressif bien ce qu’il faut, ça manque de chaleur, mais cet aspect froid fonctionne parfaitement sur ce disque, contrebalancé par la folie vocale de Rampage qui donne une personnalité assez unique à ce premier album.

"Alice In Hell" est un must-have du Thrash. Parfois sous-estimé (hey ! Il faut se le farcir le chant de Rampage. L’aspect trop technique, trop « Jeff Waters versus the rest of the world » par moments peut également saouler), parfois dénigré, rejeté, pointé du doigt, il contient pourtant quelques-unes des lignes de guitare parmi les plus folles du Thrash. À ce moment, ANNIHILATOR est un véritable rouleau compresseur, non dénué de mélodies certes, mais qui écrase tout sur son passage, sans faire trop de détails (sérieux, terminer un disque par "Human Insecticide", ça équivaut à se fracasser à plusieurs reprises la tête sur une table. Et de recommencer, encore, parce que c’est la seule chose à faire). Il est presque dommage que le line-up n’ait pas tenu ou que Waters se soit éloigné de cette virulence pour devenir plus mainstream.