"Panzer Division Marduk" ! Tout un programme… Bon. C’est bien gentil de vouloir produire un disque aussi intense que "Reign In Blood", mais ça ne fonctionne pas tout à fait comme ça. Enfin, on n’y arrive pas en un claquement de doigts et cela demande un certain investissement pour ne pas simplement devenir inoffensif à force d’être usant. Ce qui ne fonctionne pas ici, c’est une linéarité du blast-beat qui finit par rendre l’ensemble atone. Pas de soubresaut, pas de variation rythmique, de plage plus calme qui aurait pu créer un tremplin pour une ultraviolence sauvage et paradoxalement, mieux maîtrisée.

Limite, cet album serait presque paresseux dans son cheminement vu que passé les trois premiers morceaux, c’est un peu le néant en termes de renouveau. Ça tabasse tellement, la voix de Legion attaque continuellement dans le même registre, au point où l’on a l’impression d’écouter qu’une unique titre d’une trentaine de minutes, monolithique et, quelque part, pathétique. MARDUK montre les muscles grossièrement et ne produit que du vide. Les adeptes du groupe, connu pour sa virulence, apprécieront peut-être ce déluge incessant qui s’oublie aussi vite une fois le disque terminé. Certains. Pas tous.

Ce qui manque à ce disque, c’est une atmosphère. Le Black Metal est une musique qui se nourrit d’ambiances pour créer des climats malsains où la haine prend bien des formes. Contrairement à "Nightwing" ou à "La Grande Danse Macabre", "Panzer Division Marduk" est assez vide à ce niveau-là. C’est rapide, brutal, rageur, mais niveau émotion, c’est zéro. C’est tellement surjoué que même la haine peine à trouver sa place. MARDUK conçoit sa musique à la « aye caramba » comme on dit en Suède, mais il ne dépeint rien, il ne dégage rien tellement il est dans l’excès.

Et forcément, ça devient long, mais long… Trente minutes qui semblent durer des plombes. Putain, tu fais écouter ça à des vieux qui ont connu le Blitz à Londres, appelles une ambulance en prévision. C’est la bande son d’un film de guerre sans histoire, où la violence répond à la violence. C’est usant un jour et selon l’humeur, cela devient un superbe défouloir. Et c’est bien là sa plus grande qualité, à ce disque : être capable de réunir et fédérer sous sa bannière les fans aux opinions divergentes à son sujet en fonction de l’humeur. Sinon, ça tape autant sur les nerfs qu’un album de Chantal Goya.

"Panzer Division Marduk" est un opus moyen car il est sans spontanéité, avec très peu de moments suffisamment fort pour en faire, à défaut d’un grand, un bon disque. Bref, cela ne vaut pas "Heaven Shall Burn", "Nightwing", ou "La Grande Danse Macabre". Ce n’est pas tout à fait honteux non plus, hein, mais ce n’est pas ce que MARDUK aura fait de plus inspiré.