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THRASH MÉLODIQUE  |  STUDIO

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ANNIHILATOR - Ballistic, Sadistic (2020)
Par FREDOUILLE le 16 Avril 2020          Consultée 6043 fois

ANNIHILATOR est peut-être un des groupes les plus mésestimés de la scène Metal. En tout cas il n’a sans doute pas fait la carrière qu’il aurait mérité d’avoir. Surtout si on en juge la qualité de sa discographie, il y a quand même quelques chefs d'œuvre dans la liste. Il est possible aussi que les changements de line-up incessants au fil du temps aient joué un rôle vraiment défavorable dans tout cela. Mais qu’importe ! ANNIHILATOR fait de toute façon partie des meubles, de ces éternels et incontournables qui arborent notre paysage musical et Metal quasi quotidiennement. J’ai énormément de respect pour le combo canadien que j’ai découvert avec le titre "Human Insecticide" morceau présent sur la compilation "Thrash The Wall" (1990). Et oui ça commence à dater ! Ce fut la claque, et ANNIHILATOR fut certainement une de mes plus belles découvertes de l’époque. Tant et si bien qu’il n’a quasiment plus quitté ma platine que ce soit à l’époque ou encore aujourd’hui.

Et je ne vais pas vous refaire l’historique du groupe, mais Jeff Waters en tant que tête pensante de son 'bébé' a toujours su contre vents et marées maintenir son navire à flots, tant bien que mal, même pendant les années de vaches maigres (cf. "Remains" (1997) et ses connotations industrielles et loin d’être un gros navet comme je l’ai lu sur nos colonnes ici même). Et après plus de trente années de carrière, l’ami Jeff Waters se permet le luxe en 2020 de nous sortir certainement un des meilleurs opus de la discographie du groupe. Car "Ballistic, Sadistic" fort d’un Thrash testostéroné jusqu’au-boutisme et aux sonorités actuelles (pour ne pas dire modernes) est une putain de mandale dans la figure et constitue certainement un des opus les plus solides, consistants et même virulents du combo canadien depuis allez... L'excellent "Schizo Deluxe" (*) en 2005.

Et que cela fait plaisir de retrouver Jeff Waters, guitariste hors pair ainsi que compositeur de génie, à pareille fête après tant d’années. Preuve qu’il en a encore sous la pédale ! "Ballistic, Sadistic" sans révolutionner quoique ce soit, parvient véritablement à sonner encore très frais en cette année 2020. Et ce n’est pas un mince exploit, l’opus disséminant pourtant ici et là (mais toujours avec parcimonie et bonne intelligence) pas mal d’éléments rappelant les anciens efforts studio. Le plus flagrant étant sans nul doute ce "Lip Service" avec ses passages à la basse et dans la façon de chanter de Jeff, titre qui s'apparente à une version remaniée de l’excellent "Knight Jumps Queen" figurant sur l’album le plus "commercial" du combo j'ai nommé "Set The World On Fire" (1991). "Lip Service" n’en reste pas moins un très bon morceau où Jeff apporte un soin tout particulier aux mélodies avec des soli de toute beauté.

Dans le genre "tiens ça me rappelle quelque chose d’avant", on a aussi le très bon et dynamique "Psycho Ward", single par excellence et plutôt entraînant avec son refrain accrocheur et ses arpèges mélodiques. Morceau qui rappellera sans conteste la tessiture d’un "Stonewall" figurant sur l'indispensable "Never, Neverland" (1991). "Ballistic, Sadistic" est en quelque sorte un condensé de ce que Jeff Waters sait faire de mieux. On y retrouve une science du riff Thrash implacable et inoxydable ("Armed To The Teeth", "The Attitude", "Out With The Garbage"), des riffs incisifs, agressifs et qui alourdissent ici le propos (en tout cas bien plus qu’à l’accoutumée), des soli en cascade, techniques bien souvent, pour le moins vertigineux (Jeff Waters est phénoménal ici et tricote toujours aussi dur) et pour la majorité mélodiques (ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé), et des rythmiques à couper le souffle ("Out With The Garbage") dans la plus pure tradition "ANNIHILATOR-ienne"...

