Dernièrement, Scott Ian d’ANTHRAX a émis le souhait que le fameux Big 4 du Thrash soit étendu à 5, afin d’y inclure EXODUS. Pourquoi ? Parce que d’après le sympathique Scott, ce n’est ni METALLICA, ni MEGADETH, ni SLAYER, ni son propre groupe qui a sorti le premier meilleur album, mais bel et bien la bande à Gary Holt avec ce "Bonded By Blood". Et, en toute honnêteté, j’ai bien envie de lui donner raison, au bougre. Avec ce disque, EXODUS inflige une terrible leçon de violence à qui l’écoute.

Je vous vois venir avec vos gros sabots : « nous sommes en 2021, mec ! Si tu veux de la violence, y a plus costaud que ça ! ». Mais voilà, si ce disque est paru en 1985, il était déjà prêt en 1984, repoussé par des labels qui se montraient très frileux à l’endroit d’EXODUS ; et il avait encore de la gueule quand il a atterri dans les bacs. La pochette est hideuse, mais elle marque les esprits : on s’en souvient encore, un peu comme celle du "Born Again" de BLACK SABBATH. Et ensuite…

Ensuite, on s’en prend plein la gueule. Littéralement. EXODUS nous secoue sans s’arrêter, sans jamais faire semblant. Les guitares sont hargneuses, la rythmique tabasse sévèrement, il y a un esprit Punk dans ce défouloir, accentué par un chanteur… monstrueux. C’est clair que Baloff n’aurait jamais remplacé Rob Halford au sein de JUDAS PRIEST, ce n’est visiblement pas la même école. Il assène ses textes plus de la façon d’un Cronos (VENOM), sans vraiment chercher le concept de « mélodie vocale ». Il envoie la sauce. Il se veut à peine moins bestial que Tom Araya, moins nasillard que Dave Mustaine, moins castrat que Neil Turbin et bien plus rentre-dedans que James Hetfield.

Alors oui, je conçois que l’on n’apprécie pas son chant. Il n’est pas très beau, c’est un fait. Mais… il colle parfaitement avec la musique. La brutalité de l’un se marie avec la violence de l’autre et cela fonctionne tellement bien dans ce cas précis ! Sérieux, les quatre premiers titres sont juste des tueries absolues, avec en points d’orgues les terribles "And Then There Were None" et "A Lesson In Violence". Seule "No Love" vient légèrement calmer le jeu, mais sinon, ce n’est que de la déflagration brute, avec un léger clin d’œil au Heavy des familles le temps d’un "Metal Command" qui ne fait tout de même pas dans la dentelle.

Bref, "Bonded By Blood" est un album… tout en finesse (écoutez bien les soli). Il est un des archétypes du Thrash, une œuvre culte pour certaines personnes. Si le groupe n’avait pas raté le wagon de 1984, son destin aurait pu être fort différent, parce que cet album est tout simplement un chef d’œuvre du genre. Neuf titres, neuf classiques absolus. Pour ma pomme en tout cas. Et si vous n’êtes pas d’accord avec ça, eh ben… c’est la vie ! Mais jamais EXODUS ne fera mieux après ce coup d’éclat.