Ne vous attardez pas sur cette pochette aux couleurs saturées et d’un goût douteux. Cela ressemble plus à un accident de parcours qu’autre chose. Non, parce que derrière se cache un disque varié et intrigant à la fois, qui survient après deux ans de silence. Nous avions laissé LED ZEPPELIN en pleine gloire avec le "IV", "Zoso", dont "Stairway To Heaven" en était le fer de lance effilé. Et durant ces deux années, les musiciens ne sont pas restés insensibles aux nouvelles modes, sans forcément rester cantonnés à celles qui régissent le Rock.

"Houses Of The Holy" est l’album du Dirigeable le plus varié, sans l’ombre d’un doute. On y découvre une palette de nuances dans ses couleurs musicales qui peuvent s’avérer déstabilisantes durant les premières écoutes. LED ZEPPELIN va au-delà de ce qu’il avait fait sur son troisième opus, en proposant une approche très Folk, quitte à faire grincer les dents de la maison de disques et des fans qui s’attendaient – voulaient – quelque chose de plus rentre-dedans. Ici, le voyage est bien plus aventureux et souvent, subtil.

Bien sûr, on retrouve le côté Hard Rock du groupe à travers certains morceaux, qui font le travail sans chercher la surenchère ("The Song Remains The Same"), on s'accoquine avec quelques accents Folk ("Over The Hills And Far Away"), mais le ZEP’ ne s’arrête pas là dans sa recherche du son. C’est ainsi qu’on va se retrouver confronté à des compositions funky ("The Crunge"), voire même du Reggae avec "D’yer Mak’er". Chacun se fera son opinion sur ce titre, loin d’être ridicule, mais tout de même un brin incongru.

Mais "Houses Of The Holy", c’est également ce final d’exception, constitué de l’énorme "No Quarter", magnifique, où John Paul Jones s’illustre aux claviers, une chanson qui sera reprise par de nombreux artistes et bien peu parviendront à la sublimer, ainsi que "The Ocean", qui viennent apporter une espèce de quiétude à l’ensemble à faire frissonner de plaisir. Mais que ce disque est sauvage ! Pas dans le sens brut de décoffrage, mais il ne se laisse pas apprivoiser aisément et demandera beaucoup d’écoutes pour en percer tous les mystères.

À travers son large panel d’idées et d’influences, "Houses Of The Holy" ouvre la voie aux albums plus expérimentaux de LED ZEPPELIN, moins foncièrement Hard Rock et évoluant avec leur temps sans chercher à mordre à pleines dents dans tous les genres qui se présentent à lui, pour ne pas se dénaturer totalement. Le Dirigeable est toujours là, plombé comme il se doit, mais il prend des formes différentes pour affirmer son propos.