Bref, Jeff Waters a délaissé les quelques innovations un tantinet aventureuses des albums précédents (sur "For The Demented" notamment) et a semble-t-il préféré revenir à l’essentiel avec des compositions plus directes, féroces ("Riot", "Out With The Garbage"), alliant de purs moments Thrash, virulents et "méchants" ("The Attitude", "I Am Warfare", "Dressed Up For Evil") et mélodies imparables ("Lip Service", "Dressed Up For Evil" titre un peu décontenançant avec ses parties aussi techniques que complexes mais sur lequel Jeff Waters arrive quand même à glisser des lignes mélodiques de belle tenue). On retrouve donc et avec un certain plaisir les gimmicks, immédiatement reconnaissables, auxquels ANNIHILATOR au meilleur de sa forme nous a tant habitués par le passé. Que ce soit donc sur "I Am Warfare" titre complètement déjanté et frénétique avec ses rythmiques complexes et saccadées (mode bourrinage enclenché) et qui nous laisse sur un champ de bataille (bruitages de tirs de mitrailleuse) par le biais d'un break des plus astucieux et dans la plus pure tradition ANNIHILATOR-ienne, la batterie très en vue de Fabio Alessandrini y étant particulièrement efficace, ou sur la salve qu’est "Armed To The Teeth" très convaincante pour une entrée en matière avec des riffs ultra précis qui se marient merveilleusement bien avec le côté un peu plus Heavy classique de la composition.

Dans le registre "avoinée" mémorable on mentionnera "Out With The Garbage" absolument imparable avec une rythmique ultra speed dont seul Jeff en a le secret et des riffs bien rugueux (pour ne pas dire crasseux), bien Thrash quoi ! Rarement ANNIHILATOR aura joué aussi vite (sur le titre "Ambush" peut-être ?). "The End Of The Lie" est également une composition menée tambour battant avec une rythmique speed dans la lignée d’un "King Of The Kill" et quelques passages qui là encore évoqueront "Never, Neverland" (morceau "The Fun Palace"). Là encore et pour clôturer la galette nous avons droit à du très grand ANNIHILATOR.

Dans les belles réussites de l’opus on retiendra aussi le monstrueux et écrasant "Riot" qui étonne par son introduction plutôt inhabituelle pour du ANNIHILATOR, nous plongeant dans une ambiance apocalyptico-industrielle, et nous délivrant quelques passages rappelant sans conteste des idées présentes sur "For The Demented" (2017). Un morceau très ANNIHILATOR-ien dans l’esprit avec notamment quelques passages rythmiques évoquant là aussi "King Of The Kill". "One Wrong Move" tire également son épingle du jeu et rappelle là aussi un ancien album avec des riffs typiques d’ANNIHILATOR qui évoqueront cette fois "Refresh The Demon". Une composition qui défouraille là aussi, ponctuée de quelques soli tout à fait appropriés et d'enchaînements particulièrement fluides et qui sait aussi surprendre avec un passage tout calme doté de quelques arpèges mélodiques. Le morceau prend alors un tournant mélodique avant de reprendre de plus belle.

"Ballistic, Sadistic" constitue donc la belle surprise Thrash Metal de ce début d’année avec un Jeff Waters plus en forme que jamais. Car non seulement, il a écrit un des meilleurs opus de sa carrière (bien évidemment les albums "Alice In Hell" et "Never, Neverland" sont d’un autre temps et resteront sans aucun doute inégalés), mais aussi parce qu’il est véritablement très en voix sur ce nouvel opus. Ses lignes vocales tantôt claires, rageuses voire même agressives, parfois même proches d'un Joe Comeau ("Armed To The Teeth", "Out With The Garbage"), s'adaptent parfaitement à la typologie des compositions. Servi par une production des plus soignées (production par Jeff Waters himself !), au son clair et mettant en valeur l’ensemble des instruments et notamment la basse qui est très en vue ici, ce "Ballistic, Sadistic" où les chansons les plus mélodieuses prédominent malgré tout, est mine de rien un sacré rouleau compresseur. Cet opus est franchement un vrai régal et ravira à n'en point douter les fans, même de la première heure.

Morceaux préférés : "Psycho Ward", "I Am Warfare", "Out With The Garbage", "Riot".

* De l'aveu même de Jeff Waters : "il va être difficile de continuer à écrire un autre disque après la sortie de "Ballistic, Sadistic", il se trouve que c'est le meilleur disque que j'ai fait depuis "Schizo Deluxe". Je pense même que beaucoup diront que ce nouveau disque est dans le Top 3".

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   FREDOUILLE

 
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   (2 chroniques)



- Jeff Waters (chant, basse)
- Fabio Alessandrini (batterie)


1. Armed To The Teeth
2. The Attitude
3. Psycho Ward
4. I Am Warfare
5. Out With The Garbage
6. Dressed Up For Evil
7. Riot
8. One Wrong Move
9. Lip Service
10. The End Of The Lie



             



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